«Dépassons les rancunes. Regardons l'avenir et combattons tous ensemble le colonialisme», disait cheikh Ahedadh.
Présenté au public dans la soirée de vendredi dernier au TNA d'Alger, à l'occasion de la célébration du Cinquantenaire de l'indépendance nationale, la pièce théâtrale Cheikh Aheddadh, portant sur la mémoire et le combat de cheikh Aheddadh El Mokrani, lors
de l'insurrection du 8 avril 1871, a révélé toute l'originalité et l'importance de cette période charnière dans l'histoire du pays. Relatant les faits qui se sont déroulés à Seddouk dans la wilaya de Béjaïa, l'engagement du père spirituel de cette insurrection populaire a marqué la biographie du personnage qui a consacré sa vie au bien-être de la population, à commencer par son combat pour l'égalité des droits et la lutte contre le colonialisme français, pendant cette période de misère et de l'indigénat.
Les femmes reviennent souvent dans leurs chants et la mise en scène «Il n'y a pas d'égal à cheikh Ahedadh», selon elles. En effet, le raisonnement juste, la lucidité du chef spirituel, qui a été élu à l'unanimité par les habitants de son village natal à Seddouk Oufella, sur les hauteurs de la vallée de la Soummam, démontrent largement l'esprit de dialogue et de concertation «Dépassons les rancunes et les intérêts personnels. Regardons l'avenir et combattons tous ensemble, contre l'ennemi commun qui est le colonialisme», disait-il crânement à ses adversaires bachaghas en jetant sa canne par terre. «Nous allons jeter les colons dans la mer, comme je jette ma canne par-terre», disait-il à l'age de 80 ans et plus, pour éveiller les consciences de ceux qui s'étaient soumis à l'ordre colonial.
Répartie en trois étapes essentielles de sa vie, la Tariqa errahmania, à laquelle il s'est intié auprès du village Ath Smaïl en Kabylie, a été à la base d'une formation solide, d'où sa distinction parmi tous les habitants, au point de recevoir des centaines et des milliers d'adeptes qui ont suivi sa voie et son choix. La Tariqa errahmania, était trois fois plus grande en nombre d'adhérents et cinq fois plus présente à travers le pays que la Tariqa ettidjania, selon les dialogues qui ont été mis en valeur sur scène. Il y'avait en tout, plus de 1800 personnes influentes à la Tariqa errahmania à l'époque.
Le deuxième volet de la pièce a été celui de la période de la lutte avec ses deux enfants Ahmed et Aziz aux côtés de cheikh El Mokrani en gagnant la confiance de 250 villages de la Kabylie qui étaient tous pauvres. Ils luttaient tous pour l'égalité et l'indépendance de l'Algérie. En chef spirituel averti, cheikh Ahedadh, choisit la journée du marché pour appeler la population, à être aux côtés des révolutionnaires algériens qui combattaient pour la dignité humaine et la justice sociale. Des familles pauvres sont venues se plaindre auprès de cheikh Ahedadh qui à pris en charge leurs doléances, en jurant de faire valoir leurs droits et leur dignité, tout en traçant les jalons d'une révolution qui sera portée haut et fort par d'autres générations jusqu'à l'indépendance du pays.
Le troisième volet porte sur la réaction des forces coloniales qui ont reçu des renforts de plus en plus importants, au point de mettre un terme à l'insurrection et juger 147 personnes indigènes, sans compter les nombreux combattants qui sont tombés au champ d'honneur à travers le pays. Une chose est certaine, l'originalité de la pièce théâtrale et la mise en scène sont géniales. Aussi, les messages qui ont été lancés par le père spirituel cheikh Ahedadh sont, jusqu'à nos jours, d'actualité chez des milliers de jeunes post-indépendance qui les ont adoptés et mis en valeur au-delà des frontières.
Le texte original écrit par Mohand Aït Ighil, est mis en scène par Omar Fetmmouche. La pièce théâtrale sur la mémoire du personnage est un véritable exercice de conscience pour celles et ceux qui ont oublié ou méconnu cette phase de l'histoire de notre peuple. Réalisée par le TRB de Béjaïa, la pièce théâtrale Cheikh Aheddadh, est une production à voir et à revoir autant de fois que possible.
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Posté Le : 04/02/2013
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Amar CHEKAR
Source : www.lexpressiondz.com