Algérie

Dialogue national : Le défi de sortie de crise est grand



Par Ammar Zitouni
Il impose des actes politiques dans le court terme, et articulés à une vision stratégique pour arriver à l'organisation d'une élection présidentielle saine. De tels supports politiques ne pourront être engagés et menés à bien que dans le cadre d'un dialogue serein et partagé.

Des préalables politiques acceptables
Au regard de cette orientation d'urgence et à la recherche de ce qui peut être " adéquat ", le coordinateur de l'Instance de médiation et de dialogue, M. Karim Younes a souligné samedi que l'élection présidentielle constitue le moyen le " plus sûr " pour éviter à l'Algérie un blocage institutionnel aux " conséquences désastreuses ". Faisant le bilan de ce qui a été réalisé par son groupe, il a affirmé : " les nombreux échanges que nous avons eus à travers l'ensemble du territoire national nous ont permis de dégager plusieurs propositions permettant d'organiser dans les plus brefs délais, une élection présidentielle avec le maximum de garantie. Parmi ces propositions, M. Karim Younes énumère le maintien du chef de l'Etat conformément aux dispositions du Conseil constitutionnel, le départ du gouvernement Bedoui, l'adaptation de mesures d'apaisement politiques et sociales, l'amendement de la loi organique relative au Code électoral, et la création de la commission indépendante de surveillance et d'organisation des élections. Ces propositions sont le résultat des nombreuses consultations et concertations qui ont eu lieu durant un mois, avec de nombreux partis politiques, les représentants de la société civile, ainsi que les personnalités nationales. (300 organisations associatives et plus de 3.000 participants des différentes régions du pays) qui ont proposé presque les mêmes solutions à la sortie de crise et des préalables à l'organisation de l'élection présidentielle.
Une feuille de route, un ensemble de propositions à mettre en place, qui fournirait sans nul doute le cadre consensuel à la sortie de l'impasse politique actuelle, les règles portant sur le contenu des besoins politiques, le modèle et les mécanismes de suivi des approches intégrées, communes dans un climat d'apaisement maximum socio-politique. Le coordinateur de l'Instance de médiation et de dialogue a également rappelé que lors de ses placements à travers les différentes régions du pays, l'Instance a "écouté toutes les franges de la société sans exclusive ni marginalisation aucune en vue de dégager une vision claire sur l'ensemble des préoccupations et des défis qui se posent à l'Algérie ".

Responsabilisation de l'acte politique
Le débat politique en cours et qui prend de l'ampleur témoigne de l'importance de la crise, ses conséquences, s'inscrit dans l'urgence des choses à réaliser, à chercher et à apporter une première réponse à la synthèse de la médiation et de la concertation, soit une interpellation à la responsabilisation de l'acte politique pour l'instauration d'une plateforme consensuelle de sortie de crise.
Les propositions faites jusqu'ici par les interlocuteurs de l'Instance sont prioritaires, suffisantes et sont susceptibles de s'engager sur la voie du changement exigé par le peuple et le désir ardent de la classe politique sur la voie de la démocratie participative, une sorte de sortie de crise " rafraîchie " er dans un contexte de répartition de l'effort, des tâches entre le panel chargé de conduire le dialogue et les acteurs politiques et sociaux dans le but de susciter l'intérêt de tous pour les enjeux de la démocratie et en même temps ceux de la sortie de crise. A l'heure actuelle il est question d'identifier les mesures sur lesquelles la classe politique, les représentants de la société civile et les personnalités nationales disposent d'une volonté susceptible d'être utilement " convoquée ", tant à des fins de compréhension de la gravité de la situation actuelle, de sa mise en contexte ou de la recherche de solutions ; croiser les convergences existantes et identifier les " zones " d'inconfort politique, qui nécessiterait une attention de la part de tous les acteurs. C'est et encore d'identifier d'éventuels éléments de convergence et de divergence, grâce à l'éclairage d'un compromis dans l'intérêt de la patrie.

Un laboratoire de propositions innovantes
L'Instance de médiation et de dialogue qui s'est donnée de partager sa mission avec un Conseil consultatif constitue de fait un " laboratoire " au sein duquel s'élabore désormais des propositions innovantes pour la sortie de la situation actuelle, aboutir à un réseau populaire, au sein duquel des liens politiques pourront s'établir pour l'acception du consensus national escompté, tout en y ajoutant des considérations transversales et prospectives.
Cette démarche est à même de constituer le reflet même du dialogue en question et d'un travail exploratoire né du souci majeur de discuter ensemble et de mieux comprendre les particularités de cette crise et de ses solutions idoines. A l'heure de la phase de préparation de l'élection présidentielle, cela peu paraître comme une invitation adressée à tout le monde à affiner les contacts, les approches au sein de l'Instance de médiation et de dialogue pour la concrétisation commune des solutions mais aussi sur la série de questions destinées à faciliter la préparation proprement dite de l'élection présidentielle dans les plus brefs délais, ceci afin de pouvoir rentrer le plus rapidement possible dans le vif du sujet dans le rapport final de synthèse du dialogue qui sera présenté par l'Instance au chef de l'état. Malheureusement, comme affirmé par le chef de l'état, le vice ministre de la Défense nationale, ainsi que des membres de l'Instance de médiation et de dialogue et des membres du Conseil consultatif que des forces, des parties " veulent empêcher " la tenue de l'élection présidentielle dans le but de placer l'Algérie dans une récession sur tous les fronts et dans une situation fatalement désastreuse.

Dans des délais rapprochés
Le défi majeur qu'est l'urgence de sortie de crise et l'organisation de l'élection présidentielle semble ne pas encore fondamentalement compris par certains. Le défi sur lequel la communauté nationale vient de s'accorder, est la nécessité d'arriver à l'aboutissement le plus rapide à cette fin de crise et de se lancer dans le vrai changement et la mise en ?uvre des revendications populaires.
Ces engagements doivent être non seulement respectés, mais aussi largement dépassés, dans des délais rapprochés.
Dans ces conditions il est impossible de transiger avec ces engagements de sortie de crise, le rôle des politiques est de rendre possible ce qui est urgent et nécessaire dans cette direction, de manière intégrée, consensuelle, en tenant compte de la stabilité institutionnelle du pays et des revendications du mouvement citoyen.
Une mobilisation générale de la société algérienne est indispensable pour supporter, consolider, et faire perdurer les solutions dégagées pour la sortie de crise jusqu'à l'élection du futur Président de la République. Aussi faudra-t-il un engagement nationaliste car comme l'a souligné M. Karim Younes " L'intérêt suprême du pays doit primer sur toutes les considérations ".
Pour que cette mobilisation porte ses effets sur la solution de sortie de ce tunnel sombre, la société civile ainsi que des représentants mandatés par le Hirak doivent à leur tout disposer de leviers d'actions leur permettant d'être au diapason du consensus national recherché et de peser sur les voies de sortie de crise. Or, ce chaînon est encore partiellement manquant.


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