Algérie

Didouche Mourad Alger se souvient.



Didouche Mourad Alger se souvient.
Publié le 20.01.2024 dans le Quotidien l’Expression

Didouche Mourad a joué un rôle actif dans la diffusion de la Déclaration du 1er Novembre 1954.
Les héros ne meurent jamais
Alger se souvient du valeureux chahid Didouche Mourad, dont une stèle sous forme de buste a été inaugurée, jeudi dernier, Avenue de Pékin. Un lieu hautement symbolique, car situé non loin de la villa de Lyès Derriche, à El Madania (ex- Clos-Salembier), et où, les 22 Historiques s'étaient réunis, un 26 juin 1954. L'installation de la stèle du glorieux martyr de la révolution quasiment en face du lycée Bouaâmama (ex- lycée Descartes) marque le 69e anniversaire de la mort de Didouche Mourad (1927-1955) tombé, les armes à la main à l'âge de 28 ans, au champ d'honneur après un âpre combat livré à l'ennemi, à Douar Souadek à quelques encablures de Constantine.
Immédiatement après l'inauguration de la stèle, une forte délégation, où l'on reconnaissait Anissa Boumediene, femme du défunt président de la République Houari Boumediene, s'était rendue au Musée El Moudjahid, à Riad El Feth, où, les interventions d'historiens et de frères d'armes ont rappelé l'épique parcours du chahid. Notons que les membres de la famille de ce dernier étaient présents à l'évènement, chargé d'émotion. L'on évoquera alors l'intense engagement de Didouche Mourad dans l'étape préliminaire devant conduire à la rédaction de l'appel du 1er Novembre 1954, émergèrent alors des noms comme Aïssa Kechida, couturier de son état et dont la modeste boutique devait accueillir, à la haute Casbah, l'équipe de rédaction de la fameuse Déclaration du FLN au peuple algérien, et où, l'on reconnaissait Boudiaf, Didouche Mourad et Mustapha Laïchaoui. D'aucuns affirment, en effet, que le texte fondateur, l'un des plus importants de la révolution algérienne, a été rédigé par le journaliste et chahid Mohamed Laïchaoui, sous la dictée de Didouche Mourad et Mohamed Boudiaf, un document qui aura été au centre de longues réunions du Comité des Six. Pour l'épisode «ronéo» devant servir à dupliquer ce texte fondateur en plusieurs milliers d'exemplaires, les historiens mentionnent le rôle actif joué par feu Didouche Mourad pour l'achat de la machine à écrire et de la ronéo. Didouche Mourad s'est vu alors remettre par son frère Abderrahmane l'argent nécessaire pour l'acquisition de ce matériel, argent provenant des caisses de la boulangerie et du restaurant de la famille Didouche. Aussi, le petit- fils de Didouche Mourad, Abdelhamid, reviendra sur cet aspect en soulignant que l'exemple de son oncle rend compte que la révolution algérienne a eu également pour acteurs des Algériens issues de familles aisées contrairement, à ce que prétendaient certaines voix coloniales... «Didouche Mourad est le cadet d'une fratrie composée d'Abderrahmane et de Hamid (torturé et disparu). Il n'avait pas beaucoup d'amis mais des amis intimes comme feu le moudjahid Zoubir Bouaâdjadj et Boukechoura, le compagnon des stratèges du Mouvement national, celui dont le domicile, à Raïs Hamidou (ex-Pointe Pescade) servait aussi bien de refuge que de lieu de réunions secrètes à l'état-major du Comité révolutionnaire pour l'unité et l'action (Crua)», et Abdelhamid de rappeler que son aïeul a été le fondateur du Groupe scout El Amel, ainsi que du club sportif amateur «Rama» (Riadh Amal el Mouradia Alger) en 1947. Il n'omettra pas d'énumérer ses nombreuses qualités humaines dont une faculté d'adaptation extraordinaire assortie d'une grande sociabilité. L'homme était surtout d'une grande discrétion, un trait qu'il partageait d'ailleurs avec de nombreux patriotes. Les nobles sacrifices du chahid Didouche Mourad, le jeune révolutionnaire, ont également été dénombrés par les représentants de la famille révolutionnaire qui ont appelé à faire perpétuer la mémoire des hommes qui ont libéré le pays. Désigné à la tête de la zone 2 (qui deviendra la Wilaya II après le congrès de la Soummam) à l'issue de la réunion des Six historiques, Didouche Mourad avait joué avec son adjoint Zighoud Youcef un rôle important dans les premières attaques de la nuit du 1er Novembre 1954 dans tout le Nord- Constantinois.
Rappelons qu'une stèle à l'effigie du chahid Mourad Didouche a été érigée au chef-lieu de la commune d'Aghribs dans la wilaya de Tizi Ouzou.

Salim BENALIA



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