Algérie

Détention préventive ou prise d'otage '


"Aux termes du droit international relatif aux droits humains, nul ne peut être détenu sans raison légitime et toute personne accusée d'une infraction a droit à un procès équitable." Si la Déclaration universelle des droits de l'Homme est on ne peut plus claire sur le sujet, en Algérie, les choses ne sont finalement pas aussi simples, comme le démontre la situation des détenus d'opinion ou pour port de l'emblème amazigh. Le système en place qui use de toutes les man?uvres pour étouffer la volonté du peuple et refuse de répondre à ses aspirations voit les choses d'un autre ?il.Il n'y va pas, d'ailleurs, de main morte pour procéder à des interpellations et des incarcérations pour le moins injustifiables et pourtant elles ne manquent pas d'effet. Les détenus d'opinion sont, en définitive, la meilleure illustration et cela montre jusqu'où le pouvoir en place est capable d'aller pour étouffer toute action et toute parole à même de contrarier ses desseins.
Et comme si cela ne suffisait pas d'aller à contre-courant de ce que dicte la loi algérienne et, par-dessus tout, sa Constitution, le traitement des détenus d'opinion diffère d'une ville algérienne à une autre, comme s'il s'agissait d'un Etat fédéral. Sinon comment expliquer que dans certaines villes d'Algérie on tolère le port du drapeau amazigh et dans d'autres ? comme c'est le cas à Alger ? pas '
Comment expliquer aussi et surtout que ces mêmes détenus d'opinion, font l'objet de jugements différents allant de la relaxe (Annaba) à une peine avec sursis (Chlef) et à la détention préventive à délai inconnu (Alger) ' Sollicités, hier, des hommes de loi, n'hésitent pas à souligner avec force ces contradictions et déplorent de tels agissements émanant de magistrats qui, à leur avis, "ternissent la profession et décrédibilisent la justice algérienne".
Le "délit d'opinion" n'existe pas dans le code pénal
"Un prisonnier d'opinion, est une personne emprisonnée non pour avoir agi, mais pour avoir simplement exprimé ses opinions ou convictions", nous a déclaré, hier, Me Mecheri, en guise de définition pour expliquer que "dans ce cas de figure la détention préventive ne devrait pas exister". Sollicité sur le sujet, l'homme de loi n'y est pas allé par quatre chemins pour qualifier cet état de fait "d'aberration". Il soutient que, "dans pareils cas, le juge d'instruction ne devrait pas figurer du tout". Idem pour Me Badi qui persiste et signe en déclarant que "les détenus d'opinion n'ont pas à connaître la détention préventive.
Ils passent du procureur au juge de siège qui même s'il décide d'une détention, celle-ci devra être de très courte durée comme l'exige la procédure. Ils ne doivent, en aucun cas, passer par un juge d'instruction qui décide d'une détention préventive à délai qui dure dans le temps". Pour notre interlocuteur il est clair que "ce genre de traitement réservé à ces détenus d'opinion porte un coup à la justice algérienne qui, face à ses contradictions, perd toute sa crédibilité".
Pour sa part, Me H. Djamel Belloula précise que "le délit d'opinion n'existe pas dans le code pénal". Il explique : "C'est une appellation inventée, utilisée parce qu'en fait, on n'a rien à reprocher à la personne arrêtée. Après, bien sûr, il y a des magistrats qui font une gymnastique juridique pour trouver, soi-disant, un délit derrière lequel on reproche à la personne l'atteinte à la sûreté de l'Etat ou l'atteinte à l'unité nationale et autres pour pouvoir justifier ces arrestations qui normalement n'ont pas lieu d'être."
À ce propos, Me Badi nous a dévoilé que "dans le cas présent des détenus d'opinion, c'est l'article 79 relatif à l'atteinte à l'unité nationale qui leur est appliqué". Il s'agit, selon l'homme de loi, "d'un article flexible brandi contre tous ceux qui s'érigent contre le système, ne serait-ce qu'à travers une parole ou une opinion".

Nabila Saïdoun
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