Algérie

Deux inculpés: deux verdicts



Deux inculpés: deux verdicts
Si pour Rabah, c'était clair, Lembarek R. le client de Maître Amine Morsli a eu droit à une...perche.
Rabah K. est un jeune de vingt-cinq ans, natif de Bordj Bou Naâma et résident à Tiaret qui comparaît pour vol par effraction ou du moins la tentative.
Devant l'autre Rabah, Hadj Barik, le juge de Koléa (cour de Blida), le détenu se plaint d'être à l'ombre depuis le 9 décembre 2012 pour rien. Et c'est lui qui le dit.
«C'est Fatah, mon copain d'atelier qui est allé voir la victime, ici présente, pour l'informer que vous étiez le responsable du délit constaté.
L'inculpé avait tendance à trop parler et donc balancer des bêtises. Ce qui va pousser Barik à mettre le holà à cette situation, surtout que la victime, en ayant bien vu la tête du détenu, s'était mordu les lèvres de remord puisqu'elle ne l'avait pas surpris tentant de voler, pourquoi irait-il poursuivre un pauvre mec sur les déclarations d'un autre plus pauvre mec'
Cette situation qui a vu un jeune du sud-ouest du pays être jugé au nord-ouest de Blida par un juge dont la qualité première est la rectitude, juste après la compétence, a donné comme première conséquence le silence justifié à Moussaoui le jeune parquetier qui a dû bien suivre les péripéties de ce môme parachuté dans la «citadelle» sans trop savoir pourquoi. Il a su une chose eu ce dimanche printanier, c'est qu'il n'a rien à voir avec cette inculpation de tentative de vol. Sombre épisode et nous ne saurons jamais comment s'y sont pris les éléments des services de sécurité pour arrêter un peut-être innocent' Car il est vrai qu'à onze heures vingt-cinq, Rabah K. est présumé inculpé et donc innocent jusqu'à ce que la preuve de son inculpation soit apportée sur le pupitre du juge qui ne s'embarrassera donc pas de scrupules pour décider sur le siège de la relaxe de l'enfant de Tiaret contre qui une peine d'emprisonnement ferme avait été requise...
Robotiquement, Moussaoui étant ligoté par l'indivisibilité du siège. Cette affaire passée, Barik passera sans transition à un autre détenu défendu par Maître Amine Morsli venu de Boufarik sauver les meubles fêlés par son client, inculpé de... vol. Décidément, l'article 350 marche. Et il marche très bien même. Bien apprivoisé par les nombreuses lectures, nos juges du siège ont la partie facile lorsqu'un inculpé de vol se met à table en ne disant que la vérité.
Lembarek R. vingt-six ans est un jeune agent de sécurité dans une entreprise privée dont il connaît par coeur les entrées et les sorties de nuit comme de jour. Il connaît si bien les sorties, qu'un bel après-midi de week-end, vers dix-sept heures un peu avant l'appel à la prière du Maghreb, un moment qui détourne les gardiens de leurs obligations et permet donc au jeune employé indélicat de s'introduire dans le hangar pour y voler des pièces détachées de valeur, pas lourdes si possible car il faudra bien les faire sortir et amener dans la baraque où vit une demi-douzaine de salariés au...noir.
Effectivement, calculant à la seconde près le nombre de généflexions, Lembarek R. saute dans le hangar, s'empare de plusieurs pièces détachées facilement écoulables au marché noir et se retire comme il s'était introduit. Manque de pot. Le voleur oublie qu'il venait de toucher plusieurs boîtes métalliques où se trouvaient les pièces. Manque de chance, il ne connaît pas du tout le boulot des policiers dont le rôle premier, en arrivant sur les lieux du délit ou du crime, est de prendre rapidement les empreintes digitales. C'est ce qui se fera d'ailleurs, aussi rapidement que la découverte de l'identité du malfaiteur connu des services de police pour avoir un casier judiciaire à... deux tomes! D'ailleurs, tout en priant Barik de ne pas prendre en considération le casier, estimant que son client avait écopé pour les précédents délits, l'avocat de Sidi Aïd dira: «M. le président, nous ne pouvons pas laisser dire par le représentant du ministère public qu'il a de gros précédents. Non! C'est aujourd'hui qu'il a volé et donc nous ne pouvons pas le juger sur les six autres délits.
Ce que nous pouvons, par contre, dire haut et fait, c'est l'octroi par le tribunal de larges circonstances atténuantes, car il a tout reconnu en bloc dès son interpellation. Regardez-le, il chiale et il pleure sur son sort. Donnez-lui une chance, il ne mérite pas les trois ans réclamés par le ministère public», a dit Maître Morsli alors que Moussaoui ricane, histoire de ne point répliquer à l'avocat qui ne fait que son boulot: défendre un pauvre bougre. A l'issue de courtes délibérations Barik inflige une peine de deux mois fermes de quoi calmer le feu qui se consume au fond des poches de Lembarek.


Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Nom & prénom
email : *
Ville *
Pays : *
Profession :
Message : *
(Les champs * sont obligatores)