Face à la crise, chaque pays a tenté d'aller un peu plus loin qu'un simple serrement des visEn deux ans de «médication», les économies des pays producteurs de pétrole ont connu des fortunes diverses.Mai 2014-mai 2016. Cela fait deux années que la cotation du pétrole par les Bourses de Londres et de New York ont donné leurs premières sueurs froides aux dirigeants des pays producteurs de l'or noir. De 110 dollars le baril, les prix ont fait leur première chute vertigineuse depuis 2008. Il faut dire qu'après quelques mois de baisse, les pays producteurs de pétrole ont décidé d'une série de mesures à même de contrecarrer les effets néfastes que produit la situation du marché mondial des hydrocarbures sur leurs finances. Les premières mesures étaient tombées au premier trimestre 2015. L'ensemble des Etats ont réduit leurs subventions, augmenté les prix des produits énergétiques, réduit leurs importations, dans l'espoir d'arriver à un équilibre, du reste illusoire, de leur balance commerciale. Peine perdue.Face à la crise, chaque pays a tenté d'aller un peu plus loin qu'un simple serrement des vis. L'Arabie saoudite a mis en branle un plan de refinancement de son Trésor en mettant en avant la vente de grands aéroports et un recours à l'endettement extérieur. Le Royaume wahhabbite a vu ses réserves de changes fondre de près de 100 milliards de dollars une année à peine après le choc pétrolier. Les monarchies du Golfe ont suivi cet exemple et chaque Etat a mis en branle des mesures de rationnement des importations et des baisses drastiques des subventions. Les autres pays, à l'image de la Russie et du Venezuela, ont choisi l'option de la dévaluation de leurs monnaies pour réduire la consommation et partant, maintenir un niveau de solvabilité correct, malgré des chiffres d'inflation inquiétante. Le pays le moins loti face à la crise est sans conteste le Venezuela qui traverse une période proprement dramatique. Le gouvernement a pris des décisions invraisemblables pour gérer une crise de l'énergie électrique qui est venue se greffer à la catastrophe financière. Réduction à deux jours seulement par semaine de l'ouverture des services publics, changement du faisceau horaire et rationnement de la consommation d'électricité à quatre heures par jour, auront été les mesures d'urgence prises par un gouvernement, visiblement pris de panique. Le troisième groupe de pays, dont l'Algérie et la Norvège avaient pris les devants en instituant un fonds de régulation des recettes. Les deux pays ont donc puisé dans leurs fonds respectifs pour équilibrer leurs budgets annuels, avec pour l'Algérie une quasi-absence d'impact sur la société. Les subventions ont toutes été maintenues à l'exception de celles sur l'essence et l'électricité légèrement revues à la hausse. En deux ans de «médication», les économies des pays producteurs de pétrole ont connu des fortunes diverses. Il reste que c'est par le biais de l'économie que les gouvernements entendent reprendre le terrain perdu. A ce propos, autant certains pays, à l'image de la Russie et les autres pays hors Opep, puisent leur force d'un pan important et indépendant du pétrole de leurs économies, autant d'autres se laissent emporter par la crise et semblent tétanisés. Le Venezuela, le Nigeria et le Gabon sombrent et attendent une hypothétique remontée rapide des cours. Le premier producteur de l'Opep, l'Arabie saoudite, a déroulé son plan près de deux ans après le début de la crise en annonçant un plan de relance économique, lourd de près de 1000 milliards de dollars. Un profond remaniement ministériel est intervenu très récemment pour mener la nouvelle stratégie, avec un superministère de l'Energie, des Mines et de l'Industrie. Une démarche qui séduit beaucoup en Occident, au regard des marchés qu'elle peut susciter. L'Algérie a pris une option tout autre. Elle mise sur une production nationale de substitution aux importations et la valorisation du potentiel agricole et minier du pays. Un nouveau Code des investissements viendra appuyer la nouvelle stratégie économique du pays.Le gouvernement promet une inflexion économique hors hydrocarbures dès 2017, avec l'entrée en production de plusieurs projets, dans la mécanique, la sidérurgie, le textile, le médicament...Enfin de quoi créer des centaines de milliers d'emplois et améliorer nettement les exportations hors hydrocarbures, espèrent les gouvernants. Mais en attendant, le gouvernement semble hésiter à dire franchement aux Algériens la vérité sur l'état des finances publiques. Or, de nombreux observateurs estiment qu'il est impératif de réduire le train de vie de l'Etat et de toute la société. L'action contre les importations doit être plus franche. Beaucoup de produits n'ont rien à faire sur le marché, disent les mêmes observateurs. Il ne faut pas croire que la promesse d'une économie performante puisse être tenue en deux ou trois années.
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Posté Le : 09/05/2016
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Saïd BOUCETTA
Source : www.lexpressiondz.com