Algérie

Développement de l?industrie pharmaceutique en Algérie



L?Etat se désengage Les inquiétudes des opérateurs en pharmacie ne risquent pas de s?estomper surtout après les déclarations du ministre de l?Industrie hier à l?ouverture des travaux du colloque intitulé « Quelles perspectives de développement pour l?industrie pharmaceutique algérienne dans le nouveau contexte international ? », organisé par l?Union nationale des opérateurs en pharmacie (UNOP), à l?hôtel El Aurassi. Si le ministre de la Santé, Amar Tou, s?est contenté de donner l?ensemble des chiffres se rapportant à l?industrie pharmaceutique (importation, production nationale,etc.) sans porter de commentaires ni de jugements sur la situation actuelle de ce secteur, le ministre de l?Industrie et de la Promotion des investissements, Abdelhamid Temmar, a par contre clairement fait comprendre que l?Etat s?était désengagé de tout le secteur lié à l?industrie pharmaceutique, notamment de la production nationale. Néanmoins, il leur a donné des conseils pour rester compétitifs. « C?est à vous (les opérateurs ndlr) de réfléchir à la manière qui convient le mieux pour rationaliser le marché et vous organiser », a t-il déclaré en leur proposant une spécialisation de la production. Une démarche qui doit au préalable, selon lui, passer par la fusion des entreprises nationales pour la création de grandes entreprises et « mettre à votre disposition des économies d?échelles », a-t-il indiqué. La fusion Pour lui, « il n?y a plus de protection ou de mesures possibles d?encouragement de la part de l?Etat pour la production nationale » devant les engagements internationaux qui attendent l?Algérie, notamment pour son entrée à l?OMC. La seule solution qui reste pour un meilleur développement de l?industrie pharmaceutique est, d?après M. Temmar, la fusion. Il a par ailleurs exprimé la disponibilité de son secteur à porter une aide aux opérateurs à travers un conseil juridique qu?il mettra à leur disposition. « Je vous conseille d?aller vers la fusion et la mise à niveau des entreprises qui doivent se faire dans la mesure de cette fusion », a-t-il martelé. Il a déclaré que l?Etat veut faire du groupe Saidal un géant de l?industrie pharmaceutique pour s?imposer sur le marché mondial, à l?image des Jordaniens, et encourager l?émergence de petites entreprises pour servir ce géant . « Ce qui permettra au marché national de l?industrie pharmaceutique de devenir compétitif au niveau international », a-t-il ajouté, en signalant que la production nationale « est émiettée » et la consommation du générique reste très faible en Algérie, comparativement aux autres pays, notamment en Europe. Il est, selon lui, important d?engager rapidement un dialogue avec les opérateurs en pharmacie. Une proposition qui ne laisse pas indifférent le président de l?UNOP, M. Ziad, qui lui demande de les recevoir dans les meilleurs délais. Pour lui, la production nationale est en péril. Partant, il propose l?engagement d?une réflexion pour des formes de protection plus adaptées à un contexte de commerce ouvert et qui « n?entrent pas en conflit avec les règles de l?OMC, une négociation plus active de la problématique pharmaceutique dans le contexte de l?ascension et une plus grande compréhension des enjeux liés au système d?enregistrement et à la politique de remboursement ». « Une situation décourageante » Le ministre de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière, Amar Tou, a de son côté mis l?accent sur les données chiffrées de l?industrie pharmaceutique. Il a signalé que la production nationale de médicaments a couvert 34,54% des besoins nationaux en 2006 contre 24,72% en 2004, tout en précisant que « cette couverture reste insuffisante ». S?agissant de la consommation des médicaments génériques, Amar Tou a précisé qu?elle était de 33,6% en 2004 pour passer à 37,72% en 2006 et pourrait atteindre les 41% à fin 2007. Quant à la facture d?importation des médicaments, le ministre de la Santé a souligné qu?elle a atteint 962 millions de d?euros en 2006 et 475,6 millions d?euros pour le premier semestre 2007. Il a affirmé, en outre, que l?Algérie a consacré 19 milliards de dinars dans la loi de finances 2008 pour l?importation des médicaments destinés au traitement des cancéreux, des maladies orphelines et des hépatites. Le président du Forum des chefs d?entreprise, Réda Hamiani, a affirmé que la situation actuelle de l?industrie pharmaceutique « est décourageante pour les opérateurs nationaux ». Pour ce qui est de l?adhésion de l?Algérie à l?OMC, M. Hamiani a estimé que l?Algérie ne peut rester isolée. « Mais les conditions de remodelage inquiètent les entreprises qui n?arrivent pas à suivre l?évolution. L?ascension doit se faire à des conditions très négociées, a-t-il conclu. « La mégafusion est une opération illusoire à court terme » Réagissant aux déclarations du ministre de l?Industrie, le président-directeur général de Biopharm, entreprise de fabrication de médicaments et vice-président de l?UNOP, Abdelmadjid Kerrar, a estimé que l?environnement actuel ne permet pas une mégafusion comme cela a été le cas dans les autres pays où elle s?est faite durant plusieurs décennies. Cette fusion, a-t-il expliqué, doit se faire graduellement. « L?Algérie ne peut pas passer d?une situation catastrophique à une mégafusion. Il est illusoire de croire pouvoir y arriver pour le moment », a-t-il indiqué. En signalant que les opérateurs demandent une transition qui permet aux entreprises de mieux s?organiser comme l?ont fait les autres pays. Quant aux investisseurs étrangers, M. Kerrar est catégorique : « Ils ne viendront pas en Algérie tant qu?il n?y a pas un cadre qui les contraints à investir », a-t-il souligné. Pour le secrétaire général de l?UNOP, M. Mellah, « cette fusion nécessite d?abord des outils réglementaires après avoir assuré une mise à niveau de tout l?environnement ». « Tout est entre les mains de l?Algérie » La représentante de l?OMC chargée de la propriété intellectuelle, Mme Thu Long Tran-Wasecha, a mis en relief les avantages que peut tirer l?Algérie de son adhésion à l?OMC. Ce qui lui permettra, selon elle, d?avoir un meilleur accès au marché mondial, de défendre ses intérêts et d?éviter d?être vulnérable. A la question de savoir à quel stade sont aujourd?hui les négociations avec l?Algérie, Mme Thu Long Tran-Wasecha s?est contentée de dire que « tout est dans les mains de l?Algérie » et d?ajouter : « De nombreux sujets ne sont pas encore clairs et les pays membres attendent toujours des réponses des négociateurs ». « L?adhésion de l?Algérie à l?OMC est possible dans les deux ou trois années prochaines » L?ancien ambassadeur de l?UE auprès de l?OMC, Paul Tran Van Thinh, a déclaré que l?adhésion de l?Algérie à l?OMC pourrait intervenir dans les deux ou trois années prochaines. Il a précisé que la place de l?Algérie au sein de cette organisation « est bien réservée » et que « l?Algérie a tout à gagner à accéder à l?OMC ». Pour lui, l?important pour les négociateurs algériens est de « bien se concerter » pour défendre les intérêts de l?Algérie en leur recommandant de « ne rien accorder sans contrepartie ».


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