Algérie

"Devraient retourner à l'école": Les services secrets US qualifiés de "naïfs"



Donald Trump a qualifié les renseignements américains de "naïfs" dans leur appréciation des menaces globales pour les États-Unis.Selon le dirigeant américain, les services secrets "n'ont pas terminé l'école et devraient y retourner", écrit le quotidien Kommersant. Plusieurs congressistes américains éminents des deux partis, ainsi que l'ex-directeur de la CIA, ont rétorqué que le Président avait la "dangereuse habitude de discréditer les renseignements au nom de sa réalité alternative".

Un nouveau conflit a éclaté entre le locataire de la Maison-Blanche et les services secrets après la parution mardi du rapport annuel sur les menaces globales pour les USA, rédigé par le bureau du Directeur du renseignement national (DNI) et la communauté du renseignement des USA. Il s'est avéré que les conclusions principales de ce rapport étaient en contradiction totale avec presque toutes les déclarations du Président sur la politique étrangère et bien d'autres problèmes.
D'après ce rapport sur les menaces globales, l'organisation terroriste Daech* posséderait encore des milliers de combattants sur le territoire syrien et irakien, alors que mi-décembre Donald Trump avait déclaré que Daech* était vaincu et les USA pouvaient donc entamer leur retrait de Syrie.
Le rapport affirme ensuite que la Corée du Nord "ne renoncera certainement pas à ses réserves, vecteurs et potentiel industriel (nucléaires)". Or Donald Trump, après son entretien de juin 2018 avec Kim Jong-un, avait déclaré qu'ils s'étaient entendus sur la dénucléarisation de la Corée du Nord et avaient scellé l'entente par une poignée de main.
Quant à l'Iran, les auteurs du rapport précisent qu'"actuellement il ne mène pas de travaux susceptibles de mener à la production de l'arme nucléaire", et puisque Téhéran a respecté les conditions de l'accord nucléaire avec les USA, conclu à l'époque de Barack Obama, "le délai nécessaire à l'Iran pour fabriquer une quantité suffisante de combustible nucléaire pour une arme nucléaire a augmenté d'environ un an". Pourtant, en mai 2018, Donald Trump avait fait sortir les USA de l'accord nucléaire avec Téhéran et avait décrété de nouvelles sanctions contre ce dernier sous prétexte qu'il enrichirait de l'uranium et développerait l'arme nucléaire.
Le rapport du DNI pointe également une menace potentielle émanant de la Russie pour la présidentielle américaine de 2020, qui pourrait s'ingérer dans le processus électoral par le biais des réseaux sociaux en utilisant les "problèmes sociaux et raciaux, en sapant la confiance envers les autorités et en critiquant les politiciens qui ont une position antirusse". Pour sa part, Trump n'a jamais soutenu les accusations d'ingérence dans la présidentielle de 2016 avancées par les renseignements américains contre la Russie.
Le chef de l'État et les renseignements américains ne sont pas non plus d'accord sur une autre question, éloignée de la politique étrangère. Les auteurs du rapport affirment que "la détérioration de l'écologie et les changements climatiques" sont un grave problème pour la sécurité américaine, car ils pourraient susciter des "litiges pour les ressources naturelles, des difficultés économiques et une colère sociale en 2019 et plus tard". On sait que Donald Trump a régulièrement qualifié le problème du réchauffement climatique de "mystification". Il a annoncé le retrait des USA de l'accord de Paris sur le climat et supprimé plusieurs initiatives environnementales de son prédécesseur.
L'avis des meilleurs experts de la communauté du renseignement des USA exprimé dans ce rapport n'a pas convaincu le Président.
Après avoir pris connaissance des conclusions du rapport, Donald Trump les a commentées ainsi: "Les relations entre les USA et la Corée du Nord sont meilleures que jamais aujourd'hui. Il n'y a pas d'essais, nous recevons les corps (de deux militaires américains qui ont participé à la guerre de Corée), des otages reviennent. Il existe une forte probabilité de dénucléarisation. Le temps dira ce qu'il en sera avec la Corée du Nord, mais à la fin du mandat de l'ancienne administration les relations étaient horribles entre nos deux pays et de sérieux désagréments étaient sur le point de se produire. Mais aujourd'hui la situation est complètement différente", a écrit le Président américain.
Les conclusions du rapport sur l'Iran ont indigné le dirigeant à tel point qu'il n'a pas pesé ses mots: "Les services secrets sont extrêmement passifs et naïfs dans l'appréciation des menaces émanant d'Iran. Ils se trompent!", a-t-il déclaré. Et d'ajouter que l'unique chose qui retenait l'Iran aujourd'hui était l'effondrement économique. "Les services secrets devraient peut-être revenir à l'école pour terminer leurs classes", a-t-il indiqué.
De nombreux congressistes, aussi bien Démocrates que Républicains, se sont rangés du côté des renseignements.
Le sénateur Mark Warner, démocrate de l'État de Virginie, a écrit sur Twitter: "Le Président a la dangereuse habitude de discréditer les services secrets au profit de sa réalité alternative. Les gens risquent leur vie pour obtenir ces renseignements, mais lui les balaie d'un revers de main sur sa page Twitter."
Steny Hoyer, leader de la majorité démocrate à la chambre des représentants, a souligné dans une interview à Hill TV que le Président "niait l'évidence sur pratiquement toutes les questions cruciales relatives à la sécurité nationale". "C'est regrettable. C'est mauvais pour le pays et pour nos alliés, parce qu'ils pensent qu'ils ne peuvent pas compter sur nous. C'est dangereux aussi bien pour eux que pour nous", a-t-il déclaré.
Adam Schiff, chef de la commission renseignement à la Chambre des représentants, a soutenu les services secrets qui "continuent d'apporter une analyse impartiale et véridique des menaces auxquelles nous faisons face". "Le réel danger réside dans le fait que la Maison-Blanche ne l'écoute pas", a-t-il ajouté.
Le sénateur républicain John Thune a déclaré sur CNN que le Président devrait moins s'exprimer sur Twitter, notamment sur "les questions importantes de sécurité nationale".
L'ex-directeur de la CIA John Brennan, nommé à ce poste par Barack Obama, a déclaré que le refus du Président d'accepter les conclusions de la communauté du renseignement montrait "l'ampleur de sa faillite intellectuelle", et que lui-même "constituait une menace pour la sécurité nationale".


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