Algérie

Deuxième main


Deuxième main
C'est que tout évolue, tout change. Tout s'habille à l'air du temps. Békri, ceux qui osaient «chanter» pathétiquement leurs doléances étaient, visiblement, miséreux. Leurs habits, leur handicap, leur mine de mort-vivant ou encore leur litanie servaient à gagner la compassion des âmes charitables. La dignité avait, encore, un sens et parmi les mendiants, rares étaient ceux qui tendaient la main par fourberie ou pour le plaisir. El youm, vous avez dû le constater, la mendicité new-look envahit nos rues. Des jeunes, chiquement habillés, ne manquent pas de prétextes pour convaincre les bienfaiteurs potentiels. Certains prétendent qu'ils veulent, tout juste, avoir de quoi se payer un café ou une cigarette. D'autres, avec un air tristounet, déclarent vouloir manger un morceau, arguant qu'ils ont un problème familial. D'autres encore, plus directs et plus prolixes, avancent, sans la moindre gêne, qu'ils veulent, tout simplement, une pièce, sans vouloir se justifier.Si, quand même, ils te diront «je ne suis pas un tallab». Dans la catégorie de cette nouvelle génération de mendiants se trouvent, également, tous ces jeunes et moins jeunes que l'on rencontre, parfois, près des gares routières ou ferroviaires. Ceux-ci se disent «barrani» étrangers à la ville, sans ressource. Ils portent, la plupart du temps, des bagages à main, on les croirait facilement sur parole. Dans la même catégorie, il y a, également, ces hommes et femmes, visiblement respectables, qui commencent aussi à tendre la main.- Je ne suis pas un mendiant mon frère, je travaillais mais notre usine a fermé. Je me retrouve sans boulot, sans ressource. Je ne peux plus soutenir le regard de mes enfants…- Nous sommes confrères, lui répond le jeune diplômé chômeur… Tu n'as qu'à accaparer un tronçon de rue, t'équiper d'un gourdin et faire semblant de garder les voitures, comme moi.


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