En principe, aujourd'hui ou demain, deux jeunes adolescents quitteront le
service d'urologie du CHU Oran avec du nouveau dans leur existence. Désormais,
ils ne sont plus contraints de livrer leurs corps une à deux fois par semaine
pour «purifier» le sang coulant dans leurs veines. Autrement dit, ils ont coupé
définitivement avec l'opération de dialyse. Ces deux jeunes adolescents, une
fille de 13 ans et un garçon de 17 ans, ont subi une opération de
transplantation rénale par l'équipe que dirige le professeur Attar avec la
collaboration du docteur Bendimerad. Les deux opérations ont eu lieu les 24 et
25 février dernier. Les donneurs, une tante maternelle âgée de 33 ans pour la
jeune fille, et le père âgé de 49 ans pour le garçon, ont quitté le service
d'urologie quatre jours après l'opération. Ces deux transplantations sont la
douzième et treizième réalisées par l'équipe dirigée par le Pr Attar et les
deux premières inscrites dans le programme de cette année. Ces opérations,
considérées par l'équipe d'Attar comme étant réussies, ont une particularité:
les premières transplantations effectuées à des jeunes. Ce qui revient à «une
cassure d'un tabou», selon les dires d'Attar. Ce dernier, lors de notre
rencontre, tient à souligner l'apport et l'engagement de Mme Ayadi, la
néphrologue, «qui a sacrifié sa vie familiale pour veiller quarante-huit heures
sans fermer l'Å“il les deux transplantés». Il précise l'engagement et le
dévouement du docteur M'barek, pneumo-phtisiologue et Mme Benslimane, la
pharmacienne. Tenant à rendre justice à tous ceux qui ont participé à la
réussite de ces deux interventions, le chef de service évoquera tout le
personnel paramédical qui «s'est donné corps et âme sans le moindre
intéressement.»
Dans cet ordre d'idée, nous
apprenons que la préparation d'une transplantation nécessite pas moins de trois
mois d'analyses et de bilans très approfondis. Il notera le concours précieux
d'un immunologiste de l'hôpital de Blida qui s'est chargé du typage dit HLA qui
précise la compatibilité ou non entre le donneur et le receveur du rein. Ouvrant
ce chapitre, le Pr Attar rappellera que son service dispose du laboratoire
approprié pour réaliser ce type d'investigation. Il lui manque juste une
compétence «un biochimiste ou un immunologiste», souligne-t-il. Ceux qui
assuraient ce travail dans son service ont été transférés à l'EHU du 1er
Novembre où ils doivent s'ennuyer à en crever. Un tel renforcement du service
d'urologie du CHU Oran évitera aux candidats à la transplantation, déjà
éprouvés physiquement, des déplacements éreintants jusqu'à Blida, précise notre
interlocuteur.
Abordant la question d'un autre
côté, l'on apprendra qu'une opération de transplantation rénale à l'étranger
coûte au Trésor public ou au particulier l'équivalent de 1,5 milliard de
centimes. Or, son prix ne dépassera pas les 250 millions de centimes au service
d'urologie du CHU Oran. Rien que l'hospitalisation en France d'un transplanté
se prolonge trois mois au minimum et celle du donneur requiert un mois. Le
professeur Attar estime, dans ce cadre, légitime de réclamer des
«intéressements» à son équipe qui a «acquis la main» et qui a «fait ses
preuves, puisque les treize opérations réalisées ont connu un franc succès».
Dans cet ordre d'idée, notre interlocuteur affirme «qu'il est grand temps
d'ouvrir un sérieux débat sur ce point.» En attendant, sur son agenda, le
nombre de candidats à la transplantation ne fait que grossir. Deux autres cas
sont déjà en phase de préparation. Mais attention à l'usure et à la
démotivation qui guette cette équipe qui n'a plus rien à prouver sur son
dévouement et son sens de la responsabilité.
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Posté Le : 08/03/2010
Posté par : sofiane
Ecrit par : Ziad Salah
Source : www.lequotidien-oran.com