Algérie

Développement industriel et climat des affaires Repères éco : les autres articles


La désertification industrielle ne laisse personne indifférent. Depuis de nombreuses années, les pouvoirs publics et les parties prenantes ne cessent de se concerter pour trouver des remèdes aux maux endémiques de ce secteur sinistré. Les concertations sont fort louables. Elles peuvent développer une culture de collaboration et alimenter quelques décisions qui profiteraient de l'intelligence de tous. Elles sont loin d'être inutiles, comme l'affirment certains. Le ministère de l'Industrie et le Premier ministère avaient fait de la relance industrielle leur priorité. De nombreuses réunions se sont tenues et ont donné lieu à des dizaines de recommandations. Certaines ont conduit à des améliorations : les choses ont évolué favorablement dans le domaine du foncier, même si d'énormes problèmes demeurent.
Ces laborieuses rencontres auraient dû propulser le secteur et inverser la tendance de la désindustrialisation. Quelques signes positifs sont à relever : Renault, le complexe sidérurgique de Jijel sont deux hirondelles qui ne font pas encore le printemps. Beaucoup reste à dire sur ces deux projets. Mais la question qui nous intéresse est la suivante : Sommes-nous en train d'améliorer le climat des affaires au point ou l'acte d'investir devient plus motivant que l'activité d'importer '
Les contraintes qui demeurent
On peut prendre la question de l'industrialisation par plusieurs bouts. D'énormes subjectivités demeurent. Les diagnostics, les responsabilités et les recommandations divergent. Cependant, par-delà toute question de subjectivité, nous constatons que le climat des affaires se détériore, relativement au reste du monde. Nous pouvons adresser de nombreuses critiques à la méthodologie de la Banque mondiale (Doing Business), mais elle demeure une tentative plus ou moins objective de cerner les contours du climat des affaires dans un pays.
Notre recul dans les classements internationaux de Doing Business est une première indication que les avancées ne sont pas substantielles. C'est un outil qui connaît quelques limites, mais dans l'ensemble, il rend convenablement compte de la situation du monde des affaires dans un pays. Le climat des affaires peut également servir d'outil pour s'améliorer. De nombreux pays l'ont fait. Le cas le plus cité est celui de la Géorgie : classée 137e en 2003, le pays entreprit des réformes ciblées, rigoureuses si bien qu'en 2012 elle passa à la 16e place.
Tous les indicateurs de l'outil étaient revus et des transformations radicales eurent lieu. Notre pays qui se classait 183 e en 2011, recula de 5 places pour occuper le peu reluisant rang de 148e sur 183 pays en 2012. Mais l'indicateur le plus important est que les hommes d'affaires sont surtout des nationaux. Des améliorations furent apportées mais elles sont marginales. C'est ce qui explique notre recul dans les classements internationaux. Le reste du monde a fait des avancées plus conséquentes que les nôtres. Les problèmes cruciaux sont toujours centrés sur quatre thèmes principaux : libération des initiatives, bureaucratisation, foncier et financement.
Des projets colossaux qui auraient pu créer des millions d'emplois pour nos jeunes sont toujours en attente d'autorisation. On aurait pu formuler rapidement les correctifs à mener pour qu'ils deviennent acceptables au lieu de les laisser sans suite. Les labyrinthes administratifs engloutissent également des milliers de petits et moyens projets. La chaîne des autorisations contient de nombreux maillons. Chacun peut gripper la machine, mais personne ne peut libérer totalement un projet. Le management de notre appareil administratif est à revoir en profondeur.
Dans le domaine du foncier, quelques avancées eurent lieu : abandon de la règle des enchères et développement de nouvelles zones. Ce qui fait qu'au Sud et dans les Hauts-Plateaux, la disponibilité est acceptable, alors qu'au Nord la tension sur le foncier demeure. Le financement de l'investissement continue à être problématique, malgré l'aisance financière. Le secteur public qui compte presque 90% des dépôts s'occupe d'importation, continue à irriguer les grosses boîtes publiques destructurées qui ne rembourseront jamais et octroie des miettes à la création et au développement des entreprises publiques et privées efficaces.
Quelles règles du jeu adopter
Nous avons besoin de règles claires et transparentes pour la libération des grands projets. Les principes doivent être énoncés, des délais précisés et respectés. Le monde des affaires a besoin d'une grande visibilité faute de quoi la désertification industrielle se poursuivra malgré les quelques exceptions. La réforme administrative doit démarrer et s'accélérer avec vigueur. L'industrialisation du pays ne peut se faire qu'après le passage d'une administration bureaucratique à une administration experte. La différence est de taille. La première est procédurale et bloquante.
La seconde conseille et solutionne avec dextérité tout problème pénalisant le monde des affaires. Mais parce qu'elle est gérée, la seconde nécessite des activités de contrôle. Il nous faut toute une ré-ingénierie des processus administratifs. Il est aisé d'établir des systèmes d'information, de numériser les dossiers et les procédures, de sorte à identifier les administrations et les personnes qui bloquent l'investissement. Nous avons seulement besoin d'une volonté réelle de changement, de qualification des ressources humaines administratives et de moderniser le management de nos institutions publiques.
Au niveau du foncier, il est nécessaire qu'en parallèle aux efforts publics, des investissements privés se développent dans ce domaine. Les nouveaux axes routiers multiplient le nombre de sites capables d'être viabilisés pour s'intégrer dans le lot des zones à industrialiser.
L'accélération de la reconquête de nos espaces vides et leur intégration au tissu économique disponible par des voies de communication modernes permettra de démultiplier les sites industriels. Certaines activités demeurent rentables, même situées dans les Hauts-Plateaux et d'autres dans le Grand Sud. Nous avons besoin de peu de banques commerciales publiques et de beaucoup de banques d'investissements dans le giron de l'Etat. Pour le moment, nous avons le contraire. Ce qui explique pourquoi le financement de l'importation n'est pas un problème alors que celui de l'investissement productif l'est.
De nos jours, l'acte d'importer est plus rentable, plus facile et mieux aidé que l'acte de produire. Tant que nous serons dans cette situation, tout effort d'industrialisation ne produira que des résultats marginaux. C'est pour toutes ces raisons que le schéma de développement de ce secteur serait plus efficace s'il était conçu par une «institution cerveau» en charge de tous les secteurs. La stratégie est toujours globale. Elle ne peut pas être sectorielle.
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