Algérie

Développement : « L'emploi pâtit des conséquences du non-investissement »



La situation des localités déshéritées, en panne de développement et de perspectives économiques, est aggravée par la venue sur le marché de jeunes diplômés. Quand on parle emploi à Tiaret, cela renvoie irrémédiablement, ces derniers temps, aux émeutes qui ont jalonné quelques communes de la wilaya dont le chef-lieu et, accessoirement, à ce nouveau phénomène qu'est la « harga ». Il y a bien sûr, au-delà des indices de perception du taux d'embauche, voire de chômage endémique, d'autres paramètres qui sous-tendent la problématique. La région jadis agropastorale s'est muée, à la faveur d'une volonté politique volontariste de feu Houari Boumediène, vers l'industrie dans les années 1970.Une industrie aujourd'hui agonisante ou carrément externalisée qui n'a laissé place qu'à l'esprit entrepreneurial et surtout à cette politique étatique qui, à travers différents dispositifs d'insertion, tente d'enrayer les séquelles et impulser un plus à la dynamique d'emploi. La donne peut paraître telle une équation à plusieurs inconnues si l'on prend argent comptant les arguments développés par le tout nouveau directeur de l'emploi, M. Mansour Amor. Ce responsable, lors du forum de la presse organisé par Radio Tiaret, déclare, tout de go « ne pas reconnaître le vocable de chômage » car, selon lui, seuls les demandeurs officiellement déclarés aux agences sont reconnus en tant que tels. Soit.Le hic, et le responsable du secteur le dit sans détours, c'est « l'insignifiance de l'investissement dans la région qui handicape tout le processus ». Même les chiffres évoqués, pour éloquents soient-ils, renseignent de cette modicité mais fait charrier de la grogne. Une grogne sourde qui vrombit tel un orage dès qu'une opération d'emploi transparaît à l'horizon. On l'a vu dernièrement à Ain-Bouchekif avec le sit-in observé par les jeunes demandeurs d'emploi avec à la clef un procès pour cette semaine pour troubles à l'ordre public et avec lui des émeutes à Sidi Bakhti, Ksar-Chellala, Rahouia, entre autres.Localités déshéritées, en panne de développement et de perspectives économiques, qu'aggrave la venue sur le marché de jeunes diplômés. Plus d'une centaine d'entre ces jeunes (ingénieur en nutrition et agrovétérinaire) ont observé, hier, un sit-in devant le siège du ministère de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique pour protester contre leur « exclusion dans la nomenclature d'emploi à la Fonction publique ». Le taux de chômage, est-il noté, est passé de 12,10% en 2008 à 11,9% en 2009. Il y aurait, selon notre interlocuteur, « 61.378 postes d'emplois créés en 2009 alors que seuls 27.542 demandeurs se sont inscrits dans les 5 agences à qui il faudrait ajouter une boîte privée (TAWASOL) ».Celle-ci n'a pas encore remis de statistiques, ajoute monsieur Amor qui évoque, au passage, « l'absence de culture chez les demandeurs d'emplois qui ne font pas l'effort nécessaire pour s'inscrire ». Bien que passage obligé, les inspecteurs du travail ont tout de même relevé plus de « 800 embauches faites en dehors des circuits officiels en 2009 » et c'est dire si cette absence de culture d'inscription chez les agences n'est pas liée au fameux piston toujours en cours ici et là, comme l'ont clamé, d'une manière véhémente, les jeunes protestataires à Ain-Bouchekif. Pour infléchir la donne, l'inamovible directeur de l'emploi semble trouver la parade pour atténuer le phénomène. « J'irai vers la désignation d'un monsieur emploi au niveau de chaque commune », lance péremptoire ce responsable. « Ce n'est pas la panacée mais nous tenterons d'améliorer le processus d'emploi en dépit de sa complexité ».


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