Algérie

Diaspora



Depuis des années, l’Algérien migre, émigre, immigre, voyage sans retour. Un départ motivé davantage par des raisons économiques et par un autre choix de mode de vie que par le seul plaisir de s’arracher à sa patrie.On a 7 millions d’Algériens vivant à l’étranger. En un sens, l’Algérie a “exporté” en habitants l’équivalent de populations telles que celles du Danemark, de la Suisse, de l’Irlande, de la Jordanie ou des Émirats.
La migration algérienne a ainsi dépassé les prévisions les plus folles et l’Algérie constitue actuellement un des rares pays au monde qui dispose d’une aussi forte communauté résidant ailleurs que dans son pays d’origine. Une force ? Pas réellement, tant qu’elle demeure coupée économiquement et professionnellement de son pays, sans attaches concrètes si ce n’est la nostalgie ou les références culturelles et religieuses qui sont propres également aux diasporas arabes.
Depuis des années, l’Algérien migre, émigre, immigre, voyage sans retour. Un départ motivé davantage par des raisons économiques et par un autre choix de mode de vie que par le seul plaisir de s’arracher à sa patrie. Ce chiffre de 7 millions n’est pas inquiétant. Il est catastrophique. Si l’on veut y voir le verre à moitié vide, on dira qu’il ne prend même pas en compte les milliers de demandeurs de visas, les naturalisés potentiels et les centaines de jeunes qui sont prêts à couler en Méditerranée dans des embarcations de fortune.
Pour ceux qui y verraient un verre à moitié plein, on constatera que notre diaspora est une des moins puissantes économiquement puisqu’elle ne renvoie que 3 milliards de dollars contre 2,5 milliards de dollars pour les Marocains, nettement moins nombreux que les Algériens à l’étranger, selon la Banque européenne d’investissement. Plus troublant, selon la Banque mondiale, les dépôts des Algériens à l’étranger équivalent à plus de 100 milliards de dollars. Et le transfert d’argent vers le pays d’origine se fait en majorité dans les circuits informels, ce qui est une perte sèche pour la Banque centrale.
Les Algériens à l’étranger diront toujours, légitimement, qu’ils n’ont pas à aider économiquement leur pays car celui-ci n’a pas fait grand-chose pour les inciter à le faire ou à les retenir. L’argument tient la route sauf que ce sont les mêmes qui ne conçoivent le retour au bercail que sous l’angle de l’opportunisme financier quand le baril de pétrole dépassait les 120 dollars.
Le constat est amer, mais notre diaspora n’existe que par le nombre et peu par les réseaux d’entraide et de développement. Et ce n’est pas en donnant la prime à l’exil qu’on encouragera le retour de ressources humaines et qu’on évitera les compétences demeurées en Algérie.


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