Yacine, 40 ans, n'habite dans ce quartier de la périphérie d'Alger que depuis une semaine. Ce qu'il y trouve de bien c'est qu'il y a toujours une place pour garer sa voiture. Rien à voir avec les quartiers du centre de la capitale où il doit tourner parfois pendant deux heures avant de dénicher un petit stationnement.
Yacine, 40 ans, n'habite dans ce quartier de la périphérie d'Alger que depuis une semaine. Ce qu'il y trouve de bien c'est qu'il y a toujours une place pour garer sa voiture. Rien à voir avec les quartiers du centre de la capitale où il doit tourner parfois pendant deux heures avant de dénicher un petit stationnement.
Cette fin d'après-midi-là (c'était au mois de mai de l'année dernière), il trouva une place juste en face d'une petite villa et à quelque 80 mètres de l'immeuble où il habitait. Une place de rêve, surtout qu'à partir de son balcon, il avait une vue imprenable sur sa voiture qu'il pouvait surveiller.
Dès qu'il fut descendu de voiture, un quinquagénaire l'apostropha en gesticulant :
- Khouya, il est interdit de stationner ici. C'est en face d'un domicile.
- Il est à toi, ce domicile '
- Non... mais à quelqu'un qui n'est pas commode... Il travaille dans une importante administration. Je me suis permis de parler à sa place pour éviter une rixe inutile.
Yacine se gratta la tête et répondit :
- J'ai vu cette inscription sur le portail... «Propriété privée. Défense de stationner». Elle est illégale... Elle aurait été légale si le propriétaire de cette villa avait un document attestant qu'il a acheté ou loué cette chaussée... Si au moins, j'avais garé devant un garage, j'aurais compris que mon stationnement soit problématique. Mais là, j'ai garé juste en face d'un portail qu'utilisent uniquement des personnes. Je te ferai remarquer qu'un peu plus loin, il y a un portail de garage portant la même inscription et appartenant au même domicile.
A ce moment, sortit Rabah, le fonctionnaire de l'Etat en question. Il fusilla du regard Yacine et lui lança :
- Enlève cette voiture de là... Il est interdit de stationner.
- Parce qu'elle est en face de ta villa '
- Oui.
- Tu as un désistement de la commune stipulant que cette chaussée est à toi '
- Enlève- là, je te dis, sinon tu auras des problèmes !
- Chiche ! Ma voiture restera là et si jamais tu la touches tu auras affaire à moi.
Le ton monta entre les deux hommes puis des voisins intervinrent et finirent par convaincre Yacine d'enlever sa voiture de devant la villa.
Le quinquagénaire sourit, se fit conciliant et prit Yacine par la main :
- Il vaut mieux éviter les problèmes, mon frère. Il y a tout près d'ici trois places de stationnement. Ce serait bête d'insister pour garer ta voiture dans un lieu si problématique. Yacine maudit Satan et gara sa voiture dans un autre endroit et tout rentra dans l'ordre. Mais le lendemain, en fin d'après-midi, il eut beau tourner dans la cité, il ne trouva qu'une seule place de disponible : celle de la veille ! Toujours convaincu que la chaussée appartenait à tout le monde, donc n'était la propriété de... personne, il y gara sa voiture. Et cette fois-ci, personne ne vint l'en empêcher.
Mais le lendemain matin, il trouva le pneu gauche de sa voiture déchiqueté à coups de couteau.
Le quinquagénaire de la veille passa près de Yacine et lui dit :
- Tu as vu ce que t'a coûté le stationnement à cet endroit ' Un pneu !
- Mais qui a fait ça '
Le quinquagénaire éclata de rire :
- Mais c'est le propriétaire de la villa, bien sûr... Qui veux-tu que ce soit d'autre ' C'est normal qu'il réagisse ainsi. Tu as garé devant sa maison ! Tu l'as agressé devant chez lui !
Yacine réfléchit rapidement. Deux solutions s'offraient à lui : faire subir au visage du fonctionnaire les mêmes dégâts infligés à son pneu ou faire preuve de plus de civisme et d'intelligence et déposer plainte contre lui. Il opta pour la deuxième solution, d'autant plus qu'il n'avait pas le temps de se chamailler en raison de son emploi du temps très chargé.
Comme Rabah ne s'était pas présenté lors des premières séances du tribunal, il fut condamné par défaut à deux mois de prison ferme et à une amende de 20.000 DA. Ce n'est que récemment, une fois qu'il eut été mis au courant de ce verdict prononcé à son encontre et en son absence qu'il daigna enfin se rendre au tribunal de Bir Mourad Rais pour faire appel.
Il eut droit à la confirmation des deux mois de prison ferme et à la même amende. Yacine, plus «civilisé» ne gara plus jamais sa voiture devant la villa du fonctionnaire. Ce dernier finit par avoir raison... après avoir eu tort au tribunal.
Cette fin d'après-midi-là (c'était au mois de mai de l'année dernière), il trouva une place juste en face d'une petite villa et à quelque 80 mètres de l'immeuble où il habitait. Une place de rêve, surtout qu'à partir de son balcon, il avait une vue imprenable sur sa voiture qu'il pouvait surveiller.
Dès qu'il fut descendu de voiture, un quinquagénaire l'apostropha en gesticulant :
- Khouya, il est interdit de stationner ici. C'est en face d'un domicile.
- Il est à toi, ce domicile '
- Non... mais à quelqu'un qui n'est pas commode... Il travaille dans une importante administration. Je me suis permis de parler à sa place pour éviter une rixe inutile.
Yacine se gratta la tête et répondit :
- J'ai vu cette inscription sur le portail... «Propriété privée. Défense de stationner». Elle est illégale... Elle aurait été légale si le propriétaire de cette villa avait un document attestant qu'il a acheté ou loué cette chaussée... Si au moins, j'avais garé devant un garage, j'aurais compris que mon stationnement soit problématique. Mais là, j'ai garé juste en face d'un portail qu'utilisent uniquement des personnes. Je te ferai remarquer qu'un peu plus loin, il y a un portail de garage portant la même inscription et appartenant au même domicile.
A ce moment, sortit Rabah, le fonctionnaire de l'Etat en question. Il fusilla du regard Yacine et lui lança :
- Enlève cette voiture de là... Il est interdit de stationner.
- Parce qu'elle est en face de ta villa '
- Oui.
- Tu as un désistement de la commune stipulant que cette chaussée est à toi '
- Enlève- là, je te dis, sinon tu auras des problèmes !
- Chiche ! Ma voiture restera là et si jamais tu la touches tu auras affaire à moi.
Le ton monta entre les deux hommes puis des voisins intervinrent et finirent par convaincre Yacine d'enlever sa voiture de devant la villa.
Le quinquagénaire sourit, se fit conciliant et prit Yacine par la main :
- Il vaut mieux éviter les problèmes, mon frère. Il y a tout près d'ici trois places de stationnement. Ce serait bête d'insister pour garer ta voiture dans un lieu si problématique. Yacine maudit Satan et gara sa voiture dans un autre endroit et tout rentra dans l'ordre. Mais le lendemain, en fin d'après-midi, il eut beau tourner dans la cité, il ne trouva qu'une seule place de disponible : celle de la veille ! Toujours convaincu que la chaussée appartenait à tout le monde, donc n'était la propriété de... personne, il y gara sa voiture. Et cette fois-ci, personne ne vint l'en empêcher.
Mais le lendemain matin, il trouva le pneu gauche de sa voiture déchiqueté à coups de couteau.
Le quinquagénaire de la veille passa près de Yacine et lui dit :
- Tu as vu ce que t'a coûté le stationnement à cet endroit ' Un pneu !
- Mais qui a fait ça '
Le quinquagénaire éclata de rire :
- Mais c'est le propriétaire de la villa, bien sûr... Qui veux-tu que ce soit d'autre ' C'est normal qu'il réagisse ainsi. Tu as garé devant sa maison ! Tu l'as agressé devant chez lui !
Yacine réfléchit rapidement. Deux solutions s'offraient à lui : faire subir au visage du fonctionnaire les mêmes dégâts infligés à son pneu ou faire preuve de plus de civisme et d'intelligence et déposer plainte contre lui. Il opta pour la deuxième solution, d'autant plus qu'il n'avait pas le temps de se chamailler en raison de son emploi du temps très chargé.
Comme Rabah ne s'était pas présenté lors des premières séances du tribunal, il fut condamné par défaut à deux mois de prison ferme et à une amende de 20.000 DA. Ce n'est que récemment, une fois qu'il eut été mis au courant de ce verdict prononcé à son encontre et en son absence qu'il daigna enfin se rendre au tribunal de Bir Mourad Rais pour faire appel.
Il eut droit à la confirmation des deux mois de prison ferme et à la même amende. Yacine, plus «civilisé» ne gara plus jamais sa voiture devant la villa du fonctionnaire. Ce dernier finit par avoir raison... après avoir eu tort au tribunal.
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Posté Le : 14/06/2012
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : kamel Aziouali
Source : www.lemidi-dz.com