Deux footballs

Une Algérie qui gagne et une autre qui perd. Une Algérie qui procure la joie et une autre qui fait pleurer. Deux footballs se croisent dans notre pays. Le premier, éblouissant, fraîchement sorti du Mondial où il a réalisé un retentissant exploit, et l'autre, sans âme, de surcroît funeste comme un oiseau de mauvais augure.Un football scindé en deux, l'un bénéficiant de tous les égards, et l'autre livré à lui-même, pour ne pas dire aux prédateurs, sans foi ni loi. C'est le cas de le dire après le drame ayant emporté le joueur camerounais Ebossé, mort à la fleur de l'âge. Sommes-nous dans deux pays différents ' L'équipe nationale est au sommet de l'art et elle vient encore une fois de le prouver à Addis-Abeba mais dans les stades d'Algérie, on a le sentiment que cette équipe représente un tout autre pays que le nôtre. Comment ne pas éprouver un tel sentiment quand on voit tout ce qui se passe dans nos arènes footballistiques ' C'est bien que notre équipe nationale multiplie les succès et c'est bien également que celle-ci se comporte en conquérant mais cela n'explique pas pour autant cette indifférence à l'égard du football local, délaissé, oublié au point qu'aujourd'hui, il donne la mort et fait parler de lui sur le plan nécrologique. La mort d'Ebossé a fait le tour du monde autant que les exploits de l'équipe nationale au Mondial brésilien. C'est dire que dans notre pays, deux footballs, diamétralement opposés, se disputent le haut de l'affiche. L'un est au firmament et l'autre, pour ne pas le nommer, est au plus bas de l'échelle. Que faudrait-il entreprendre pour pallier tout ce vide qui les sépare ' Rien, puisque tous les yeux sont braqués sur les Verts qui accumulent les victoires alors que l'autre football décline et se morfond dans une violence meurtrière. Il faut reconnaître que ce sont deux mondes parallèles, qui ne se rencontrent jamais même si les deux footballs ne représentent, en fait, qu'un seul.