Deux voisins discutent intérêts Arrivée aujourd'hui du président du gouvernement espagnol à Alger

Plusieurs accords touchant différents domaines seront signés.
Le président du gouvernement espagnol, Mariano Rajoy, est attendu aujourd'hui à Alger pour une visite entrant dans le cadre des réunions de haut niveau prévues par le Traité d'amitié et de coopération signé entre les deux pays en octobre 2002. Cette visite intervient dans un contexte économique et politique particulier qui pousse l'Espagne, en période de crise, à chercher des projets viables et des financements, et l'Algérie à chercher le soutien politique des pays du nord de la Méditerranée et au-delà. L'on s'attend à la signature d'une série d'accords dans différents domaines, notamment énergétique. Un secteur dans lequel les deux pays ont particulièrement une coopération assez intense. L'épisode fâcheux Repsol-Sonatrach, qui a vu le recours à l'arbitrage international, est aujourd'hui mis dans le tiroir et les deux parties préfèrent parler de ce qui marche. A l'instar de la prise de participation dans la compagnie Gas Natural par la compagnie algérienne Sonatrach.
Ou encore de la veine reliant les deux pays qu'est le gazoduc Medgaz. «Le prochain sommet algéro-espagnol donnera une 'impulsion nouvelle' à la coopération entre les deux pays dans tous les domaines, notamment dans la promotion de l'investissement productif et le développement du partenariat», affirmait Abdelkader Messahel lors de son voyage à Madrid, le mois dernier, pour préparer la réunion d'aujourd'hui.
Même son de cloche du côté espagnol, dont l'ambassadeur Gabriel Busquets a annoncé la signature de plusieurs accords touchant différents domaines, notamment la protection civile, la culture, le sport, le tourisme et la coopération énergétique et industrielle. Dénuée de toute passion, la relation bilatérale entre les deux pays offre aux deux partenaires une passerelle d'échange où le pragmatisme l'emporte sur toute autre considération. Distante de l'Algérie d'à peine 300 km, l'Espagne est le voisin du nord le plus proche géographiquement. La récession économique qui touche l'Europe depuis plus d'une année l'a particulièrement affectée. Le royaume ibérique devra poursuivre, en 2013, ses efforts difficiles pour relancer la machine économique.
Le ministère de l'Economie a annoncé, mardi dernier, que le marché espagnol va recourir à moins d'emprunts. «L'Espagne prévoit d'emprunter en 2013 entre 215 et 230 milliards d'euros, soit moins que les 249,635 milliards empruntés en 2012 suite à une grande défiance des investisseurs en 2012.» Dévoilant le programme de financement du Trésor espagnol, le même ministère prévoit 121,318 milliards d'euros bruts en émissions à moyen et long termes, alors que les besoins nets de financement du Trésor, c'est-à-dire sans compter le refinancement des emprunts déjà émis, s'élèvent à 71 milliards d'euros en 2013, dont 59 milliards en émissions à moyen et long termes. C'est à une énorme dette que s'attaquera l'Espagne au cours de l'année 2013.
Selon des prévisions de la Saxo Banque, l'Espagne n'est pas encore sortie de la zone de perturbation. Cette banque avertit que la demande d'aide potentielle pose la crainte que l'Espagne «peut se voir imposer un train de rigueur par les bailleurs de fonds, alors que le pays est déjà confronté à la grogne sociale». La situation est telle que les Ibériques font fi des risques écologiques et tentent l'aventure de l'exploitation des gaz de schiste. Pas moins de 40 prospections ont été autorisées dans ce pays. L'Algérie, qui dit à qui veut l'entendre qu'elle s'ouvre à toutes les prospections, conventionnelles ou pas, se présente comme un eldorado à ne surtout pas manquer.