Destin commun

Le président Tebboune est au pays du Jasmin pour sceller la communauté de destin entre deux pays et deux peuples frères. Parce qu'il ne peut y avoir de communauté de destin sans communauté d'action. En proie à une grave crise économique, l'Algérie a décidé de voler au secours de l'économie tunisienne en débloquant un prêt de 300 millions de dollars pour soutenir un budget négatif qui vient de battre un nouveau record. Et alors que le président tunisien Kaïs Saïed vient de prolonger le gel du Parlement qu'il avait décidé en juillet dernier et annoncé des élections législatives pour le 22 décembre de l'année prochaine, des voix s'élèvent pour parler de «péril sur la démocratie» au pays de Bourguiba.Mais peut-on sérieusement parler de «démocratie» quand les Tunisiens eux-mêmes ne croient plus en cette image d'Epinal qui fait du pays d'Abou El Kacem Chebbi un parangon de la démocratie de l'ère post-printemps arabe ' «Le Parlement restera suspendu jusqu'à l'organisation de nouvelles élections», a déclaré Kaïs Saïed, annonçant également que des réformes constitutionnelles et autres seront soumises à référendum le 25 juillet 2022, jour anniversaire de la proclamation de la République de Tunisie.
La visite du président Tebboune, la première dans un pays arabe et africain depuis son élection, s'inscrit dans le cadre du «renforcement des liens profonds de fraternité unissant les deux peuples frères et de l'élargissement des domaines de coopération à un niveau qualitatif concrétisant la volonté commune des dirigeants des deux pays et de leurs peuples», selon un communiqué de la présidence de la République. La «convergence totale» des vues entre Alger et Tunis à tous les niveaux, dont les questions régionales et internationales, avec à leur tête le dossier libyen, vient corroborer le principe partagé que la sécurité et la stabilité en Tunisie et en Algérie sont intimement liées. De par les relations profondes qui lient les deux pays et les deux peuples dont le sang s'est entremêlé à Sakiet Sidi Youcef, lors de la Glorieuse guerre de libération, personne ne peut nier, surtout pas les Tunisiens, que l'Algérie a toujours apporté son soutien à la stabilité et à la sécurité de la Tunisie, particulièrement durant cette conjoncture porteuse de périls réels que traverse le voisin de l'Est.
Pour le locataire du palais de Carthage, la visite d'Etat du président algérien permettra surtout de procéder à une lecture du passé et d'anticiper l'avenir afin d'ouvrir des perspectives prometteuses pour la coopération et la complémentarité entre la Tunisie et l'Algérie, plus que jamais unies. Pour le meilleur et pour le pire…