Algérie

Deux "prix Nobel de la paix" et un millier de morts L'EGYPTE FACE À SON DESTIN


Deux
Des incessants va-et-vient qui ont précédé et qui ont aussi suivi la malheureuse tournure des événements et, aussi, des indiscrétions qui ont pu se propager ces jours, on a compris certaines choses importantes.Dans l'affaire égyptienne, la gêne des Américains et des Européens est clairement visible. Il ne faut pas croire cependant que les uns et les autres eurent été tout à fait ignorés lors du processus de décision ayant abouti à l'éloignement de Morsi et à l'assaut contre les siens. Ce qui nous semble plus proche de la réalité c'est que, dans un moment aussi crucial, l'armée égyptienne, et malgré les affirmations catégoriques de son chef actuel, ne peut se hasarder en aucun cas à prendre seule ce type de décision sans se référer (ne serait-ce que pour information) à ses partenaires de l'extérieur.
A cela, nous trouvons au moins deux motifs sérieux. Le premier c'est que l'Egypte, pays pauvre en ressources, n'arrive à subsister que grâce aux aides militaires et civiles assez importantes qui lui proviennent des Etats-Unis, de l'Europe et de quelques pays arabes. Ignorer ces pays dans une décision de cette envergure qui engage le devenir du pays aurait été suicidaire car cela entraînerait, sans doute, un arrêt asphyxiant de ces aides.
Voilà donc une première raison pour ne pas trop accorder d'attention à certaines allégations. Le second motif que nous retiendrons est celui de l'ampleur du risque d'une telle opération.
En effet, renverser un président démocratiquement élu, en 2013, en plein jour et sous les rayons du soleil du «printemps arabe», comporte beaucoup de risques dont celui d'être isolé par la communauté internationale n'est pas le moindre.
A cela, il convient d'ajouter le risque de voir les victimes du renversement réagir violemment, ce qui pourrait plonger le pays dans une situation des plus dangereuses. Voilà donc la seconde raison pour ne pas croire ce qui se dit de manière officielle.
Ce qui est plus probable c'est que rien n'ait été fait, dès le départ, sans le consentement de ces partenaires. L'occupation de la rue par l'opposition, l'escalade qui s'en est suivie, le coup d'Etat, la charge menée contre les manifestants au Caire et même la fin prévue du scénario doit être cousue déjà.
Si, cependant, on constate une gêne aussi bien chez l'administration américaine qu'à Bruxelles, cet embarras, et bien qu'il soit réel, n'est pas ressenti par rapport à nous Arabes, ni par rapport aux musulmans, ni même par rapport à tous les pays du monde. il s'agit d'un embarras ressenti par rapport à leurs citoyens et par rapport à leur opinion publique. En effet, comment expliquer à l'opinion publique américaine que leur pays ait pu se taire sur un renversement d'un gouvernement élu' Comment expliquer à leurs compatriotes qu'eux, pays de la démocratie, se mettent de l'autre côté et permettent, sans coup férir, que les balles réelles soient utilisées sans retenue contre des manifestants' Comment faire admettre la poursuite des aides à des pays qui s'inscriraient en faux contre leurs propres «principes»' Les mêmes questions se posent pour les européens vis-à-vis de leur opinion publique. C'est ce qui explique la position floue de ces deux grands partenaires de l'Egypte dans les événements qui viennent de se dérouler. C'est ce qui explique aussi leurs menaces répétées - mais à ne pas trop prendre au sérieux - de revoir leurs aides et leurs relations avec l'Egypte.
Des incessants va-et-vient qui ont précédé et qui ont aussi suivi la malheureuse tournure des événements et, aussi, des indiscrétions qui ont pu se propager ces jours, on a compris certaines choses importantes. D'abord certaines parties refusaient d'aller vers la négociation pour forcer les autres à la violence qui justifierait la réaction violente prévue. Ensuite, ces mêmes parties ont accéléré leur action pour rendre impossible toute négociation. L'issue de la situation était donc voulue, planifiée.
Or, peut-on prévoir une opération aussi compliquée sans le feu vert des Etats-Unis et de l'Europe' Mais Américains et Européens se sont gardés de condamner fermement ce qui se passe en Egypte, se contentant de menaces et de discours futiles et, en contrepartie, l'armée égyptienne jure par la bouche de Sissi, qu'elle n'a associé personne à sa décision. Tout le monde est ainsi préservé, les honneurs sont saufs et les opinions publiques ici et là peuvent bien continuer à dormir. Elles ont le confort du silence et l'excuse de l'ignorance.
De leur côté, les deux prix Nobel de la paix engagés dans ces évènements sanglants n'ont pas manqué de faire un tour d'honneur de l'arène. Obama a tenu une conférence de presse sans utilité et sans relief et El Baradaï a présenté une démission sans effets. El Baradai, tout comme Obama, auraient ainsi donné l'impression d'avoir fait quelque chose finalement, ne serait-ce que pour la forme.
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