Deux attentats suicide à Bab Ezzouar

Un champ debataille ! Voilà, en deux mots, à quoi ressemblait le quartier où a eu lieu,hier, l'attentat contre la division Est de la police judiciaire sise auquartier 5 juillet de Bab Ezzouar à l'est de la capitale. Morceaux de chair, flaques de sang, huile demoteur, amas de ferraille, pièces de véhicules, bris de verre s'entremêlaient. A notre arrivée sur les lieux, toutes lesvictimes étaient déjà transportées vers les hôpitaux. Les deux routes qui mènent vers l'aéroportd'Alger et qui passent près du commissariat ciblé par les terroristes étaientfermées à la circulation, mais cela n'a pas empêché des centaines de citoyensd'affluer vers le lieu pour scruter le moindre fait et geste des membres desservices de sécurité et des éléments de la Protection civile. Tout le quartierétait bouclé après les deux explosions qui ont ciblé l'édifice qui abrite lapolice judiciaire. Malgré le drame qui venait de les frapper, les policiers ontété très coopératifs avec les journalistes en les laissant accéder sans trop deproblèmes sur les lieux. C'était vraiment un paysage apocalyptique quis'offrait à nos yeux. Les deux façades du commissariat étaient littéralementéventrées. Un cratère d'environ deux mètres était visible devant la façadeprincipale du commissariat.  D'après des renseignements récoltés surplace, il était environ 11h 10mn quand deux véhicules, une Clio à bord delaquelle se trouvaient un homme et une femme, et une Renault 4 occupée par uneseule personne, ont surgi simultanément pour exploser devant les deux façadesdu commissariat causant des dégâts considérables à l'édifice. Le souffle del'explosion était tellement puissant que certaines poutres qui soutenaient labâtisse ont été sectionnées. Ce n'est pas le seul édifice qui sera touché.Le siège de la Protection civile, situé juste en face, sera également touché.Des fenêtres seront même carrément arrachées par le souffle qui a pareillementendommagé un transformateur électrique de la Sonelgaz. Même le bardage en ferqui séparait les deux routes menant de et vers l'aéroport a été arraché.  Plusieurs personnes qui passaientmalheureusement par hasard par-là, à ce moment-là, ont trouvé la mort. Selon des témoignages récoltés sur les lieux,une vieille dame et sa petite fille qui étaient au moment de l'explosion surune passerelle ont été déchiquetées. Les pompiers ont eu beaucoup de peine pourramasser les lambeaux de chair des deux victimes qui avaient dans les bras, unsac rempli de sachets de lait qui s'est mêlé par la suite à leur propre sang. Lebilan est très lourd. L'attentat perpétré par les kamikazes en plein jour, àBab Ezzouar, a fait 12 morts et 87 blessés, d'après les informations que nousavons récoltées. Toutefois, les services de sécurité n'ont ni confirmé niinfirmé ce chiffre. Les dégâts matériels sont considérables. En plus ducommissariat qui est sérieusement endommagé, plusieurs véhicules ont étéréduits à un amas de ferraille. A noter que le DGSN, Ali Tounsi, accompagnédu wali d'Alger, s'est rendu sur le lieu de l'attentat pour apporter sonsoutien aux policiers et aux familles des victimes civiles. A 14h 30mn hier, les agents de l'APC de BabEzzouar continuaient toujours de nettoyer la chaussée et débarrasser les débrisde toute sorte qui jonchaient encore la route. Sur le trottoir, les vêtements en lambeauxmaculés de sang de la vielle dame et sa petite fille qui avaient péri, quelquesheures auparavant, étaient toujours là, comme pour rappeler l'horreur desattentats qui venait de se produire et que personne sur les lieux n'oubliera desi tôt.