Algérie

Dessalement : une solution limpide à la pénurie d'eau en Algérie


Dessalement : une solution limpide à la pénurie d'eau en Algérie
Depuis son indépendance, l'Algérie a déployé des efforts importants pour améliorer ses ressources hydriques et la disponibilité de l'eau, autant pour son industrie naissante, l'agriculture que pour l'alimentation en eau potable des villes et villages du pays.
Les efforts de la jeune Algérie souveraine ont rapidement focalisé sur la rénovation du réseau de distribution existant, le drainage des eaux de pluie vers les barrages et l'exploitation des nappes phréatiques à un moment où l'option du dessalement n'est encore qu'à ses premiers balbutiements.
Dès les premières années de l'indépendance, l'expérience de l'Algérie en matière de dessalement se limite à la réalisation d'unités de déminéralisation des eaux souterraines à très fort taux de salinité, pour des besoins liés à l'industrie pétrolière et la sidérurgie seulement.
Selon une étude du centre de développement des énergies renouvelables, en 1964, trois petites unités de 8m3/j chacune ont été installées dans le complexe de gaz liquéfié d'Arzew, suivies en 1969 d'une unité monobloc de 4560 m3/j.
Les premières installations destinées à fournir de l'eau potable pour la consommation humaine ont été réalisées pour la première fois dans les bases pétrolières du grand sud, indique la même source.
D'autres installations ont été mises en exploitation pour les besoins en eau de haute pureté, employée dans des complexes de production d'électricité (Cap Djinet à l'est d'Alger) et l'industrie de liquéfaction (Arzew et Skikda).
En 1980, a été inaugurée l'unité de dessalement par osmose inverse d'une capacité de 57600 m3/j, classée alors comme la plus importante au monde.
Avec une pluviométrie irrégulière comprise en moyenne entre 100 et 600mm/an seulement, la crise de l'eau dans les villes du nord se faisant de plus en plus pesante et les ressources conventionnelles nettement insuffisantes.
Sécuriser l'AEP
La sécurisation de l'alimentation en eau potable par le recours à l'eau de mer devient alors une urgence et se révèle à terme comme étant la solution la plus stratégique au développement durable du pays.
Cette option bien que tardive en Algérie en comparaison avec les pays du Moyen Orient, devient une solution avantageuse, certes onéreuse, mais néanmoins une alternative qui confère surtout à la disponibilité de cette ressource un caractère de pérennité certain.
Elle est rendue possible grâce à l'embellie du marché pétrolier, dont l'Algérie tire l'essentiel de ses revenus, quand les prix du brut sur les marchés mondiaux avaient atteint des seuils records (138 dollars le baril en juillet 2007), à la faveur d'une forte demande.
"La politique globale de l'eau en Algérie qui se base sur un éventail de ressources avec des programmes nationaux et régionaux eu égard à la diversité de ses régions et à l'étendue de son territoire, est très claire et judicieuse", avait souligné le directeur du conseil mondial de l'eau en 2009 à Tipaza.
"La réalisation de stations de dessalement de l'eau de mer, permettra non seulement de satisfaire les besoins de la population mais aussi de libérer d'importantes quantités d'eau des barrages pour les besoins de l'irrigation", avait souligné le Chef de l'Etat à Biskra durant la même année.
C'est pour cela que dès 2001, les pouvoirs publics décident de placer l'alimentation en eau par le recours à l'eau de mer, en tête des priorités du plan de relance économique, doté alors de 7 milliards de dollars, en faveur notamment de la région de l'Oranie qui accuse un déficit alarmant.
A l'horizon 2019, le programme national prévoit la réalisation de 43 stations de dessalement.
Lancé en 2005, ce plan détaillé porte sur 30 stations monobloc et 13 méga stations dans le nord du pays en vue de produire 2,26 millions de m3/j d'eau dessalée d'ici 2019.
Economique, avec un coût de 0,5 dollar le m3, l'eau de mer revient même moins chère que celle des barrages dont le m3 rendu est estimé à quelque 100DA.
L'ensemble de ces réalisations, qui assureront environ 10% de l'alimentation en eau potable en Algérie, correspond à un montant de près de 300 millions de dollars chacune.
Sur le plan technique, Sonatrach et Sonelgaz, les deux plus importantes sociétés énergétiques du pays, se joignent en mai 2001 pour créer l'AEC (Algerian Energy Compagny), une société dont l'activité est concentrée sur le dessalement d'eau de mer en partenariat avec des investisseurs internationaux.
Les 13 méga-stations sont conçues sur le modèle "Build, Own and Operate" (construire, posséder et exploiter), sont alors détenues à 49 % par AEC et à 51 % par l'investisseur qui exploitera cette usine pendant 25 ans.
Leurs financement sera assuré à 30 % par apport en capital (IDE) et 70 % par un financement local, avec pour objectif de produire près de 825 millions de m3/an.
Ces projets sont réalisés en partenariat avec notamment des firmes espagnoles (Befesa, Inima Aqualia, Geida), Sud-Africaines (Black and watch), Malaisiennes (Malakof), Singapourienne( Hyflux), et Américaine (Ge Ionics).
Sur les 13 stations prévues par le programme de l'Etat, huit unités sont opérationnelles, à savoir celles de Kahrama à Oran en 2005 (90.000 m3/j), Bousfer en 2005 (12.480 m3/j), El Hamma à Alger en 2008 (200.000 m3/j), Skikda début 2009 (100.000 m3/j), Beni Saf à Ain Temouchent en 2010 (200.000 m3/jour), Souk Tleta à Tlemcen début 2011 (200.000 m3/j), Fouka à Tipaza fin 2011(120.000 m3/j) et Mostaganem début 2012 (200.000m3/j).
Assurer l'autosuffisance en ressources hdyriques
Les stations restantes sont en phase de réalisation, soit celles de Honaine à Tlemcen (200.000 m3/jour), Tenes (200.000 m3/jour), Oued Sebt à Tipaza (100.000 m3/jour), Cap Djinet à Boumerdes (100.000 m3/jour), Magtaa à Oran (500.000 m3/jour), selon le ministère de l'Energie et des Mines.
L'Algérie peut également s'enorgueillir d'abriter à la fois la plus importante station de dessalement d'eau de mer d'Afrique qui est l'unité d'El Hamma et la plus grande unité de dessalement par osmose inverse au monde, à Magtaa (Oran).
Cette dernière d'envergure mondiale, en cours de réalisation en partenariat avec la firme indonésienne Hyflux, devrait entrer en service au cours de cette année, avait déclaré le ministre des Ressources en eau, Abdelmalek Sellal en juin dernier.
Grâce aux progrès réalisés, la consommation moyenne de l'eau en Algérie est passée à 185 litres/jour/habitant actuellement, alors qu'elle était de 90 litres par jour en 2000.
Selon le directeur de l'agence nationale algérienne pour les changements climatiques, M. Kara, "les ressources en eaux devraient atteindre leurs limites à l'horizon 2020-2025, et la crise du climat devrait aggraver la dégradation des ressources naturelles dans les hauts plateaux et les régions steppiques, qui détiennent le potentiel agricole devant assurer la sécurité alimentaire du pays".
Toutefois, la situation de stress hydrique qui ne semble pas être appelée à s'atténuer en raison des aléas climatiques, fait du dessalement un atout majeur, offrant une large marge de man'uvre dans la politique du gouvernement en ce qui concerne le secteur hydraulique.
Les experts estiment que son avantage est de permettre à la fois la mise à disposition d'une eau d'une pureté recherchée et d'assurer la sécurité d'approvisionnement.
Les prévisions du centre de recherche de dessalement au Moyen Orient révèlent que l'Algérie devrait se classer derrière l'Arabie saoudite, les Emirats Arabes unis et les USA en termes de production d'eau potable à partir de l'eau de mer.
L'objectif de l'Algérie d'assurer une autosuffisance hydrique reste d'actualité et inscrit dans le plan quinquennal 2010-2014 qui prévoit, rappelle-t-on, une enveloppe de 870 milliards de dinars (11,6 milliards de dollars) avec comme objectif la réalisation de 18 nouveaux barrages et la poursuite du programme de dessalement d'eau de mer.
Unité de dessalement d'El Hamma, une "source" pour la capitale (ENCADRE)
ALGER - L'usine de dessalement d'eau de mer d'El Hamma, inaugurée en 2008, a ouvert la voie, en matière d'amélioration de l'alimentation en eau potable des grandes villes du pays, au passage à une nouvelle ère dans la conception des grands projets hydrauliques.
Inaugurée par le Président de la République Abdelaziz Bouteflika en février 2008, l'unité a été réalisée dans le cadre d'un vaste programme prévoyant la réalisation de 13 stations à l'horizon 2014.
L'usine d'El Hamma, avec un coût de réalisation de 250 millions de dollars, se compose de 9 blocs de dessalement dont 8 fonctionnant à plein régime, le dernier restant en réserve en cas de panne.
Elle tourne avec un effectif de 40 personnes exclusivement de nationalité algérienne et produit 200.000 m3/j, acheminés vers les quatre réservoirs de la SEAAL de Kouba sur les hauteurs d'Alger, chargé de les reverser dans le réseau AEP pour ensuite alimenter les quelques deux millions d'Algérois.
Les travaux de réalisation de cette usine, qui ont duré 24 mois, ont été financés par la société américaine Ge Ionics, qui détient 70% du capital de la société chargée également de l'exploitation et de la maintenance de cette usine.
Les 30% restants reviennent à Algerian energy company (AEC), société mixte constituée par Sonatrach et Sonelgaz.
L'eau purifiée qui arrive dans les robinets est prélevée à 550 m au large de la côte à 10m de profondeur, après avoir été dessalée selon le procédé d'osmose inverse mis au point par la firme GE. Water.
Cette méthode est exploitée par 1500 usines de dessalement d'eau de mer dans le monde, qui produisent 7,5 millions de m3 d'eau douce par jour.
Par ailleurs, l'impact de l'opération de déssalinisation sur l'environnement est minime selon les experts de l'AEC, qui expliquent que la quantité de saumure résultant de l'osmose, rejetée dans la mer est dissipée rapidement via un système de diffusion.
La durée de vie de la station est de 25 ans, conformément au contrat signé avec la firme américaine conceptrice du projet.
Le prix de cession de l'eau dessalée par Sonatrach à l'Algérienne des eaux (ADE) gestionnaire du réseau AEP, a été fixé à près de 59 DA (0,82 dollar) le m3 (1.000 litres).
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