Algérie

«Dévendre» pour lutter contre la mévente


Un nouveau mot va s'installer avec aise dans le dictionnaire de la langue française. Le terme «dévendeur» a déjà occupé les espaces des grands magasins et il a toutes les chances d'envahir tous les glossaires du commerce mondial. L'énorme paradoxe dans la société de consommation de l'heure est que l'on soit en passe de rayer le plus important fondement de l'économie libérale en encourageant les consommateurs à ne plus acheter. Le «dévendeur», acteur nouveau, s'applique désormais à donner au marché et à la culture de la consommation un visage différent pour dénaturer la raison d'être des centres commerciaux.On initie, à grands moyens, les ménages à ne plus acheter mais à réparer et à recycler. Le plus curieux est que ce sont les ogres vendeurs qui se transforment en «dévendeurs» et abandonnent leurs forces de frappe de vendeurs pour inciter les acheteurs à ne plus acheter. Le secteur de l'électroménager est le plus touché par cette acculturation qui ne dit pas son nom mais il n'est pas écarté qu'elle s'étende et se généralise. Le textile ouvre déjà grands ses bras à la dévente.
Après s'être échinés pendant de longues ères à écouler leurs produits avec moult artifices de la vente à crédit, ils changent d'habits et s'obligent eux-mêmes à se recycler.
Opérée avec efforts, la profonde mue commerciale est supposée répondre à la nécessité de lutter contre les impacts sur l'environnement. Mais le fort angélisme couvrant avec insistance cette mue cache à peine les difficultés que rencontrent le monde industriel à écouler ses produits et la machine marchande plongée dans l'inertie.
Le «dévendeur» est d'abord le pur produit de la crise économique, fille aînée de la pandémie qui a désarticulé la planète. Le commerce et la consommation tendent de plus en plus à décélérer leur rythme pour indiquer que le monde consomme, dans tous les domaines, plus qu'il ne produit.
«Dévendre» ne serait qu'une première arme contre la mévente.
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