Il ne fait aucun doute pour le PDG du groupe éponyme, Djillali Mehri, que le développement du tourisme en Algérie permettra à un million et demi d’Algériens qui franchissent chaque année nos frontières de passer leurs vacances agréablement dans leur pays. Dans cette interview, quelques idées pour promouvoir rapidement la destination Algérie.
- Vous inaugurez aujourd’hui, M. Mehri, en présence de M. Mimoune, ministre du Tourisme et de l’Artisanat, deux nouveaux hôtels de type Ibis, l’un à Tlemcen et l’autre à Oran, dans le cadre d’un programme d’investissements touristiques ambitieux à travers le territoire national. Pouvez-vous nous en dire quelques mots ?
Tout d’abord, je voudrais rappeler qu’en 2005, nous avions imaginé avec le groupe Accor de construire 36 hôtels de 100 chambres de type Ibis, 3 étoiles, soit un programme de 3600 chambres au total que nous devions réaliser en trois phases de 12 hôtels chacune. Les études de marché que nous avions engagées nous ont très vite permis de prendre conscience du déficit impressionnant des capacités d’accueil hôtelières de notre pays et en particulier dans nos grandes villes comme Alger et Constantine pour ne citer que ces deux villes. En accord avec les pouvoirs publics algériens, nous avons alors décidé de maintenir ce programme ambitieux de 3600 chambres que nous avons réparties sur 24 sites différents en fonction de l’importance des déficits constatés. De plus, dérogeant à notre idée de départ, nous avons décidé de réaliser exceptionnellement dans certaines villes, où les besoins se font sentir, en plus d’un hôtel Ibis, un hôtel 4 étoiles de type Novotel doté d’une salle de conférences. Ce sera le cas de Constantine que nous ouvrirons en septembre prochain et plus tard celui de Sétif. Le délai de réalisation de 4 hôtels par an que nous nous sommes fixé au départ s’est vite heurté à l’absence de disponibilité immédiate de terrains d’assiette appropriés. Par conséquent, les délais de réalisation seront incontestablement plus longs que prévu sans pour autant remettre en cause le programme que nous avons affiché. Pour l’heure, nous ouvrons au public un hôtel de type Ibis 3 étoiles à Oran de 150 chambres et un autre à Tlemcen de 125 chambres. Ces deux hôtels s’ajoutent à celui d’Alger que nous avions inauguré en février 2009 auxquels viendront se joindre, dès le mois de septembre prochain, deux autres hôtels à Constantine de type Ibis et Novotel de 288 chambres au total.
- Nous savons par ailleurs que votre groupe a décidé d’orienter ses investissements vers le secteur touristique. Pouvez-vous nous dresser un état des lieux de ce que vous avez déjà entrepris de ce que vous comptez entreprendre à ce sujet ?
Nous avons d’abord le Royal Hôtel qui compte parmi les plus belles réalisations hôtelières de l’Algérie et de l’Afrique, et qui fait la fierté non seulement de la ville d’Oran mais aussi de notre pays. Sa réalisation montre la voie à suivre pour qu’en Algérie se réalisent plusieurs établissements de cette qualité. Si je disposais d’un site de qualité à Alger, je n’hésiterais pas à réaliser un autre hôtel de ce niveau. En attendant, il contribue à donner des couleurs au centre historique d’Oran et au boulevard de la Soummam et invite tous ceux qui disposent d’un patrimoine immobilier sur cette belle avenue à suivre I’exemple du Royal Hôtel et à participer à la rénovation du centre-ville de la capitale de l’Ouest. Nous avons entrepris à El Oued, dans ma propriété Daouia qui compte 50 000 palmiers, la réalisation d’un village touristique saharien d’une capacité d’accueil de 300 lits constituée de villas et bungalows de grand standing avec tous les équipements nécessaires et dans le plus grand respect de l’environnement. Nous nous préparons à l’ouverture prochaine de ce centre unique en son genre en Algérie qui fera le bonheur des touristes nationaux et étrangers sans oublier les entreprises qui souhaitent abriter des rencontres professionnelles et des conférences. Nous avons d’autres projets encore.
Nous avons engagé avec un cabinet d’architecture international spécialisé dans les infrastructures d’accueil touristiques d’importants travaux d’études pour l’aménagement de ce magnifique site de Madagh que la wilaya d’Oran partage avec celle de Aïn Témouchent. Ce dossier, que nous avons adressé à toutes les instances concernées par ce projet, porte sur la réalisation d’un village touristique de très haut standing, capable d’accueillir 10 000 personnes avec hôtels, appartements, villas, marinas, héliport, terrain de golf 18 trous, centres commerciaux et de loisirs. Nous savons que ce projet a suscité un très grand intérêt dans notre pays et nous attendons une réponse favorable à notre demande du terrain d’assiette des avantages et encouragements de l’Etat pour engager sa réalisation.
- Une dernière question. L’Algérie enregistre un énorme retard dans le développement du tourisme. Que doit-on faire, à votre avis, pour le résorber ?
Contrairement à une idée répandue qui prétend que l’Algérie continue d’enregistrer beaucoup de retard, notamment par rapport à ses voisins dans le développement de l’industrie du tourisme, je note que depuis quelques années, des efforts remarquables sont faits dans la création des infrastructures préalables et indispensables à toute relance de l’activité touristique : la mise en service de plus de 2000 kilomètres de routes et autoroutes, l’ouverture et la mise à niveau de plus d’une dizaine d’aéroports, l’ouverture au trafic international aérien de nos villes de moyenne taille comme Chlef, Béjaïa, Jijel, Biskra, la rénovation du réseau ferroviaire et le développement des réseaux de télécommunications, l’amélioration des transports urbains et de marchandises. Tout cela va permettre de promouvoir rapidement la destination Algérie et développer le tourisme dans notre pays. Ce développement touristique permettra à plus d’un million et demi de nos compatriotes, qui passent leurs vacances à l’étranger et en particulier dans les pays voisins, de découvrir et de profiter pleinement de nos atouts touristiques. L’absence d’infrastructures hôtelières peut se résorber rapidement et notre groupe contribue aujourd’hui à le faire. L’Etat devra continuer à encourager et à aider le secteur privé national à créer de nouvelles capacités d’accueil à un rythme soutenu. Je continue de croire que l’hôtellerie et le tourisme seront mieux et plus rapidement développés par le secteur privé que par le secteur d’Etat qui devrait progressivement s’effacer et laisser la place à l’investissement privé. Voyez ce qui se passe en Russie et en Chine par exemple. Nous sommes avec Cuba, je crois, le seul pays qui continue à avoir une gestion étatique de hôtellerie. Des mesures d’accompagnement à nos efforts devront être entreprises : faciliter l’obtention des visas d’entrée et en particulier des visas de groupe, ouvrir et faciliter davantage l’ouverture de notre espace aérien, moderniser plus rapidement notre système de paiement par l’utilisation de la carte bancaire et la multiplication des terminaux de paiement. Comme vous pouvez le constater, le décollage touristique de notre pays ne tient finalement qu’à peu de choses !
Il y a aussi des écueils à éviter : gardons-nous de développer un tourisme de masse «sac au dos» qui vous propose de passer une semaine de vacances, nourris et logés, billet d’avion inclus, pour 200 euros et qui ne laisse au pays d’accueil que des miettes. Optons pour un tourisme de qualité. Le tourisme culturel par exemple : avec nos ruines romaines, les peintures rupestres du Tassili, la beauté de nos sites balnéaires et des massifs du Hoggar, ou alors le tourisme de mémoire en direction de tous ceux qui sont nés ou ont vécu en Algérie, mais dans tous les cas, un tourisme propre et respectueux de nos traditions et de nos valeurs.
R. S.
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Posté Le : 11/08/2011
Posté par : akarENVIRONNEMENT
Ecrit par : Entretien par R.S.
Source : El Watan du 27 juin 2011