Hadja Khadija est une vieille dame de 87 ans qui « survit » toute seule, depuis plus d?un quart de siècle, grâce à la charité et la bonté de ses voisins. En effet, « El hadja », comme l?appellent affectueusement les habitants de la cité Kahal dans la commune d?El Harrouch, a tout perdu après la disparition de son époux il y a 25 ans. Elle raconte qu?elle n?a plus de famille, ses enfants étant décédés depuis longtemps. Seule la fille, issue d?un premier mariage de son défunt époux, lui rend visite de temps en temps et lui donne un peu d?argent, à l?occasion. « On a démoli ma maison pour me reloger dans ce taudis », explique t-elle. Assise sur un matelas usé et aminci par le temps, les yeux brillants d?émotion, elle nous raconte son histoire : « J?avais un toit qui nous abritait ma famille et moi, mais tout s?est effondré parce que je ne pouvais plus payer le loyer ; je me suis retrouvée du jour au lendemain sans ressources. Les 1 120 DA d?allocation que je perçois chaque mois sont hélas loin de couvrir tous les frais ». Et comme un malheur n?arrive jamais seul, El hadja s?est retrouvée endettée de 17 000 DA pour s?être fait opérer, il y a quelques mois, de la rétine, en plus des factures d?eau, impayées depuis plusieurs mois, et qui s?amoncellent jusqu?à atteindre une somme qu?elle ne pourra jamais rembourser par ses propres moyens, « celles d?électricité, ce sont mes voisins qui s?en chargent », dit-elle. Ses journées, elle les passe à faire la prière ou à ranger sa maison, en attendant que ses voisins -qui se relayent les uns après les autres- lui apportent à boire et à manger. D?autres lui ont même proposé de venir s?installer chez eux. « Je ne veux être un poids pour personne », répond-elle avec dignité. Le jeune Ayoub, un voisin âgé d?à peine 20 ans, passe prendre de ses nouvelles chaque matin, et voir si elle n?a besoin de rien. Celui-ci , nous dira à ce sujet : « Tout le monde ici la connaît et fait en sorte qu?elle ne manque de rien, mais comme vous pouvez le voir, même nos maisons ressemblent à la sienne et nous vivons la même misère. En vous voyant arriver, elle pensait naïvement que vous alliez lui donner un logement ». C?est un peu grâce à sa naïveté et, surtout à la solidarité et à l?aide de ses voisins, que cette vielle dame, qui aura vécu la moitié de sa vie sous la colonisation et l?autre sous l?Indépendance, a pu survivre. En attendant, El hadja continue d?espérer que les choses s?améliorent un jour pour elle, et qu?elle puisse enfin bénéficier des retombées des milliards de dollars que procurent à son pays le gaz et le pétrole, ou alors que le ministère de la solidarité songe à créer des structures d?accueil pour que ces personnes âgées, et en détresse, finissent leur vie décemment et dignement.
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Posté Le : 13/12/2007
Posté par : sofiane
Ecrit par : D. D.
Source : www.elwatan.com