Devinettes latino-algériennes
Dany Glover, ça ne vous dit rien ? Le second de Mel Gibson dans Arme fatale, un deux, trois, quatre? Mais oui, la scène de la bombe sous la cuvette des toilettes ! Quel est son rapport avec Hugo Chavez, président du Venezuela et pourfendeur de l?impérialisme version mondialisée ? Eh bien, Chavez aurait octroyé à l?acteur américain une avance de 18 millions de dollars sur un total de 30 pour réaliser un film sur Toussaint Laverdure, esclave noir d?Haïti, né en 1743 et devenu général d?une armée anticoloniale qui donna quelques cauchemars à Napoléon. Exilé en France, il y mourut en 1803. D?autres sources affirment que le film portera sur Simon Bolivar (1783-1830), père du nationalisme latino-américain. Version plus probable, Chavez ayant constitutionnellement rebaptisé son pays « République bolivarienne du Venezuela » et créé l?an dernier la Villa del Ciné, organisme public destiné à combattre « la dictature cinématographique d?Hollywood ». Mais en quoi cela peut-il nous concerner ? Peut-être par le fait que l?on a annoncé la réalisation d?un film sur l?Emir Abdelkader ? qui est au moins notre Bolivar à nous ? et qu?en ce jour, 45e anniversaire de l?indépendance, et à l?approche du bicentenaire de la naissance de l?Emir, il n?est pas inutile de le rappeler. Que devient le projet ? On en sait moins que sur le film vénézuélien ! Régulièrement, parviennent des rumeurs sur le scénariste, le réalisateur ou le budget, toutes plus ou moins (in)vraisemblables. On en est toujours à espérer que des fonds conséquents seront mobilisés (cela, nous savons faire), mais surtout que l?on choisira les meilleurs des meilleurs et qu?on évitera le vulgaire film de propagande quand le personnage mérite un chef-d??uvre pour restituer sa vie exceptionnelle, non seulement pour nous, mais pour le monde entier. Dernière devinette : quel rapport entre Hollywood, l?Amérique latine et nous ? La salle de cinéma Hollywood, près du marché Meissonnier à Alger. En 1963, elle fut débaptisée en présence de Che Guevara, enfant terrible du bolivarisme. Elle devint ainsi le Sierra Maestra, qui fut le djebel de la révolution cubaine. Elle vient d?être rénovée dans le cadre du programme de réhabilitation des salles. Les gosses du quartier se demandent quand elle ouvrira. Leurs parents, eux, se demandent si la grosse signature en plâtre du Che qui surplombait l?écran a été conservée. Et nous, nous espérons qu?ils récupéreront leur salle au plus vite et que le film sur l?Emir sera un film fort et beau, vivant et audacieux. Pas dans l?esprit d?Hollywood, d?accord. Mais avec son savoir-faire et son talent. Sinon, il vaut mieux s?en passer. Par égard à l?Emir Abdelkader.
Posté Le : 05/07/2007
Posté par : sofiane
Ecrit par : Ameziane Ferhani
Source : www.elwatan.com