Algérie

Deux fruits essentiels dialoguent sur leur devenir



Deux fruits essentiels dialoguent sur leur devenir
Il est des produits de grande consommation qui disparaissent des étals de marchés par faute des hommes qui les vendent à des prix faramineux à l'occasion du ramadhan pour extraire le maximum de profits. Tels l'orange et le citron devenus des privilégiés dans le commerce.Ils dialoguent à l'infini tant leur cas est unique dans les annales des fruits en Algérie qui connaissent des hauts et des bas dans la commercialisation, à l'exemple des légumes. Un produit fruitier peut se vendre aujourd'hui au prix le plus bas pour remonter au sommet le plus haut, quelquefois même dès le lendemain.C'est inimaginable ce qui est arrivé au citron et à l'orange. Il y a des gens, des intermédiaires qui appuient sur un bouton, soit pour leur faire connaître les hauteurs vertigineuses, soit pour les faire descendre. Leur dialogue va peut être nous éclairer.Le même destin pour deux cousins« Je suis déjà à 300 DA, en attendant de grimper encore un peu plus », dit le citron qui s'est vendu à 70 DA il n'y a pas longtemps. Les gens m'achètent pour me presser dans la chorba, j'enlève le gras et je donne un goût agréable. Quant à moi, dit l'orange, j'ai atteint depuis 2 mois des sommets impossibles et je me suis retrouvée je ne sais comment à 500 DA. Les pauvres ne m'achètent, ils se contentent de me regarder ou de me reconnaître avant de passer en faisant l'effort de m'oublier.Pourtant au début des années 80, j'ai été vendu à 1 DA le kilo. J'ai été exposée en abondance chez tous les marchands qui m'aimaient beaucoup pour le parfum agréable que je dégage. Les gens n'arrêtent pas de dire qu'entre tous les fruits, ils préfèrent l'orange dont le goût aromatisé leur rappelle les meilleurs souvenirs. Mon jus remonte, toute personne qui le boit, mais le jus que je donne quand on me presse. Quant à celui de la bouteille vendue dans le commerce, c'est de l'imitation. On ne peut ventre 2 L de vrai jus à 150 DA. Impossible.Aujourd'hui on considère l'orange et son jus comme en voie de disparition. Quand je dis que ma vie est une vraie odyssée, tout le monde reste hébété, décontenancé tant personne ne comprend pas.Il n'y a rien à comprendre tant c'est clair«C'est ce qui va t'arriver toi cousin citron. L'année passée, tu m'as dépassée, au mois de ramadhan». Moi, j'ai subi des remontées historiques. Pourtant nous sommes bien acclimatés ici à Alger, bien que nous soyons venus tous les deux d'Amérique du Sud. D'ailleurs, ton nom d'origine «Bourtouqal» désigne ceux qui t'ont importé, les «Portugais» ces voyageurs du 15ème, 16ème siècle. Les mêmes voyageurs de la mer ont aussi importé les spaghettis de la Chine. Les spaghettis sont un plat chinois qu'ils ont eux-mêmes inventé.«Ne te rends-tu pas compte de ton parcours historique lui ajoute le citron » avant d'axer son intervention sur la terre d'adoption : l'Algérie. Ce pays nous a greffé la mandarine avec un greffon de la tomson et qui a donné la Clémentine, du nom du père Clément qui s'est chargé de l'opération ; d'où l'appellation de Clémentine.Nous deux, on nous a cultivé sur de vastes étendues et on a produit des milliers, sinon des tonnes de citrons et d'oranges qu'on a même exportés. Et dans les années soixante, des chaînes étrangères ont fait de la publicité pour les oranges. «Em disait-on à la radio. Em les oranges d'Algérie». «Quant à moi, poursuit le citron, on m'a fait produire des citrons dans les quatre saisons, si bien que sur un même arbre, il y a toutes les étapes de la maturation du fruit : il y a des fleurs, des bourgeons qui laissent voir ce petit fruit à peine visible, le petit fruit vert, le fruit vert, le fruit vert qui grossit, et quand ils ont une grosseur raisonnable ils commencent jaunir, dans l'arbre il y a des fruits jaunes qui sont en pleine maturité.Je suis de toutes les saisons, contrairement à toi cousin germain. Nous sommes consommés pour l'abondance de vitamine C que renferme nos fruits. Quel gâchis que de ne pas avoir poursuivi le progrès pour le bien de tous. Au lieu de continuer à inventer pour améliorer notre production, on a préféré faire de petits calculs diaboliques pour nous vendre à des prix que seuls les riches peuvent payer.Pourtant, la terre, le soleil, l'air pur d'Algérie nous sont autant de conditions favorables pour notre développement en qualité et en quantité. On a trouvé chez un particulier qui a planté des citronniers dans son jardin, des arbres qui ont produit des fruits gros comme des melons. Les gens qui les ont vus suspendus à l'arbre, se sont frottés les yeux avant de reconnaître qu'il s'agissait bien de citrons.


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