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Devises : L'euro a 20 ans, les grandes dates de la monnaie européenne


Voici les grandes dates de l'euro, lancé il y a 20 ans, d'abord sous forme scripturale, en attendant les pièces et les billets en 2002. Le 31 décembre 1998, à la veille du lancement de l'euro, prévu par le traité de Maastricht, les taux de conversion définitifs sont dévoilés en grande pompe à Bruxelles: il faudra 1,95583 deutschemarks allemand, 6,55957 francs français ou encore 1.936,27 lires italiennes pour un euro.`Des dizaines de milliers de personnes se mobilisent dans les banques et les Bourses européennes pour que tout soit opérationnel à la réouverture des marchés le 4 janvier, comme dans les magasins pour un double affichage des prix.

Monnaie officielle
Le 1er janvier 1999 l'euro devient la monnaie officielle dans onze des quinze pays de l'Union: Finlande, Allemagne, France, Italie, Espagne, Pays-Bas, Belgique, Luxembourg, Autriche, Portugal et Irlande (291 millions d'habitants). Il peut être utilisé pour des opérations bancaires dématérialisées, ainsi que pour des paiements par chèque, chèque de voyage ou carte bancaire. L'euro, qui a débuté avec un cours de 1,1789 dollar, fait son baptême sur les principales places financières le 4 janvier. Mais le 27 janvier, il tombe sous un dollar et fin octobre il atteint son plus bas historique à 0,8230 dollar. Le 1er janvier 2001, la Grèce intègre la zone euro.

Pièces et billets
Le 1er janvier 2002, l'euro devient "un petit bout d'Europe entre nos mains", selon la formule du président de la Commission européenne Romano Prodi. Près de 15 milliards de billets et plus de 50 milliards de pièces sont introduits, chamboulant la vie quotidienne de 304 millions d'Européens. Le temps de s'y habituer, beaucoup vérifieront calculette en main des conversions plus ou moins aisées.

Le kit "Starter" à 15,24 euros
Les billets, affichant ponts et fenêtres, ne comportent aucun symbole national, contrairement aux pièces qui arborent par exemple la semeuse pour la France ou Mozart pour l'Autriche. S'ouvre une période de double circulation, avec un retrait progressif des devises nationales jusqu'au 1er mars 2002. Le 15 juillet, l'euro retrouve la parité avec le dollar.

Nouveaux pays
En 2003, la Suède décide de ne pas rejoindre l'euro, comme avant elle le Danemark et la Grande-Bretagne. De nouveaux membres de l'UE rejoignent au contraire l'euro: Slovénie en 2007, Chypre et Malte en 2008, Slovaquie en 2009, Estonie en 2011, Lettonie en 2014, Lituanie en 2015.

Crise de la dette
Le 15 juillet 2008, l'euro grimpe à 1,6038 dollar, son plus haut historique, face à un dollar plombé par la crise des "subprime". La zone euro entre en novembre dans une récession qui dure un an. En 2010 l'UE est confrontée à la crise de la dette: en mai, la zone euro et le FMI volent au secours de la Grèce avec 110 milliards d'euros d'aide, moyennant un sévère plan d'austérité. En juin, l'euro chute sous 1,20 dollar. En novembre, l'Irlande, dont les banques sont criblées de dettes, obtient un plan de sauvetage de 85 milliards d'euros.
En 2011, le Portugal obtient une aide de 78 milliards d'euros.

Draghi sauve l'euro
Le 25 juillet 2012, le taux à long terme espagnol flambe au-dessus de 7,6%, laissant craindre un éclatement de la zone euro. Le 26, le président de la Banque centrale européenne (BCE), Mario Draghi, déclare que l'institution est "prête à faire tout ce qui sera nécessaire pour préserver l'euro", rassurant les marchés. En août, la BCE rachète pour 22 milliards d'euros d'obligations européennes en une semaine pour soutenir l'Italie et l'Espagne. En octobre, l'Eurogroupe accepte d'effacer d'une partie de la dette grecque, combiné à de nouveaux prêts.

Volatilité, "Grexit" évité
En mai 2014, la monnaie unique frôle 1,40 dollar, un "euro fort" qui pénalise les exportations. Dix mois plus tard, il s'approche de 1,05 dollar, une dégringolade notamment liée à des achats d'actifs par la BCE pour soutenir l'économie. En juillet 2015, un troisième plan d'aide à la Grèce est conclu, pour éviter in extrémis un "Grexit" ou sortie du pays de l'union monétaire.

La nouvelle série "EUROPE"...
En 2013, la BCE avait commencé à émettre de nouvelles coupures pour remplacer celles de 2002. Cette modification vise à compliquer la tâche des contrefacteurs. La banque centrale a lancé une nouvelle série "plus sûre" de billets de 5 euros dès janvier 2013. Les nouveaux billets en euros font partie d'une série qui a été baptisée "Europe", car ils comportent un portrait de la princesse Europe, personnage de la mythologie grecque, qui apporte une touche humaine et a donné son nom à notre continent.
L'ensemble des billets seront changés en mai 2019 avec les billets de 100 et 200 euros.

... et la fin des billets "Ben Laden" de 500 euros
En 2016, la BCE décide d'arrêter fin 2018 la production de billets de 500 euros, surnommés "Ben Laden", car accusés de faire le jeu des trafiquants : un million d'euros en coupures de 500 euros ne pèse que 2,2 kg.

Un colosse handicapé par ses fragilités originelles
A 20 ans le 1er janvier, l'euro s'est imposé sur les marchés, dans les portefeuilles et a survécu à sa grande crise. Mais il est voué à rester un colosse fragile sans solidarité européenne accrue. D'abord un instrument virtuel utilisé par les financiers et comptables, l'euro s'est matérialisé le 1er janvier 2002, si bien que 340 millions de citoyens de 19 pays partagent aujourd'hui une même monnaie.
La Banque centrale européenne (BCE), qui a pris les rênes de la politique monétaire dès 1999, se targue elle d'avoir empêché une escalade des prix, même si l'image d'un euro inflationniste lui colle encore à la peau. De fait, la popularité de la monnaie unique est au plus haut. En moyenne 74% des citoyens en zone euro estiment que la monnaie unique a été bénéfique à l'UE, et 64% à leur propre pays, selon le baromètre publié en novembre par la BCE. Et cela malgré l'essor de mouvements populistes anti-UE. "L'euro est ancré dans la population, même les partis anti-système ont dû en convenir", pointe Nicolas Véron, économiste aux instituts Bruegel à Bruxelles et Peterson aux États-Unis. L'euro a également dopé le commerce intra-communautaire et est la deuxième monnaie la plus utilisée, même s'il reste loin derrière le dollar américain.

Handicaps et divisions
Mais au milieu de l'été 2012, après la crise financière, la monnaie unique a failli être emportée par la crise de la dette souveraine qui menaçait le système bancaire de dislocation. Ces événements braquent les projecteurs sur des handicaps originels: absence de solidarité budgétaire européenne par la mutualisation de la dette, des investissements et donc des risques, disparités profondes entre les économies, défaut d'un prêteur de dernier recours pour les Etats en difficultés etc..
Sur fond de crise grecque en particulier, "l'euro a attisé les reproches réciproques, les pays latins du sud attaquant ceux du nord sur leur ordolibéralisme, ceux du nord les latins sur leur laxisme", relève Eric Dor, directeur des études économiques à l'IESEG. Mario Draghi, président de la BCE, va éteindre l'incendie l'été 2012 en assurant que son institution fera "tout pour sauver l'euro". Celle-ci se dote d'un programme pour racheter, sous conditions, une quantité illimitée de dette d'un pays attaqué sur les marchés. Une arme jamais utilisée mais qui a suffi à ramener le calme. Puis, pour juguler le spectre de la déflation, elle a amené ses taux au plus bas et racheté des dettes à fin décembre pour un total de 2.600 milliards d'euros. Sur le plan politique en revanche, peu a été fait pour corriger les défauts innés de l'euro. Les 19 pays n'ont toujours pas d'outils pour une convergence des économies ou investir pour répondre aux défis économiques.

De l'argile aux briques
Dans les années 1990, "le plus important en Europe était, au plan économique, de doter le marché unique d'une monnaie unique pour en finir avec d'importantes variations de change entre pays membres, et au plan politique, d'arrimer l'Allemagne réunifiée à l'Europe de l'ouest", explique Gilles Moec, économiste de Bank of America Merrill Lynch et ancien de la Banque de France. Selon la réforme a minima de la zone euro annoncée en décembre 2018, les 19 pays ne se sont accordés que sur un instrument budgétaire très limité, loin des idées plus audacieuses portées par le président français Emmanuel Macron, l'Allemagne, chantre de l'équilibre, rejetant toute forme de mutualisation des dettes. Rien ne pouvant se faire sans ou contre Berlin, "l'hubris allemande est devenue le problème de la zone euro", juge Jean Quatremer,correspondant à Bruxelles du quotidien Libération, dans son dernier ouvrage "Il faut achever l'euro".
"Toutes les solutions imaginées par la Commission, le Parlement, la France et la plupart des économistes pour stabiliser la zone euro et pour la démocratiser se heurtent à un puissant +nein+", ajoute-t-il. De son côté, "la BCE se retrouve un peu à bout" après avoir stabilisé monnaie et système bancaire, prévient Gilles Moec. L'économiste Nicolas Véron se veut un peu plus optimiste. Selon lui, avec l'assainissement bancaire, des dettes publiques et l'action de la BCE, l'euro est désormais "colosse aux pieds de briques plutôt que d'argile".
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