Algérie

Dictionnaires korandji cherchent un éditeur



Deux dictionnaires Korandji-arabe-anglais et korandji-arabe-français, élaborés par deux chercheurs algériens, Ismail Yahiaoui et Lamine Souag sont, actuellement, à la recherche d'un éditeur pour les mettre entre les mains des lecteurs ou autres chercheurs et universités, tant en Algérie qu'à l'étranger, a indiqué le sociologue Yahiaoui à Béchar. «Nous avons mis au point deux dictionnaires dans le but de promouvoir et faire connaître le parler korandji, un parler unique tant en Algérie que dans les pays du Grand Maghreb», a précisé Yahiaoui, enseignant de sociologie à l'université «Tahri Mohamed» à Béchar.«La mise au point de ces dictionnaires est venue après une étude réalisée sur tous les aspects de ce parler pratiqué actuellement par 3.800 à 4.000 locuteurs de la région de Tabelbella (350 km au sud de Béchar), et qui risque de disparaître si des mesures de sa promotion ne sont pas prises, car les parents ne parlent plus le korandji avec leurs enfants, l'abandonnant au profit de la langue arabe, langue nationale et officielle», a-t-il signalé. Malgré cette situation, le korandji est encore parlé par un pan de la population de Tabelbella, notamment dans les quartiers Chraïa et Zaouïa, avec ce constat lors de recherches sur le terrain pour l'élaboration de l'étude précitée que même les enfants l'apprennent souvent de leurs amis un peu plus âgés, selon le même universitaire.
L'ouverture d'un laboratoire de recherches dédié à ce parler à l'université «Tahri Mohamed» est un moyen de préservation de ce patrimoine culturel dont les origines historiques sont probablement le résultat de l'expansion du commerce entre Tombouctou et Sijilmessa au XIIIe siècle, qui aurait développé une agriculture dans les oasis situées sur cette route pour nourrir les voyageurs. C'est probablement de cette époque que datent les quelques emprunts que le korandji doit à un parler tamazight très proche au zénaga de Mauritanie, explique le même chercheur. Ce dernier voit en la décision du Haut Commissariat à l'amazighité de contacter la direction générale de la recherche scientifique et du développement technologique du ministère de l'Enseignement supérieure et de la Recherche scientifique pour inscrire le Korandji comme axe de recherche, au titre des plans nationaux de recherches (PNR) et ceux de l'Académie africaine des langues (Acalan), une «importante» décision pour la promotion de ce parler.
«Le vocabulaire Korandji, qui est un mélange de songhaï (langue nilo-saharienne parlée dans plusieurs pays d'Afrique de l'Ouest), d'arabe et de tamazight, doit être valorisé et préservé», comme l'avait déclaré
Si El Hachemi Assad, secrétaire général du HCA, lors de sa récente visite dans la wilaya de Béchar. Avec l'élaboration de ces deux dictionnaires, le public va certainement se familiariser avec le vocabulaire korandji, et renforcer ses connaissances concernant ce parler, a fait savoir Yahiaoui.
Tachelhit reste à ce jour la langue de communication des populations des ksour de la Saoura, notamment Béni-Ounif, Lahmar, Mougheul, Mazer, Igli, Boukais et surtout la localité agricole de Wakda (5 km au nord de Béchar). Tachelhit reste la plus importante langue usitée dans ces Ksour, compte un nombre très important de locuteurs et est transmise de génération en génération, constituant ainsi le socle des sociétés de ces localités, indiquent des chercheurs et universitaires locaux.
Dans ces ksour plus que millénaires, Tachelhit est la langue de communication de tous les jours, car les enfants font son apprentissage dès leur naissance, d'ou sa pérennisation et son ancrage dans ces sociétés, et ce malgré la prédominance de la langue arabe, ont-ils souligné.
Cependant, est constaté un manque criard de recherches et d'études liées à cette langue maternelle dans la région, d'où le besoin de création d'un laboratoire de recherches académiques au sein de la faculté des sciences sociales, consacrées au parler korandji et à tachelhit, comme a tenu à le faire savoir le chercheur Yahiaoui.


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