Deux arbitres sous mandat de dépôt

Une première dans les annales du football.Deux arbitres relevant de la ligue régionale de Saïda, B. M., 32 ans, et son complice, A. N, 32 ans, originaires de Tiaret, ont été déférés devant le procureur de la République mardi et mis sous mandat de dépôt pour «flagrant délit de corruption». L'affaire a trait à une somme d'argent (200 000 DA) que l'arbitre de la rencontre NRB Brezina-ASN Gara Saïda du 7 février 2014, du groupe régional 2, réclamait contre la substitution de la feuille de match. Celle-ci comportait des annotations qui risquaient d'alourdir la sanction du club recevant, le NRB Brezina. Ce dernier, en recevant l'équipe adverse, a vu un mouvement de colère s'emparer du public, ce qui a provoqué l'arrêt du match. «Pour épargner à l'équipe d'éventuelles sanctions, l'arbitre incriminé aurait proposé au président du club de Brezina de l'argent contre une nouvelle feuille de match», est-il noté dans un communiqué de presse émanant de la sûreté de wilaya de la police judiciaire. Une souricière fut tendue au duo d'arbitres dans la cafétéria d'un hôtel, à Tiaret, non sans aviser la police pour que l'inculpé soit pris en flagrant délit de corruption.Des faits que contredit pourtant le rapport de l'arbitre incriminé. Un rapport que la Ligue régionale de football de Saïda (LRFS) a bel et bien accusé réception le 9 février 2014, soit une journée avant la scène présumée de corruption. Dans ledit rapport, l'arbitre, après que son assistant eut reçu une pierre sur le visage, a été «menacé de mort en cas ou la deuxième mi-temps ne reprenait pas», alors que les deux équipes se sont quittées sur le score vierge de zéro partout. Et d'ajouter : «Ayant refusé de céder aux menaces et exigences de certains, dont quatre joueurs nommément cités, il s'en est suivi un envahissement du terrain et un attroupement devant les vestiaires». «Lesquels vestiaires furent investis dans le seul but de prendre de force la feuille de match et la brûler sous mes yeux.S'ensuivit une tentative de la part du nommé Halim pour que je refasse une autre feuille de match à l'avantage de son équipe. Feignant d'accepter, nous avons pu atteindre la gendarmerie pour déposer plainte, mais l'intransigeance des dirigeants a été telle que nous avons dû trouver un stratagème pour sortir indemnes de ce guêpier. En cours de route vers El Bayadh, des personnes nous poursuivaient toujours et on a dû une fois de plus jouer le jeu pour pouvoir continuer notre route.»Devant la gravité des faits, mais aussi face aux accusations de corruption, il est du devoir de la justice mais aussi de la Ligue de tirer au clair une affaire loin de faire valoir la sérénité dans un monde footballistique gangrené par la corruption, mais aussi par la violence. Que justice soit faite?