Dialogue des religions: Oran, un forum de réflexion ?

C'est en récitant le verset 48 de la sourate El maîda que le professeur Lamine Benallou a voulu faire son introduction sur un thème d'actualité, celui de la problématique liée à l'altérité et au dialogue des religions. « … Si Allah avait voulu, certes, il aurait fait de vous tous une seule communauté», cite le verset 48 que le conférencier a pris comme référence pour parler de son projet, encore en phase embryonnaire, celui de faire d'Oran un forum de réflexion autour de cette problématique. C'est en présence de l'ancien archevêque d'Alger, Henri Tessier, et le curé de la Cathédrale d'Oran, Thierry Becker, des chercheurs et théologiens algériens que le débat a été animé à l'institut Cervantès, sur comment faire de la ville d'Oran et de la Méditerranée un forum et espace de dialogue. «L'idée a commencé à germer, il y a quelques années, lors de mon voyage au Canada», explique le professeur Lamine Benallou, l'initiateur du projet. «Le dialogue, la connaissance de l'autre, la tolérance sont la clef de voute de l'équilibre et de la coexistence entre les peuples, les races et les religions. Dans toute conviction religieuse ou appartenance culturelle, on ne détient jamais la vérité», dira le conférencier. Pour ce professeur, enseignant de la langue espagnole, «il faut dépasser la peur de l'autre et l'antagonisme et s'ouvrir au dialogue et à la réciprocité et la connaissance de l'autre avec ses différences». L'objectif de ce projet est de se mobiliser autour de cette idée et faire d'Oran un foyer de réflexion et une action durable par le biais d'une manifestation annuelle de référence au Maghreb. «Je sais que le projet paraît ambitieux et certains diront même qu'il est utopique», souligne M. Benallou qui estime que l'utopie mérite parfois d'être tentée. Le curé Thierry Becker enchaînera dans le même sens en déclarant qu'«au lieu de parler de choc des civilisations, je dirai qu'il y a le choc des ignorances. C'est ce qu'on remarque maintenant et on se bat contre». Donnant son point de vue sur ce projet, le curé de la Cathédrale d'Oran considère que «le dialogue et l'altérité sont importants. Des initiatives ont été entreprises, il y a une dizaine d'années, dans ce domaine pour lutter contre les violences dans les religions et notamment après le discours du pape Benoit XVI considérant l'islam comme une religion de violence». Pour répondre à ces attaques, une initiative musulmane a vu le jour, la lettre des 138, écrite par des personnalités religieuses et signée par plus de 200 personnes dont le ministre des Affaires religieuses, Abdellah Gholamallah, et Mustapha Chérif. Cette lettre, qui représente un texte qui cite les évangélistes tels qu'ils sont, a été envoyée ensuite, dira le curé Tierry Becker, aux différentes églises catholiques. D'autres initiatives ont été citées par le curé dont la 2ème rencontre à Aman sur «la raison, la voie et personnes humaines» où 18 pays ont été représentés et une autre tenue à Lyon, le mois dernier, sur l'immigration et les mariages mixtes. L'année prochaine se tiendra le 2ème forum sur «le dialogue est une nécessité dans la communauté française». Quant à l'ancien archevêque d'Alger, Henri Tessier, il évoquera deux exemples sur le dialogue culturel dans la région, à savoir, le livre écrit par le ministre des Affaires étrangères espagnol et celui écrit par l'écrivain algérien, Ouassini Laâredj, qui ont utilisé, explique M. Henri Tessier, le personnage de Cervantès pour illustrer le dialogue culturel. Il parlera aussi de la manifestation religieuse organisée, il y a 15 jours au Canada, par une famille spirituelle d'origine mostaganémoise. Il insistera au cours des débats sur l'appellation de «kouffar» qui désigne les gens qui ne croient pas en Dieu. «Les gens non musulmans sont cités dans le Coran comme les gens du livre et non pas kouffar», dira l'ancien archevêque d'Alger.