Algérie

Deux poids, deux mesures


Le gotha politique français, toutes tendances confondues - de la gauche à la droite, en passant par le centre et les verts - était présent mardi à la place de la République, à Paris, pour prendre part à un meeting appelant au départ des troupes syriennes du Liban. Il y a quelques mois encore, l?armée de Tsahal tirait sur tout ce qui bougeait dans la bande de Ghaza occupée par les troupes et les chars israéliens pendant une dizaine de jours dans l?indifférence totale de la communauté internationale. Le génocide auquel faisait face en direct le peuple palestinien n?avait pas empêché les consciences prétendument démocratiques dans le monde, y compris au pays des droits de l?homme, en France, de dormir d?un sommeil profond et apaisé. On n?a pas vu dans l?Hexagone une mobilisation aussi massive et unanime de la classe politique française pour exiger l?arrêt des massacres des Palestiniens et demander des comptes à Sharon. Cette politique de deux poids, deux mesures de la France officielle et officieuse constitue un des fondements doctrinaux de la politique étrangère de Paris. Pour la France, la notion d?occupation étrangère s?apprécie au cas par cas et selon ses intérêts bien compris. Sinon comment Paris peut-il décemment qualifier la présence des troupes syriennes au Liban de forces d?occupation et demander leur départ du pays du Cèdre et ne pas s?appliquer à soi-même ce principe intangible de droit international de respect de la souveraineté des Etats ? En vertu d?accords de défense mutuels, la France entretient une présence militaire dans une bonne demi-douzaine de pays africains. Personne dans les milieux politiques français, à quelques rares exceptions de certaines voix humanistes, ne s?offusque du déploiement des troupes françaises hors Hexagone. Tout le monde trouve cela normal et politiquement correct même lorsque l?aviation d?un pays souverain, en l?occurrence la Côte d?Ivoire, est clouée au sol par des avions de chasse français en signe de représailles pour punir les autorités ivoiriennes de la mort de soldats français dans le conflit qui a secoué ce pays.
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