Destination la piscine pour femmes

Quelque part sur la côte-ouest, dans un superbe décor naturel entre mer et forêt, on vient d'inaugurer un «grand» hôtel avec une piscine couverte? pour femmes ! Pour le rond de cuir qui venait d'annoncer au micro de l'ENTV comme dans le «chapeau» introductif du commentateur, il était bien évidemment question de «développement du tourisme» ! Il aurait donc suffi qu'on construise des hôtels ou qu'on «réalise des infrastructures hôtelières» comme on dit dans le langage savant et nous voilà sur le bon sentier du rayonnement touristique. On aurait pu admettre, à l'évidence, que le développement de l'infrastructure hôtelière est un segment -sinon la colonne vertébrale- de l'industrie touristique sans laquelle rien de vraiment sérieux ne peut être envisagé.On peut également concéder à nos dirigeants que s'ils sont jusque-là incapables d'une politique de tourisme et d'en imaginer des projets structurants, leurs velléités et leurs oukases en la matière aboutissent parfois à la réalisation de quelques baraques qui sont autant de piètres consolations.C'est «mieux que rien», n'est-ce pas ' Mais ce n'est pas pour autant qu'on va considérer que sur ce plan-là, tout va à merveille. Non, on ne construit pas assez d'hôtels et on ne va pas «nous la faire» en suggérant à peine si le reste ne suit pas, ça viendra puisque l'essentiel est là.D'abord dans l'absolu, il n'est pas évident que ce soit l'essentiel. Ensuite, ce n'est pas vrai qu'il est là ! Sans doute que pour parvenir à ce stade d'évaluation de ce qui a été réalisé et en parler avec autant d'intérêt, il eut fallu d'abord que le tourisme soit d'abord envisagé comme pôle? important de développement économique.Et avant cela, donner des signes sérieux qu'on a la volonté politique de passer d'une économie rentière et dirigée à une économie de marché productrice de biens et de services ! En commençant par faire des infrastructures déjà existantes de véritables entreprises, soucieuses de performance, de rentabilité et d'utilité socioéconomique avec tout ce qu'elles peuvent avoir comme autres retombées périphériques.Or, avec des hôtels? d'Etat dont l'Algérie doit être le dernier pays du monde à traîner comme un boulet, un cadre d'investissement hermétique à l'audace créative, un dispositif général décourageant, une conception du tourisme aux antipodes des attributs de la vie moderne, des transports aériens et maritimes chaotiques, un niveau de développement des nouvelles technologies de communication du siècle dernier, un déploiement promotionnel niveau zéro et un espace public livré à l'obscurantisme et l'insécurité, il serait illusoire de voir des touristes se bousculer pour la destination Algérie. Et jusque dans ses? réalisations comme cet hôtel avec une piscine pour femmes, la «tendance» se confirme.