Algérie - Nadir Maarouf

Didactique de l’enseignement des musiques traditionnelles



Didactique de l’enseignement des musiques traditionnelles : Vertus et limites de l’oralité.
Contribution à l’étude du système musical de la çan’a algérienne


Introduction
L'étude commence par une rétrospective rapide mais critique des principales questions posées jusque là sur le patrimoine musicale de la çan'a. Un classement entre idées anciennes, mais sans en atténuer le mérite et recherches récentes entamées depuis les dépendances du Maghreb, s'avère nécessaire. D'un côté, il permet de faire la part des différences de point de vue entre ce qui concerne l'approche des orientalistes et celles des « nationaux », d'un autre, il signale, en dépit des ruptures quant à l'objet d'étude, l'existence d'une certaine continuité qui tient à la primauté implicite ou explicite du regard diachronique.
Dans la deuxième partie de cette réflexion, on tentera de démêler les écheveaux de la désignation même de cette musique. Les enjeux de l'évidence et du truisme dévoilent à notre insu un ethnocentrisme qui reflète un manque d'autonomie critique de l'intellectuel maghrébin par rapport à l'ethos culturel de l'humanisme du 18e siècle19e siècle occidental. L'approche sémiologique peut paraître timide car ne prenant pas position dans le débat taxinomique dominant. Mais elle a le mérite de faire justice à l'unité du « dire » et du sens, c'est-à-dire à une koiné qui assigne une verbalisation singulière à un univers musical donné et qui, aux yeux du groupe d'appartenance (acteurs et public) ne donne lieu à aucune dérive polysémique.
Le troisième volet invite à réfléchir sur une démarche posée en termes de « formule paradoxale ».
Il s'agit d'une « itinérante » personnelle, non pas sur le mode du récit autobiographique, mais qui exorcise de façon diachronique des moments faits de certitudes et de doutes, la mise en évidence d'une gestation faite de croyances et de reniements qui reflètent la « data » de tout un chacun. Les mots peuvent ne rien dire mais ils peuvent aussi faire mal, induire en erreur, voire tuer. Sans en arriver jusque là, il m'a semblé qu'il était dé ontologiquement impératif que je ne me saisisse pas d'une formule érigée en paradigme, pour obéir à la mode des paradigmes et aux coquetteries d'école, mais que je me donne pour devoir d'en expliciter le fondement épistémologique. A cet effet, l'épreuve de vérifiabilité du paradigme de la norme et de la marge, en le transposant à d'autre corpus de connaissance, doit atteste sa valeur heuristique. Si la condition de vérifiabilité n'est pas satisfaisante, la formule proposée est alors sans objet.
Sur le quatrième volet, celui qui porte plus directement sur la çan'a, j'ai évité de rentrer dans le détail descriptif de ce système musical, pour des raisons déjà évoquées plus haut. Je pense que l'essentiel à retenir est le caractère dynamique d'un système ouvert, qui incorpore « l'innovation transgression » à condition qu'elle procède des logiques fondamentales de la morphologie du système. C'est au niveau de la syntaxe, en revanche, que le champ de la licence reste un champ ouvert. Pris sous cet aspect, le système de la çan'a prescrit au plan explicite des règles de fonctionnement qui se prêtent à un certain déterminisme, mais propose ou suggère, au plan implicite, les voies et moyens de la dérogation interstitielle.
Nous verrons alors à quel titre le système ouvert que constitue la çan'a nous livre le secret de son immortalité.


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