Algérie

Destin brisé



Fort de ses nombreux voyages, l'écrivain raconte dans ce livre attachant l'histoire, poignante, de Mme de la Tour et de Marguerite, deux dames infortunées, unies par le même sort. Mme de la Tour, laissée par son époux qui se détermina à partir à chercher fortune ailleurs, après avoir sollicité vainement du service dans son pays et des secours dans sa famille. Sa femme étant née d'une ancienne et riche maison de province, l'épousa en secret et sans dot, parce que ses parents s'étaient opposés à ce mariage. Un beau jour, il la laissa à l'île de France et s'embarqua pour Madagascar vers la mauvaise saison qui commence à la mi-octobre pour y acheter quelques noirs et revenir former une habitation. Il mourut peu de temps après son arrivée des fièvres pestilentielles qui régnèrent dans ce pays pendant la moitié de l'année. Enceinte, sa femme se trouva veuve, n'ayant pour tout bien qu'une négresse. Au lieu de la déprimer, son malheur lui donna du courage. Pour vivre loin des regards indiscrets, elle se réfugia dans la montagne. Dans ces lieux retirés, mais reposants, elle connut Marguerite, une jeune bretonne, fille de paysans. Ses parents l'auraient rendue heureuse, si elle n'avait pas eu la faiblesse d'ajouter foi à l'amour d'un gentilhomme de son voisinage, qui lui avait promis de l'épouser, mais qui la quitta une fois sa passion satisfaite. Il refusa même de lui assurer une subsistance pour un enfant dont il l'avait laissée enceinte. Alors, elle s'était déterminée à quitter pour toujours son village pour aller cacher sa faute aux colonies, loin de son pays où elle avait perdu la seule dot d'une jeune fille pauvre et honnête, la réputation. Elle eut un garçon qu'elle nomma Paul. Mme de la Tour qui accoucha d'une fille qu'elle appela Virginie fut heureuse de rencontrer Marguerite à laquelle elle confia son histoire. Paul et Virginie grandissaient ensemble, et « même la nuit ne pouvait les séparer, elle les surprenait souvent couchés dans le même berceau ». La prime enfance des deux bambins passa dans l'insouciance, « comme une belle aube qui annonce un plus beau jour ». Au moment où tombent amoureux l'un de l'autre. Virginie part en France. Mais dans la ville des lumières, elle se sentit étrangère. A Paris, loin des siens, elle n'eut plus de joie. Ses peines sont incommensurables. Un beau jour, à la saison des ouragans, on annonça son arrivée. Le ciel s'assombrit, et la mer, soulevée par le vent, grossissait à chaque instant au point de devenir une vaste nappe d'écumes blanches, creusée de vagues noires et profondes. Tout l'équipage, désespérant de son salut, se précipita à la mer sur des vergues, des planches et des cages à poules pour secourir la jeune fille. Il vit à ce moment-là un objet digne d'une éternelle pitié : Virginie. Elle mourut sous une montagne d'eau d'une effroyable grandeur et eut droit à des funérailles dignes d'elle. Paul mourut deux mois après la perte de sa dulcinée, suivi dans la mort des mères des deux jeunes gens la grande-tante chez qui Virginie avait vécu ne porta pas loin la punition de sa dureté. Tantôt celle-ci se reprochait la mort prématurée de sa petite-nièce et la perte de sa soeur, tantôt elle s'applaudissait d'avoir repoussé loin d'elle deux malheureuses qui « avaient déshonoré sa maison ». Ecrit dans un style accessible, roman triste à faire pleurer, « Paul et Virginie » est le livre qui inspira beaucoup d'écrivains, dont Jean-Jacques Rousseau. Djamel O.


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