Algérie

Dévaluation du dinar



Dévaluation du dinar
Cette note du comité interprofessionnel du lait, datée de novembre 2013, avertit les pouvoirs publics sur les effets négatifs de la dévaluation du dinar sur les coûts du lait.Devant l'accroissement prévisionnel (2013/2014) du déficit des balances commerciale et de paiement ainsi que du budget de l'Etat, la Banque d'Algérie vient d'opter pour une technique de réajustement orthodoxe, la dépréciation monétaire du dinar, à défaut d'une dévaluation. Cette dépréciation doit intervenir durant le dernier trimestre 2013 à hauteur de 10%. Elle impactera par conséquent l'ensemble des importations qu'elle est censé freiner du fait de leur renchérissement. Elle épargnera par contre ? en termes de volume ? les importations de quelques biens alimentaires stratégiques qui, pour être incompressibles, pèseront davantage encore sur le déficit budgétaire global.Celui-ci sera néanmoins contrebalancé par le gonflement de la fiscalité pétrolière qui finance globalement 70% du budget de l'Etat. Après les céréales, la poudre de lait figure parmi ces biens. L'ONIL va devoir acheter auprès du marché mondial avec une évaluation CIF en dinars plus élevée d'au moins 10%.A prix de rétrocession constant au profit des laiteries (159 000 DA/t), conjugué à une flambée des prix dans le marché mondial, le différentiel sur la poudre de lait à la charge du Trésor public (27 milliards DA en 2012) va devoir s'accroître pour frôler probablement les 35 milliards de dinars à fin 2013.Le premier impact de ce réajustement monétaire sur le segment du lait pasteurisé concernera par conséquent le différentiel sur la poudre de lait à la charge du Trésor public. A prix de rétrocession constant de la poudre de lait, cet impact sera par contre nul sur la consistance du coût-matière des laiteries. Néanmoins, la répercussion automatique de l'accroissement du prix de la poudre de lait sur les laits en packs (70 DA à 95DA par pack) déplacera une partie de la demande en lait sur le sachet, ce qui exercera une pression supplémentaire sur les livraisons de l'ONIL afin de satisfaire cette demande.À défaut d'être élastique, l'offre de l'ONIL en poudre connaîtra quelques perturbations, à moins qu'une optimisation supplémentaire de l'affectation des quotas soit engagée.Au niveau de la structure globale des coûts des laiteries, l'impact de cette dépréciation monétaire sera par contre considérable.En effet, hors matière ou hors poudre de lait, le coût des autres charges d'exploitation (emballages, salaires, amortissements, autres charges...) ne représente pas moins de 25% du prix de revient d'un sachet de lait.Indépendamment des salaires qui ont connu trois augmentations du SNMG (10 000 à 18 000 DA), l'impact d'une dépréciation monétaire cumulée depuis le 1er janvier 2008 ? date de la création de l'ONIL et de la fixation du prix de rétrocession de la poudre de lait à 159 DA/kg ? jusqu'à cette dépréciation actuelle déclarée est remarquable.Elle est fondamentalement le fait d'un impact conjoint et cumulé d'une inflation actualisée de 36% et d'une dépréciation monétaire moyenne (euro et dollar) de 16% sur la période 2008/2013.La structure des coûts telle qu'elle a été élaborée par l'ONIL le 16 décembre 2007, avec un prix de rétrocession de la poudre de 165 DA/kg, corrigée à 159 DA/kg (tableau 1), connaît une évolution substantielle.Nous pouvons noter à titre d'exemple l'accroissement de quelques charges d'exploitation sur la période, exposé en annexe au tableau 2.Avec une augmentation du coût du film plastique de 18% (207 DA/kg le premier trimestre 2008 à 245 DA/kg pour le 15 novembre 2013), du coût salarial de 80% (SNMG de 10 000 à 18 000 DA) et du coût des autres charges d'exploitation et des amortissements de 20% sur six ans, le tableau 2 révèle un déficit de la marge brute avant impôt de 0,48 DA par litre. Ce déficit s'aggravera encore davantage avec la très probable revalorisation du SNMG, objet de la prochaine tripartite, dite sociale, en janvier 2014.Ainsi, dans ces conditions, la pérennité du segment laitier se trouve menacée.Toutefois, il est possible de le redresser en optant pour l'une des trois alternatives suivantes ou pour leur combinaison.En effet, en concédant à ce secteur un taux de marge de 5% (5%*23,398=1,17 DA/litre) et en épongeant le déficit au litre qui s'élève à 0,48 DA, il s'agira alors de réintroduire dans le circuit économique de la laiterie 1,65 DA/litre (1,17 DA + 0,48 DA =1,65 DA).Trois solutions sont alors théoriquement possibles :a) diminuer le prix de rétrocession de la poudre de lait qui passera de 159 DA/kg à 143 DA/kg : 159 DA/kg x (16,38 ? 1,65) 16,38 = 142,98 DA/kgIl est évident qu'une telle mesure va accroître le différentiel à la charge du Trésor public. Il est possible toutefois de financer une telle charge en fiscalisant la PDL importée hors ONIL, et donc hors lait de consommation pour les couches sociales à revenu inférieur ;b) diminuer le quantum de poudre de lait au litre qui passera de 103 g à 96 g/litre : 103- 103 x (-1.65) 23.35 = 96 g/litreCette mesure est tributaire d'un avis autorisé en termes d'impact sur la santé publique, d'autant plus que le lait a déjà connu une régression de 112 g/l en 2007 à 103 g/l depuis le 1er janvier 2008. Nous notons qu'une mesure analogue a été envisagée pour la baguette de pain qui passerait de 250 g à 200 g ;c) augmenter le prix de vente administré du sachet d'un litre sortie usine qui passera de 23,35 DA/litre à 25 DA/litre : Prix de vente sortie usine= 23,35 DA + 1,65 DA = 25 DAMesure de nature institutionnelle, elle est corrélée à la gestion de la "paix sociale" par qui de droit. Elle est, de toute façon, inconvenante durant la conjoncture actuelle. A défaut de la mise en ?uvre d'une de ces trois mesures ou de leur combinaison, le secteur laitier connaîtra inéluctablement quelques dysfonctionnements légitimant toutes les autres variables d'ajustement.L. A.(*) Docteur Larbi AbedmEMBRE DU COMITE INTERPROFESSIONNEL DU LAITNomAdresse email




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