Algérie

Deux poids, deux mesures



La menace d'intervenir militairement au Niger, agitée en l'air par la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (Cédéao) afin de rétablir l'ordre constitutionnel, tous les efforts diplomatiques déployés dans ce sens par des organisations internationales et plusieurs pays, ainsi que les sanctions économiques et les suspensions d'aides financières au Niger, n'ont pas pu changer d'un iota la situation qui prévaut dans le pays depuis le 26 juillet dernier, date du coup d'Etat militaire qui a renversé le président Mohamed Bazoum. Il n'y a pas d'échec aux efforts diplomatiques qui, tôt ou tard, finissent par s'imposer sur le terrain, mais c'est la menace d'intervention militaire qui met dans l'embarras ceux qui l'ont brandie.Du temps s'est écoulé depuis la fin de l'ultimatum (dimanche 6 août) accordé par la Cédéao aux militaires qui ont renversé le président Mohamed Bazoum, mais cette menace d'une intervention militaire qui s'éloigne dans la réalité du terrain, reste une « option ultime » selon les dires de ce groupement économique. Les dirigeants des pays membres de la Cédéao n'ont-ils pas fait dans la précipitation en brandissant cette menace qui ne leur permet ni de reculer ni d'avancer ' Au départ, cette intervention militaire paraissait plausible, mais son rejet par des puissances régionales et internationales dont l'Algérie, qui partage avec le Niger une frontière d'un millier de kilomètres, a fini par étouffer cette action dure. Le Mali et le Burkina Faso sont allés loin en considérant toute intervention militaire au Niger comme une attaque contre leurs pays. Est-ce suffisant pour la ranger définitivement dans le placard ' On parle encore d'une mobilisation militaire prête à intervenir au Niger, même si on privilégie les voies pacifiques, mais on ne sait pas de quelle épaisseur est fait le fil entre les deux options ' Le caractère secret d'une intervention militaire, s'il y a lieu, ne permet pas d'annoncer quand et où seront portés les premiers coups. Dans ce sillage, d'autres questions, en lien avec ce bruit de bottes, remontent à la surface.
Pourquoi la Cédéao n'a pas brandi cette menace d'intervention militaire contre le Mali, le Burkina Faso et la Guinée, lors de récents coups d'Etat militaires quasi semblables à ce qui se passe actuellement au Niger ' Quelle différence existe-t-il entre les trois premiers pays et le Niger pour qu'une menace d'intervention militaire soit brandie par la Cédéao dans le cadre d'une restauration de l'ordre constitutionnel au Niger mais pas ailleurs, où l'ordre constitutionnel a été bousculé bien avant ' La Cédéao, pour garder sa crédibilité, aurait mieux fait de s'en tenir aux mêmes démarches et décisions adoptées contre le Mali, le Burkina Faso et la Guinée, soit leur exclusion des rangs de la communauté et autres sanctions économiques, même si les sanctions économiques sont injustes à cause de leurs effets néfastes sur des populations qui n'ont rien à voir avec les luttes pour le pouvoir. L'exigence d'un retour à l'ordre constitutionnel est tranchante, encore faut-il qu'elle soit exprimée sur un même ton pour tous les pays qui traversent l'épreuve des coups d'Etat.


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