Algérie

Développement industriel



Développement industriel
Aujourd'hui que les pouvoirs publics s'attellent à doter l'économie nationale d'un secteur industriel performant et qu'ils avouent le risque de manquer de temps, le projet Cap Djinet est plus que jamais d'actualité.De passage dimanche au Forum de Liberté, le ministre des Transports, Amar Ghoul, a invoqué la législation régissant le domaine maritime pour justifier la fin de non-recevoir opposée par les pouvoirs publics au projet de réalisation d'un grand port à Cap Djinet, sans toutefois nier que l'économie algérienne a un besoin vital de disposer de ports de taille mondiale. En effet, le fret maritime s'est complètement transformé durant les 20 dernières années avec la massification du transport maritime et par la révolution de la "conteneurisation". Les exigences de coût font que les stratégies de grappes industrielles sont encore plus puissantes lorsqu'elles se déploient dans les zones portuaires. Or, l'Algérie dispose aujourd'hui de ports de très faibles capacités et totalement étouffés par le tissu urbain. La plupart des ports algériens, construits à l'époque coloniale, ne disposent d'aucune possibilité réelle d'extension. Seulement deux nouveaux ports commerciaux ont été construits depuis l'Indépendance : le port d'Arzew spécialisé dans les hydrocarbures et un petit port à Djen-Djen. Ce dernier est, en effet, loin d'avoir la taille mondiale et encore moins des atouts comparables à ceux des ports modernes. Ses faibles capacités font qu'il ne peut pas être un port d'éclatement sur les grandes lignes maritimes transocéaniques. Quant au port dont on annonce la construction, probablement dans la région de Cherchell, il ne pourra avoir la taille requise pour les besoins d'une véritable économie nationale, en raison de la topographie du site.L'absence de ports de taille mondiale qui pénalise déjà lourdement l'économie algérienne, risque donc de perdurer. Selon certains experts, l'Algérie perd jusqu'à 2 500 dollars par conteneur sur le fret avec l'Algérie par rapport à l'Europe ou le Maroc. Avec l'Europe, notre pays perd près de 1 350 dollars par conteneur par rapport au Maroc. Pour le transport en vrac (céréales...), l'Algérie perd jusqu'à 60 dollars la tonne à cause de la faiblesse de ses capacités portuaires. Hors hydrocarbures, l'Algérie importe chaque année 26 millions de tonnes de marchandises diverses et de matières premières et exporte un peu plus de 4 millions de tonnes. Avec un handicap de 60 dollars la tonne transportée, c'est donc plus de 2 milliards de dollars qui sont perdus chaque année par notre pays. Les frais de transport pouvant aller jusqu'à 40% du coût des produits fabriqués, les avantages du coût de fret deviennent décisifs dans la compétition mondiale. Si l'Algérie ne construit pas des ports de taille mondiale, sa compétitivité industrielle sera irrémédiablement compromise, avec peu de chances de se positionner à l'international. Pour ne pas condamner son avenir industriel, l'Algérie devra très vite réaliser une telle infrastructure. L'opportunité de la construire à Cap Djinet, comme l'a suggéré le groupe Cevital, a été amplement démontrée. Pas moins de quatre études réalisées par des bureaux d'études internationaux, TAMS (Etats-Unis en 1976), Nedeco (Hollande en 1979, Tractionnel/Haecon (Belgique) avec le LEM en 1999, Nivas Consult (Danemark avec le LEM dans les années 80) et Sogreah (France en 2008-2009), ont abouti à la même recommandation pour le site de Cap Djinet. Cevital a préparé une ébauche pour la configuration industrielle du port de Cap Djinet en partenariat avec les pouvoirs publics. Il s'agit, en fait, de la réalisation du complexe portuaire et industriel, facteur majeur de compétitivité et de développement des activités industrielles. Ce site dispose d'importants atouts, à savoir une zone industrielle de 5 000 ha dont 1 500 à gagner sur la mer ; la proximité des infrastructures de transport (autoroute Est-Ouest, voie ferrée, aéroport et d'un centre universitaire important) ; la liaison avec Hassi-R'mel par le gazoduc centre (48 pouces) et surtout la disponibilité de terrains, et très peu d'expropriations à effectuer. Ce complexe dont le coût global est de 30 milliards de dollars combine plusieurs activités : complexes pétrochimiques, un complexe d'aluminium pour une production de 1,5 million de tonnes par an qui pouvait entrer en production dès 2012, un complexe sidérurgique intégré pour 10 millions de tonnes par an pour toutes formes d'aciers, y compris des aciers spéciaux, une usine de voitures d'une capacité de 350 000 unités par an, de construction navale, des unités de dessalement d'eau de mer, une fabrique de conteneurs et une centrale électrique de 3 200 mégawatts. Cevital a fait appel aux leaders mondiaux de différentes spécialités, comme Hyundai pour la construction navale. Pour le complexe d'aluminium, Cevital a même signé un contrat avec le numéro un mondial du secteur, Alcan-Rio Tinto, pour la réalisation d'un plus grand complexe d'aluminium du monde, d'une capacité de 1,5 million de tonnes par an. Le montant de l'investissement était estimé à l'époque à plus de 7 milliards de dollars. La Banque européenne d'investissement (BEI), la Société financière internationale (SFI - groupe Banque mondiale), les grands armateurs mondiaux... étaient intéressés par le projet. Au total, près de 10 milliards de dollars étaient mobilisés, déjà à l'époque. Il fallait juste y croire et le patron de Cevital y a cru et continue d'y croire. Aujourd'hui que les pouvoirs publics s'attellent à doter l'économie nationale d'un secteur industriel performant et qu'ils avouent le risque de manquer de temps, le projet Cap Djinet est plus que jamais d'actualité.Les Algériens doivent avoir de l'ambition pour leur pays ou, tout au moins, ne pas douter des ambitions de ceux qui en ont. Et, surtout, ne pas les diaboliser. La réforme économique exige un redéploiement des actifs qui doivent passer par des acteurs économiques efficients, ceux qui ont fait leurs preuves. Sauf à s'obstiner à ne pas les voir ou ne pas les croire. L'investisseur privé investit et est disposé à investir plus encore pour peu que des obstacles anciens soient levés et de nouvelles barrières nouvelles ne soient pas dressées face à son élan. Les succès sont multiples. Cevital, par exemple, et sur plusieurs produits, à fait passer l'Algérie du statut d'importateur à celui d'exportateur. Les projets sont nombreux et prometteurs. Des opportunités importantes de substitutions aux importations et de promotion des exportations, dans et hors du secteur de l'énergie, sont de nature à porter la croissance hors hydrocarbures à deux chiffres, et non pas seulement à 7%, et à créer des centaines de milliers d'emplois nouveaux, stables et rémunérateurs. Il suffit de libérer les initiatives.NomAdresse email




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