Algérie

Desertec n'est pas une priorité



En matière d'énergies alternatives, l'Algérie veut désormais aller doucement et sûrement. Dii ? consortium fondé en Allemagne et bras économique de l'idée de Desertec ? qui ambitionne de produire de l'électricité solaire dans le désert, n'est pas une priorité pour le gouvernement algérien.Avec la crise économique et une conjoncture financière très tendue, le pays ne peut plus se permettre de consentir de lourds investissements pour une rentabilité à long terme. Desertec n'est plus d'actualité. Le ministre de l'Energie a argumenté que ce projet «nécessite de gros investissements», expliquant que les autorités algériennes préfèrent plutôt investir dans de petites centrales solaires.
Ce changement de cap intervient quatre mois après la signature d'un accord préliminaire avec les Allemands pour la relance de ce gigantesque projet. Des concertations avaient même été entamées entre l'Algérie et Desertec pour le lancement des projets de centrales solaires. Il faut dire que ce projet a été fortement critiqué, principalement en raison de son coût élevé.
Globalement estimé à plus de 400 milliards de dollars, le projet Desertec ambitionne la mise en place de 100 GW de centrales d'énergie renouvelable, principalement solaire à des fins d'exportation de toute la région MENA vers l'Europe. En 2011, Sonelgaz avait signé un accord de coopération avec les promoteurs de Desertec, et une étude de faisabilité a même été menée portant sur un projet de référence, mais le projet avait été abandonné avant d'être relancé fin décembre 2019, pour être de nouveau abandonné.
A l'origine, l'initiative était lancée pour l'exploitation du potentiel énergétique des déserts de l'Afrique du Nord et du Moyen-Orient (MENA) afin d'exporter de l'électricité verte vers l'Europe. Désormais, le but est de fournir d'abord une énergie propre et des emplois aux habitants de la région MENA et devenir ensuite un exportateur d'électricité et d'hydrogène verts, autrement dit de l'énergie solaire et thermique provenant des déserts.
Dii a rassemblé 55 entreprises et organisations issues de 15 pays en escomptant rendre l'énergie solaire du Sahara commercialisable et la transporter de la région MENA vers l'Europe. Cinq ans après sa création, Dii s'est effondré en 2014, l'écrasante majorité des actionnaires ayant fait défection. En 2017, Nur Energie (qui était associée de Desertec avant de se retirer en 2014) a annoncé la construction d'une centrale solaire géante en Tunisie pour alimenter l'Europe.
Le projet de cette société, installée à Londres et contrôlée par des capitaux américains, ne sera finalement pas concrétisé en Algérie. Sa réalisation aurait certes permis de créer des emplois locaux, mais il n'est pas du tout garanti que cette initiative soit accompagnée par un transfert technologique.
Car les équipements seront importés essentiellement d'Allemagne. En plus des impacts environnementaux en termes de consommation d'eau, les conditions de réussite sont difficiles : les partenaires du projet doivent produire un réseau électrique sûr et assez interconnecté et entretenir des installations géantes qui seront soumises à des tempêtes de sable et à d'importants chocs thermiques.


Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Nom & prénom
email : *
Ville *
Pays : *
Profession :
Message : *
(Les champs * sont obligatores)