Une maxime dit : « Derrière chaque grand homme, il y a une femme », mais que devient donc cette femme qu'on veut, semble-t-il, garder derrière plutôt qu'à côté de l'homme.
Une faiseuse de grands hommes est aussi une grande dame qui ne peut se suffire du second rôle et rester dans l'ombre. Pour souligner le rôle important que la femme est en droit de jouer pour l'essor des pays, un colloque intitulé : « Les femmes africaines à l'épreuve du développement » a ouvert ses portes hier à l'hôtel El Aurassi, et ce, dans le cadre des manifestations inscrites dans le programme du Festival panafricain. La situation dans les pays africains est telle que les lois fondamentales donnent aux femmes le droit de jouir des mêmes droits que les hommes, mais dans les faits elles sont « ligotées » par différents obstacles qui les confinent dans l'image traditionnelle de ménagères. Dans un rapport du programme des Nations unies pour le développement, 75 pays enregistrent un développement moyen dans le monde, dont seulement deux pays africains.C'est dire le défi qui attend ce continent condamné à compter sur toutes ses ressources et en premier chef les ressources humaines, notamment ses femmes. Pour Souad Bendjaballah, ministre déléguée chargée de la Recherche scientifique, obligation est donnée aux chercheurs en sciences sociales d'avoir une démarche militante et prendre toute la mesure des bouleversements qui s'opèrent dans la société, dont l'irruption des femmes dans des champs qui leur étaient fermés. Le principe de domination érigé en politique par le colonialisme a déteint sur le rapport hommes-femmes en Afrique. Pauvreté, coutumes, croyances et lois sont les armes utilisées pour la domination et pousser les femmes à reprendre leur rôle dans les foyers. Résultat, le continent est malade et peine à accéder à la technologie. « Un rapport de l'Unesco souligne que sur 75 millions d'enfants non scolarisés, un tiers se trouve en Afrique dont une majorité de filles. Seuls 5 à 7% des postes administratifs sont occupés par des femmes en Afrique », rapporte Odile Ndoumbe Faye, secrétaire exécutive de l'Association des femmes africaines pour la recherche et le développement (Afard). « La lutte contre la pauvreté et la famine passe par l'attribution aux femmes du savoir et leur accès au marché du travail », indique Ndoumbe Faye du Sénégal.La consultante égyptienne en économie et développement, Shahida El Baz, a tenu à souligner dans son propos que « la lutte pour les droits est aussi un combat pour la démocratie ». « L'Etat s'est intéressé aux droits publics de la femme et a omis ses droits privés et d'individu », dit-elle. Citant le cas égyptien, la conférencière a souligné qu'une certaine classe de privilégiées a bénéficié de la mondialisation en devenant chefs d'entreprise, « à l'heure où une large majorité est restée victime de la pauvreté et donc du schéma de soumission. Il n'existe plus de mouvement féministe en Egypte, car la base ne revendique plus ses droits et celles qui ont bénéficié d'avantages ont coupé tout lien avec la base », indique la militante avec une note de pessimisme. Evoquant le système des quotas, Shahida El Baz estime que ce n'est que de la poudre aux yeux. « A quoi bon les quotas lorsque c'est le même parti qui gagne les élections. » A noter que les travaux du colloque se poursuivront avec des débats en ateliers sur des questions comme « Les femmes et la politique », « Les femmes et l'économie », et « Les femmes et droits ».
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Posté Le : 20/07/2009
Posté par : sofiane
Ecrit par : Nadjia Bouaricha
Source : www.elwatan.com