Algérie

"Difficile de résister dans un pays sans marché de l'art"



Djamel Talbi est un jeune peintre et un passionné de photographie qui se consacre pleinement à ses deux arts. Diplômé de l'Ecole des beaux-arts de Mostaganem, en 2003, année depuis laquelle il ne cesse d'exposer en Algérie comme à l'étranger. Interrogé sur le lien entre ces deux activités, Djamel affirme d'emblée qu'en réalité tout est lié. "Car la photographie renforce ma peinture, elle permet de prendre ce qui m'intéresse dans la nature. En plus la photographie m'a appris beaucoup de valeurs : donner l'importance à chaque détail et à chaque instant." Dans ses peintures, Djamel Talbi évoque des toiles structurées tels que des récits à suivre ou à déconstruire."Mes peintures sont une manne picturale qui nourrit notre regard, l'affine et l'aiguise pour lui ouvrir des champs infinis à explorer", dit-il. "Je suis né à Béjaïa au milieu d'un trésor de couleurs et de formes. J'ai vu le jour dans une maison berbère plus que centenaire, au c?ur de la montagne, loin de tout confort matériel. Une fenêtre sur un monde ancien au temps suspendu. Ce cadre protecteur a gravé en moi les premières formes et gammes de mes peintures", raconte patiemment Djamel, qui vit actuellement à Tizi Ouzou.
Dans ces montagnes, les paysages changent de couleurs au gré des saisons : "À chaque saison sa perfection et son ivresse colorée. Nous avons le gris de l'hiver, avec son blanc royal qui couvre les montagnes, l'ocre aride de l'été, les vert et jaune presque transparents du printemps et le vert, qui se dégrade chaque jour, de l'automne", décrit Djamel pour qui "au moment de peindre, toute cette complexe matière s'emballe, se mélange et s'agite, entre en effervescence, en ébullition et trouve, par la peinture, son chemin pour sortir de moi comme s'il en allait de ma survie".
Quant au choix de la matière, il a précisé qu'il a choisi de peindre avec de l'acrylique car "elle sèche vite. Ainsi, je peux continuer à me projeter sur la toile jusqu'à obtenir satisfaction, jusqu'au terme du travail ou de l'enfantement". Concernant le format utilisé, Djamel Talbi a considéré que "le format n'a guère d'importance. Seules la matière, les formes et les teintes constituent une vérité pour moi et peuvent rendre justice à l'intention qui m'habite et qui m'anime". Questionné sur son style de peinture, Djamel a répliqué : "On dit que je suis un paysagiste abstrait.
Je ne discute pas cela. J'estime seulement que je lutte pour continuer à peindre dans une Algérie encore exsangue après une décennie de terrorisme aveugle et barbare, une Algérie aux habitants pressés par des préoccupations vivrières, écrasés par les aléas de la survie quotidienne ou par le confort matériel." "Je résiste dans une Algérie sans marchés pour l'art, ni galeries d'art et sans aide ni perspectives pour les artistes, mais je dois peindre coûte que coûte. Ne voyez là nulle prétention ou exagération, mais je peins comme je respire et comme je me nourris", a-t-il poursuivi.


K. Tighilt


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