Algérie

Deux générations, cinq voix, un répertoire



Organisée par la Fondation Cheikh El-Hadj Abdelkrim-Dali, à sa tête la petite-fille du chanteur, Wahiba Dali, la cérémonie a coïncidé avec le cent cinquante et unième anniversaire de la naissance du maître de la musique andalouse.Une soirée exceptionnelle s'est tenue avant-hier soir à l'Opéra d'Alger Boualem-Bessaïh, où un hommage a été rendu à la "cantatrice" algéroise, reine du ?aroubi et du hawzi, Fadhéla Dziriya, disparue il y a près de cinquante ans déjà. Organisée par la Fondation Cheikh El-Hadj Abdelkrim-Dali, à sa tête la petite-fille du chanteur, Wahiba Dali, la cérémonie a coïncidé avec le cent cinquante et unième anniversaire de la naissance du maître de la musique andalouse. Nadia Benyoucef, Nardjess, Imène Sahir, Hasna Hini et Lamia Maadini se sont jointes à la cérémonie pour interpréter le riche répertoire de celle qui porta haut la tradition musicale algéroise. Précédé d'une longue attente et d'un cafouillage à l'entrée de l'Opéra, qui a grandement restreint l'accès des spectateurs et, de fait, retardé le début du concert, l'hommage n'a pu débuter qu'aux environs de 21h30. Et c'est la jeune génération d'interprètes de musique andalouse, représentée par Hasna Hini, Imène Sahir et Lamia Maadini qui ouvre les festivités. Quelques instants plus tard, c'est le duo Nadia Benyoucef-Nardjess fait enfin son entrée, main dans la main, sous une pluie de youyous et d'applaudissements du public, venu en très grand nombre. Autour d'une siniya en cuivre, ornée de berred et de sniouaki (plateau à thé), les cinq interprètes reprennent pendant près de deux heures le legs musical de Fadhéla. Malgré le manque d'harmonie du début, elles s'illustreront toutefois par leurs interprétations individuelles en ressuscitant ces vieilles chansons ancrées dans les c?urs et les mémoires. Ainsi, Nadia Benyoucef reprend Houni kanou, un titre enregistré juste avant le déclenchement de la lutte armée, sous une salve de youyous, de sa voix sûre et puissante. Ya belaredj ya touil el-gaïm, Rachiq el-qad dans le mode ?aras, "touchya" dans le mode rasd ed-dil, ou encore Atani zamani, un khlas dans le mode moual, en tout plus de vingt chansons enregistrées tout au long de sa carrière. Par ailleurs, la soirée a été marquée par des interludes de la conteuse Sihem Kennouche, qui égrenait, sur scène, le parcours de Fadhéla Dziriya dans un pur style algérois. Pour rappel, Fadhéla Dziriya, de son vrai nom Fadhéla Madani, est née le 25 juin 1917 à Alger. Enfant, "elle vouait une véritable passion à Meriem Fekkaï" avec laquelle elle travaillera d'ailleurs quelques années plus tard dans son ensemble musical. En 1935, elle embarque pour Paris où elle chantera "dans les quartiers à forte concentration maghrébine". C'est dans la ville Lumière qu'elle rencontre Abdelhamid Ababsa, qui donne un coup de pouce à sa carrière. À son retour à Alger en 1949, Hadj Mustapha Kechkoul et Si Mustapha Skandrani lui font enregistrer son premier disque, dans lequel apparaît le titre Malou hbibi malou, son premier succès. Elle rejoint peu après l'émission "Min koul fen chouwiye" et enregistre, avec l'aide de Habib Hachelaf et Haddad Djilali, Ana touiri. Elle découvre ensuite ses talents de comédienne en rejoignant la troupe de Mahieddine Bachtarzi. En 1950, elle enregistre une vingtaine de chansons dont Kahl el-aïn ou encore Ya qalbi khali el-hal. Elle décède en 1970, laissant derrière elle un répertoire musical et patrimonial qui a traversé des générations entières.

Yasmine Azzouz


Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Nom & prénom
email : *
Ville *
Pays : *
Profession :
Message : *
(Les champs * sont obligatores)