Algérie

Deux livres, une histoire



Deux livres, une histoire
Le Café littéraire et philosophique organisé par l'Entreprise d'organisation et de manifestations culturelles, économiques et scientifiques (Emev) revient presque tous les quinze jours. Au petit théâtre de la maison de la culture Mouloud-Mammeri furent conviés samedi dernier Mustapha Rafai, ancien joueur de la JSK qui a écrit « JSK, itinéraire de la création à la réforme sportive » et Mohamed Attaf (écrivain-poète), qui a présenté sa dernière œuvre « Chants d'angoisse et de colère ». Le débat modéré par Youcef Merahi s'est articulé autour du thème : « Tizi Ouzou, mémoire et identité ». Le thème dans l'ensemble n'a pas été abordé car les deux auteurs dans leurs interventions de 20 minutes chacun se sont contentés de présenter leurs écrits et de répondre aux questions d'un auditoire peu nombreux. Mohamed Attaf dira que « sa nouvelle œuvre en trois tomes est le fruit de 30 années d'écriture au jour le jour ». « 30 années d'annotation de faits, d'événements et autres moments doux, amers, tristes et joyeux restitués au quotidien », précisera-t-il. Ces faits relevés dans le moindre détail ont été transcrits dans 20 cahiers d'écolier, soit plus de 4000 pages. « Ma vie professionnelle, ma famille, mes amis, mes collègues, les événements qui ont marqué mon quotidien, celui de ma région et de mon pays étaient relevés tous les jours », ajoutera l'auteur . « Je ne me contentais pas d'écrire ce que je venais de vivre mais j'apportais aussi mes critiques et mon analyse de ce je venais d'enregistrer dans ma mémoire que je cochais le soir venu sur une feuille de cahier », dira Mohamed Attaf qui ne manquera pas de mettre en exergue l'admiration qu'il vouait aux auteurs algériens comme Mouloud Feraoun « qui m'a inspiré pour tenir un journal ». Un journal qui, selon l'auteur, devait être celui de tous les jeunes de l'époque où le romantisme prédominait dans les lignes rédigées chaque soir à l'abri du regard des parents. « Avec tout ce que je récoltais de la journée comme vécu, je me suis dit pourquoi ne pas en faire tout simplement un livre. Et puis 30 années après que je n'ai pas vu passer, j'avais décidé de tout arrêter d'un seul coup pour me consacrer à la littérature proprement dite », soulignera encore l'auteur avant d'ajouter : « Je me suis dit pourquoi ne pas partager ces moments avec mes concitoyens qui ont vécu comme moi chacun dans son petit coin ces moments. Il fallait aussi s'adresser aux nouvelles générations, d'avoir une idée du comment on avait connu les privations, subi les humiliations, les brimades du parti unique, les affres, le sang, la violence des années sombres mais aussi ces moments de liberté retrouvée en 1988, les balbutiements de la démocratie ». Il expliquera à son auditoire que les 4.000 pages de son journal ont été réduites à 1.000. « Je l'avais élagué de certains faits que j'avais jugés de moindre importance » avant de le déposer aux éditions Dalimen. « Une responsable de ces éditions lui a juste déclaré : « J'espère qu'il ne comporte pas d'insultes. » Lors des débats, il répondra aux multiples questions qui lui ont été posées, notamment celles liées à la place accordée aux grands événements qui ont marqué la Kabylie, notamment ceux ayant trait à la revendication amazigh, à l'enlèvement et à l'assassinat de Lounès Matoub, à la place de la femme et ­son sacrifice. « Toutes vos remarques y sont portées dans le moindre détail », dira-t-il en renvoyant à certains passages de son œuvre.Pages de sport et d'histoireDe son côté, Mustapha Rafai s'est intéressé à l'histoire de ce grand club que fut la JSK. L'auteur a retracé la parcours de celle-ci depuis la création du club jusqu'à la réforme qui avait permis à la JSK de connaître ses heures de gloire. Il a remonté le temps, comme il le faisait si bien balle au pied sur le terrain où il était ce porteur d'eau de l'équipe avec le N° 8 floqué sur son maillot. Il a donné libre cours à son inspiration pour évoquer cette glorieuse équipe à travers des anecdotes et le vécu des dirigeants et des joueurs. Documents d'époque à l'appui, il est revenu sur la naissance de la JSK et celle des clubs qui l'avaient précédée notamment le Rapid Club de Tizi Ouzou (RCTO) ou le club colonial de l'OTO (Olympique de Tizi Ouzou). Il a mis en exergue le rôle des hommes qui ont donné le jour à la JSK. Il a toutefois occulté cette période où certains citoyens de la ville de Tizi Ouzou avaient tenté de créer la WA Kabylie pour concurrencer la JSK au milieu des années 60, qui semblait les déranger quelque peu. C'était un non-événement tant le projet ne s'était pas concrétisé », dira-t-il dans les débats alors que les visées étaient justement de nuire et de porter atteinte à ce grand club, n'eut été la vigilance du wali de l'époque qui avait rejeté la demande d'agrément qui a été déposée au niveau de la wilaya pour en faire justement un non-événement. Mustapha Rafai, à travers cette écriture de l'histoire, a voulu, comme il nous le dira, apporter son éclairage sur les hauts et les bas vécus par ces hommes qui ont fait la grandeur de la JSK. « C'est une petite contribution que je voulais apporter en faisant appel à la mémoire encore vivace de certains anciens dirigeants avant qu'elle ne s'altère pour tenter de rapporter fidèlement et objectivement leur propre vécu non sans faire des recoupements. » « J'ai tenu à ramasser un maximum de documents d'archives », précisera l'auteur de cette œuvre agrémentée aussi de photographies d'époque. Pour Mustapha « Toto », comme l'appelaient affectueusement ses potes à l'époque, « les matches de la JSK ont été de tout temps, cet exutoire où les gens pouvaient exprimer leur nationalisme, leur rêve, leur soif de liberté et d'indépendance du temps du colonisateur, leur revendication identitaire et de liberté et de démocratie sous le régime unique sans que les gens qui se confondaient dans la foule ne risquent d'être arrêtés ou torturés ». Selon lui, « la JSK a été aussi ce ciment qui unissait les Algériens qui voulaient se débarrasser du joug colonial. Elle fut aussi le vecteur de revendication d'un Etat de droit où tamazight aurait sa place dans une démocratie où tout un chacun pouvait s'exprimer hors de l'enceinte d'un stade ». Enfin, il confiera enfin que « le projet de la création d'une association d'anciens joueurs de la JSK était toujours dans l'air ». Il pourrait voir le jour dans les mois à venir.




Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Nom & prénom
email : *
Ville *
Pays : *
Profession :
Message : *
(Les champs * sont obligatores)