Algérie

Dichotomie entre les textes de loi et leur application sur le terrain



Al'occasion de la Journée internationale des droits de l'homme, célébrée le 9 décembre de chaque année, et coïncidant avec le 30e anniversaire de la création de la Ligue algérienne des droits de l'homme (LADH), le bureau de Biskra de cette organisation (ONG), a organisé, samedi dernier, à la salle de conférences de l'hôtel Ennakhil du complexe thermal Hammam Salihine de Biskra, une conférence au cours de laquelle Salaheddine Zidane, président dudit bureau est revenu sur les conditions difficiles et les embûches de toutes sortes ayant marqué la fondation de la LADH.Il a rappelé les parcours dramatiques de ses initiateurs, dont certains, à l'image de Youcef Fethallah, ont été assassinés dans de sombres circonstances, d'autres arrêtés et emprisonnés et d'autres encore astreints au silence et au reniement de leurs convictions, a-t-on appris.
Il évoquera les actions de Ali-Yahia Abdennour, de Miloud Brahimi et de Boudjemaâ Ghechir pour que cette ONG survive dans «le climat délétère et empreint de suspicion des années 1990» et saluera le travail de Mokhtar Bensaïd tenant actuellement les rênes de la LADH, et qui «?uvre pour renforcer les structures à travers tout le territoire national, la formation des cadres et des affidés et faire sortir la LADH des salons feutrés pour la mettre sur le terrain», dira-t-il.
Membre du bureau de la LADH de Biskra, Ibtissem Saouli, enseignante à l'université Mohamed Khider, n'a pas mâché ses mots durant son intervention pour dénoncer la flagrante dichotomie «facilement décelable par tout juriste» entre les textes et les articles de loi contenus dans la Constitution de 2016 relatifs à la protection des droits de l'homme et leur application effective dans le vécu des personnes. «La Constitution de 2016 évoque les notions de protection de la famille et des droits dont les membres jouissent, mais elle reste évasive et sujette à des interprétations multiples concernant notamment les droits des enfants abandonnés ou sans ascendance, les mères célibataires, la prise en charge des personnes âgées sans domicile, des mineurs délinquants et des handicapés.
On se targue de respecter les droits de l'homme, mais en réalité il n'y a pas de structures d'accueil des vieilles personnes sans ressources, ni d'hospices ou de maisons de retraite, les handicapés bénéficient de 3000 DA d'indemnités, une somme qui va être augmentée à 6000 DA, mais cette frange de la société souffre de l'absence d'intégration sociale par le travail. Même l'installation de l'APN est entachée d'irrégularités et d'aspects anticonstitutionnels concernant la représentation des femmes», a-t-elle tonné devant un auditoire constitué d'enseignants universitaires, d'avocats et de quelques personnes que le sujet ne laisse pas indifférentes.
Se voulant l'égale de Human Right Watch ou d'Amnesty International, la LADH, sans les moyens et l'audience dont jouissent ces grandes organisations, poursuit son élan vers des jours meilleurs. Ses membres souhaitent «la participation de tous les citoyens devant dénoncer toutes les atteintes dont ils sont victimes, du monde associatif et des services judiciaires pour que les notions de droits de l'homme ne soient pas que de vains mots en Algérie», a-t-on conclu.


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