Algérie

Deux monuments centenaires ignorés



L'huilerie traditionnelle, qui fait partie de l'EAC 53, construite en 1898 dans une zone rurale au sud-est de la commune de Meurad (Tipasa), continue à fonctionner jusqu'à nos jours. Elle a été érigée à l'extrémité ouest de la plaine de la Mitidja.Le barrage de Meurad, le plus ancien en Algérie, est opérationnel depuis 1862, alors que les travaux de sa construction avaient été entamés en 1851. «C'est un musée», déclare Necib Hocine, ministre des Ressources en eau, lors de sa dernière visite dans la wilaya de Tipasa. Ce barrage se trouve en amont de l'huilerie traditionnelle de Boudjebroune, une agglomération rurale qui ne bénéficie pas d'une grande attention des autorités locales. Ses potentialités en matière agricole et touristique ne sont malheureusement pas exploitées.
Le sort de cette agglomération rurale pourvue de deux monuments plus que centenaires aurait pu être meilleur si les gestionnaires des affaires publiques locales s'étaient penchés sur le devenir de leur cité. Les paysages naturels sont paradisiaques. Boudjebroune, ce grand hameau, mérite mieux s'il y avait un élan de solidarité. Les maisons illicites ont vu le jour dans l'anarchie. Les routes impraticables suscitent l'ire des automobilistes. Beaucoup de jeunes occupent les semblants de trottoirs. A la sortie de l'école, de nombreux élèves prennent la direction de la maison, des baguettes de pain pour les uns, des galettes pour les autres à la main, afin de pouvoir manger du pain imbibé d'huile d'olive. Tout se déroule dans la bonne ambiance. Les ouvriers de cette huilerie traditionnelle sont habitués à ce «show» de midi depuis plusieurs décennies. Néanmoins, cette huilerie traditionnelle étouffe, car elle est encerclée par une multitude d'habitations illicites. Quand il y a une coupure d'électricité, la machine s'arrête.
L'huilerie, qui emploie sept ouvriers, ne dispose pas d'un groupe électrogène. «Nous avons besoin de travaux de réhabilitation et de confortement de notre outil de travail et, bien entendu, d'un groupe électrogène», nous déclare Hammiche, un responsable de la production. La capacité de production de cette huilerie ne dépasse pas onze litres pour un quintal d'olives. «Nous gardons seulement deux litres pour nous et livrons neuf litres à la personne qui nous a remis le quintal d'olives», nous explique notre interlocuteur. Un litre d'huile d'olive produit à la source à Boudjebroune est vendu à 800 DA. Il n'y a aucune règle pour la vente. Les ouvriers vendent de l'huile à tout le monde, sans exception. Certains commerçants ne se gênent pas pour acheter une grande quantité pour la revendre ensuite. Les ouvriers de l'huilerie sont très sympathiques et affichent leur disponibilité aux visiteurs, avec les mêmes réflexes et les mêmes paroles.
Des femmes seules de Tipasa et de Hadjout viennent s'approvisionner en huile. L'ambiance est conviviale. Cette huilerie fonctionne du mois de novembre jusqu'au mois de décembre. «Nous épuisons le stock d'olives que nous remettent des citoyens et des fellahs, nous explique Hammiche, mais nous souhaitons recevoir d'autres quantités, nous voulons travailler pour gagner de l'argent.» Dommage que ces deux monuments centenaires, de surcroît créateurs de richesses, soient ignorés. Ecotourisme, dites-vous '


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