Algérie

Deux ministres ont menti aux Algériens



Si la ménagère a pris l'habitude de se faire brûler les doigts pour acheter la tomate à la veille du mois de Ramadhan ou de vider son porte-monnaie pour des navets et des courgettes à chaque fête du Mawlid Ennabaoui, elle se retrouve, aujourd'hui, face à une flambée qui concerne presque la totalité des produits de large consommation. Cette dernière a su se passer de la viande rouge, du poulet, de la sardine et même des oeufs, dont le plateau de 30 pièces est cédé à 450 DA. Elle veille aussi à ne consommer qu'occasionnellement les fruits, même ceux de saison, en raison de leur cherté. Mais que peut-elle bien faire lorsque la pomme de terre, tubercule indispensable pour les tables des Algériens, atteint les 130 DA le kilo' Deux ministres ont souvent répondu aux préoccupations de la ménagère, l'assurant à chaque fois de la disponibilité et en abondance, de tous les produits. Pas plus tard que jeudi dernier, Abdelhamid Hamdani, le ministre de l'Agriculture, a fait état de cette disponibilité des produits agricoles à même de réaliser la sécurité alimentaire du pays. C'était lors d'une séance au Conseil de la nation consacrée aux questions orales. Le ministre a souligné que l'Algérie figure, depuis 15 jours, dans la cellule bleue de l'Organisation des Nations unies (ONU), en vertu d'un communiqué publié par l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO). Il affirme que si la FAO a classé l'Algérie dans la cellule bleue, en tant que seul pays en Afrique et dans le Monde arabe, à assurer la sécurité alimentaire, «nous déduisons que la disponibilité existe et la sécurité alimentaire a été réalisée». Mais quelle fierté y a-t-il à tirer d'un classement de la FAO, si les produits sont réellement disponibles mais inaccessibles' Que faire de cette disponibilité, lorsqu'une famille algérienne n'arrive pas à s'assurer un repas, en raison de la perte du pouvoir d'achat et de la cherté de la vie' Pour quelle raison des produits disponibles affichent-ils des prix aussi élevés' Lorsqu'il y a abondance, les prix baissent, c'est la loi de l'offre et de la demande. En Algérie, les prix défient cette règle de l'économie et Kamel Rezig qui a toujours assuré, lui aussi, d'une grande disponibilité de tous les produits, même lorsqu'il y avait pénurie de l'huile ou la farine, n'a cessé de prendre des mesures pour réguler le marché sans que jamais cela n'aboutisse. Rezig, il faut le rappeler, avait promis de céder la viande rouge à 1 000 DA le kilo au moins durant le Ramadhan et le poulet à 250 DA le kilo. Raté! Le rendez-vous donné aux Algériens pour le dernier Ramadhan a été un flop total. Et lorsque le poulet a pris des ailes dépassant les 600 DA le kilo, ces dernières semaines, le ministre du Commerce a choisi de se taire ou de se terrer. Il aura fallu que le président de la République intervienne pour que le problème soit pris en charge. Abdelmadjid Tebboune a ainsi décidé de traiter des préoccupations citoyennes, lors du dernier Conseil des ministres, tenu samedi dernier. Il a donné des instructions fermes pour lutter contre la flambée des prix «même si l'on doit recourir à l'importation, à titre urgent et exceptionnel, pour préserver le pouvoir d'achat et inonder le marché des produits objet de spéculation, particulièrement les produits de large consommation et les viandes blanches». Le chef de l'Etat a décidé d'une importation d'appoint du poulet pour faire baisser son prix. Mais pas seulement, cette mesure conjoncturelle va concerner tout produit de large consommation dont les prix connaissent une hausse démesurée. Si on décide de recourir à l'importation même à titre exceptionnel, cela ne signifie-t-il pas que le produit existant est insuffisamment disponible' Avec une telle décision, le président de la République, dont le souci premier est de soulager les citoyens du poids insurmontable de la flambée, met à nu l'incapacité de ces ministres à gérer une situation de crise. Pis encore, elle démontre que les déclarations des deux ministres sur la profusion des produits ne reflètent nullement la réalité du terrain. Hemdani et Rezig ont-ils menti aux Algériens'


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