L'information est tombée vendredi en fin d'après-midi. Un attentat à la bombe a visé trois officiers supérieurs de l'ANP, circulant à bord d'un véhicule civil, sur un chemin communal, dans la région du piémont du massif de Bouzegza au sud de la ville de Boudouaou, dans la wilaya de Boumerdès. Deux officiers supérieurs ont été tués et un troisième blessé.
Si cet attentat a mis en émoi la population, il n'a, cependant, pas surpris les observateurs de la scène sécuritaire. Cet acte suscite plusieurs remarques. L'attaque contre des militaires haut gradés a été planifiée et commise dans une zone relativement calme. Nous y avons réalisé un reportage lors de la tempête de neige du début de l'année, sur l'aide de la population d'un village de la même région apportée aux agents de la Sonelgaz pour rétablir la ligne de haute tension. En dépit des difficultés du moment, nous y avons rencontré une population paisible et attachée à sa tranquillité. Mais le travail qu'accomplissaient, dans l'ombre, les salafistes a sûrement échappé à la vigilance d'un responsable de la société civile locale qui nous assurait que les salafistes armés n'ont aucune chance de s'implanter dans les villages installés au pied du mont Bouzegza, autre haut lieu de la révolution de Novembre 1954. L'attentat de vendredi ne pouvait en effet être accompli sans l'aide d'un réseau local de soutien. Après l'élimination, en 2008, de Bititraoui, redoutable «émir» de la katibate El Feteh qui écumait, sous la bannière du GSPC, affilié à Aqmi, une partie de la région ouest de la wilaya de Boumerdès comprenant Boumerdès-Ville, Boudouaou, Bouzegza et Tidjelabine ; les agglomérations en question ont vécu, depuis, une relative accalmie. Force, cependant, est de constater que cette phalange a reconstitué un potentiel de nuisance. Des sources locales parlent de la présence dans les montagnes d'une vingtaine d'éléments armés, dont pas moins de cinq sont natifs des villages proches du lieu de l'attentat.
Retombées médiatiques
Ce groupe signalé au sud de Boudouaou, a-t-il des capacités militaires pour mener des attaques à l'arme contre les unités des services de sécurité ' Il l'aurait fait vendredi ou un autre jour d'autant que la région enclavée, avec son terrain boisé et accidenté, est favorable à des opérations de guérilla. Il ne reste finalement aux éléments de cette katibate reconstituée, et à celles d'El Arkam et El Ansars, ayant rallié Aqmi et activant dans la wilaya de Boumerdès, que la pose de bombes artisanales en bord de routes et dont la mise à feu, à distance, aux passages des véhicules des services de sécurité, ne requiert aucune prise de risque. De plus, les attentats de ce type font des victimes et causent des dégâts. Comme leurs effectifs s'amoindrissent et le recrutement devient plus difficile, les «émirs» des katibates optent pour les attaques sans risque ayant un effet médiatique ; c'est leur façon de rappeler leur présence et d'entretenir la peur au sein de la population pour la racketter. Les terroristes tiennent compte par ailleurs de la grande mobilité des services de sécurité lors des grands rendez-vous politiques, sociaux, les examens comme le bac, les fêtes républicaines ou religieuses, et ils s'en saisissent pour mener ce genre d'attentats à l'effet de causer des pertes et empoisonner le climat social. Les élections législatives du 10 mai focalisent l'attention des médias nationaux et étrangers et d'institutions internationales qui ont dépêché des centaines d'agents. L'occasion est trop belle pour Aqmi de s'engouffrer dans la conjoncture pour imposer un débat en milieu populaire, alors que la classe politique, qui aspire à gouverner le pays, par incompétence ou par peur des représailles du pouvoir, occulte complètement le problème, de loin le numéro un du pays : la sécurité.
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Posté Le : 06/05/2012
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Abachi L
Source : www.lesoirdalgerie.com