« Je m'adresse à vous pour pousser un cri du c'ur que je retiens depuis plus de deux années et demie par DEVOIR DE RESERVE. »
Cette phrase est extraite de la lettre ouverte adressée à M. A. BOUTEFLIKA par M. Antar : Général à la retraite, professeur en médecine et publiée par El Watan du 22.03.2012.
A coté de l'injustice dont le Général-Professeur Antar dit être victime, qui n'en est pas moins révoltante, l'on décèle, dans ce texte, et dans les scrupules qu'il y exprime, une grave problématique. Quand on assume de hautes fonctions au sein de l'Etat, doit-on pour autant se taire devant les crimes et multiples agressions commises à l'encontre de la Nation au nom du sacro-saint « DEVOIR DE RESERVE »' Et qu'est-ce que le devoir de réserve '
Que de forfaitures et dépassements ont été commis puis tus au nom de cette obligation, devenue une sorte d'éteignoir dela conscience professionnelle, et de la conscience tout court ' Surtout si ces crimes menacent de « remettre en question les fondements mêmes de l'Etat », comme le souligne si justement notre Professeur.
Il me semble que la lettre du General est en quelque sorte un aveu, par sa bouche, d'un bon nombre de hauts fonctionnaires, qui font face à ce terrible dilemme : Doit-on se taire, « devoir de réserve » oblige, ou dénoncer l'abus et le forfait, d'où qu'ils viennent, quitte à s'attirer les foudres de guerres de ces prédateurs, qui, il faut l'avouer, possèdent une grande capacité de nuisance'
Ceci est d'autant plus vrai dans un environnement où l'on n'a pas hésité à interner des milliers d'hommes dans des camps du sud en raison de leur opinion politique, ou à abattre de sang froid un président de la république, figure de notre guerre de libération, de surcroit. Assassinat perpétré en public, devant les cameras de télévision du monde entier.
Devant une si triste réalité, il est évident que notre élite a opté massivement, voire systématiquement, pour le premier choix. Car, il est difficile d'imaginer qu'au sein de chaque institution de l'Etat, et qui est touchée par cette gangrène, pour paraphraser M. Antar, il n'existe pas au moins un seul haut fonctionnaire qui n'ait pas eu à vivre ou à être témoin d'une situation similaire à la sienne. Ce qui nous fait une centaine de hauts cadres au minimum. Un nombre appréciable, et suffisant, pour peser sur la nécessité d'une morale publique, s'ils décidaient tous de se débarrasser de ce fallacieux carcan qu'ils invoquent. Peut-être même que la nature du régime en aurait été changée. S'il est permis de rêver.
Ces Hauts fonctionnaires, si tant est qu'ils chercheraient des ressources morales pour de telles postures, qui les honoreraient, pourraient méditer sur certains canons de notre religion, qui nous font obligation, au delà de toute autre considération, de recommander le bien et de combattre le mal.
Confucius ne dit-il pas, par ailleurs, « qu'au lieu de maudire les ténèbres, il vaut mieux allumer une chandelle aussi petite soit elle »'
Quelle lumière éclatante ferait une centaine de telles chandelles réunies!
Ce « devoir » est-il plutôt une échappatoire afin de préserver certains acquis et avantages liés au poste qu'ils occupent' Si c'est le cas, je dis : « Messieurs ! Ces avantages vous les avez au nom du peuple, par le peuple et, semblerait-il, pour le peuple. Il serait donc tellement plus moral que vous essayiez de mériter sa confiance en vous débarrassant d'un bien commode « devoir de réserve » plutôt qu'en vous taisant.
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Posté Le : 23/03/2012
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Lamine Khaled Boufedji
Source : www.lequotidienalgerie.org