Algérie

Destruction d'une fresque



Les faits seraient passés sous silence n'était-ce la perspicacité et la présence d'esprit de certains fidèles du musée national Cirta de Constantine. Des intellectuels bien avertis, connaissant l'établissement et son histoire sur le bout des doigts, n'ont pas manqué de prendre attache avec El Watan pour dénoncer ce qu'ils qualifient de véritable bradage d'un héritage du musée, jusque-là méconnu par la majorité des Constantinois. Tout commence par des travaux de ravalement des façades et des murs du musée, aux apparences innocentes, vus de l'extérieur, mais qui cachent bien des choses que seuls les initiés ont décidé de révéler pour attirer l'attention des pouvoirs publics et du ministère de la Culture sur ce qui est en train de se faire avec l'argent du contribuable. On saura ainsi que les travaux de décapage entamés sur les murs du patio se trouvant juste à l'entrée principale du musée, et outre le fait qu'ils ont dénaturé les lieux, ont fini par détruire une grande partie d'une fresque qui n'est autre que l'une des merveilles du musée Cirta, mais que le public n'aura jamais la chance de découvrir un jour. Son histoire nous a été racontée par Bechiri Khodja, membre de l'Association des amis du musée national Cirta et l'un des meilleurs connaisseurs des 'uvres conservées pour avoir fréquenté le musée durant plus de quatre décennies. La fresque dont la valeur esthétique demeure inestimable remonte à 1937, date de l'ouverture du musée. C'est une reprise de représentations de l'antiquité où l'on retrouve des scènes de la vie quotidienne dans des maisons de la ville de Pompéi ainsi que des scènes mythologiques. Cette fresque aura vécu jusqu'à 1972, date à laquelle le fameux chercheur André Berthier, conservateur du musée Cirta depuis sa création et auquel on doit les fouilles de Tiddis, a pris sa retraite après une vie consacrée à l'archéologie. Visiblement gêné par quelques scènes de nus représentés dans la fresque, son successeur a décidé dès la prise de ses fonctions de camoufler toute la fresque en appliquant une couche de plâtre peint en blanc. Depuis, personne parmi les milliers de visiteurs du musée, dont des touristes venus des quatre coins du monde, ne saura ce qui ce cache derrière les murs blancs immaculés du patio. La découverte sera faite quelques jours quand les travaux ont fait apparaître les dessins d'une fresque, dont les morceaux tombaient sous les coups de masse. L'alerte est venue de la part des membres de l'association des amis du musée qui n'ont pas manqué d'attirer l'attention de l'administration par tous les moyens. On croyait que les travaux allaient être suspendus pour tenter de sauver, restaurer ou même de reprendre les dessins pour une éventuelle reconstitution, en vain. Dans la matinée du 4 février et à la surprise de tous les amis du musée Cirta, tous les murs ont été décapés et la belle fresque a été ainsi perdue à jamais.


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