Algérie

Desert boys



Desert boys
Huit ans après sa création, le groupe d'In Salah met le rap au service d'une nouvelle cause : la mobilisation contre le gaz de schiste.«Chacun a son mode d'expression. Le nôtre, c'est d'incarner notre vécu dans des textes chantés et des clips.» Ils ont entre 24 et 26 ans, ils sont amis, tous originaires d'In Salah, où la musique est souvent le moyen d'échapper au désespoir.Freinés par l'isolement et le manque de moyens, les six artistes de Desert Boys, un groupe créé en 2006, ont choisi le rap pour exprimer leur mécontentement face à tous leurs problèmes du quotidien. Ils ont chanté contre la hogra, la violence faite aux femmes ou encore la corruption. Dès 2012, dans leur clip Chkoun ntouma yali hlaktou l'bled (Qui êtes-vous, vous qui avez détruit le pays '), le groupe Desert Boys a dénoncé les dirigeants du pays.Aujourd'hui, c'est contre l'exploitation du gaz de schiste en Algérie qu'ils haussent le ton. «Le rap est une façon d'exprimer notre rejet du projet d'exploitation du gaz de schiste dans le Sahara algérien», souligne Adel, alias Adoula, le fondateur et leader des Desert Boys. En effet, dans leur dernier tube titré Makach li radi (Personne n'accepte ça), les Desert Boys expriment parfaitement leur position antigaz de schiste.Dans ce clip, sorti le 9 janvier dernier, des images en noir et blanc défilent pour raconter la mobilisation des manifestants du Grand-Sud algérien contre le projet du gaz de schiste. La chanson a été faite après de nombreux messages et demandes envoyés par les habitants d'In Salah et des admirateurs de la troupe.Selon Adel Karane, les actions anti-schiste de son groupe de rap «sont une façon d'éveiller la jeunesse algérienne sur ce qui se passe dans leur pays, car on sait que le rap est de plus en plus écouté par les jeunes». Au noyau dur constitué en 2006 avec Ahmed alias Ahmedbsk et Amrane surnommé La Bomb H, se greffe un an plus tard Hicham (DH), Hocine (C2h) et Khelia (Dkh). Après huit ans de collaboration, ils comptent une centaine de chansons, regroupées dans cinq albums et sept clips.CombatDans leurs morceaux, ils racontent «le quotidien des Algériens du désert», affirme Adoula, licencié en sport de l'université d'Alger 3, qui occupe actuellement le poste de responsable au département hygiène, sécurité et environnement (HSE) dans une entreprise pétrolière. «Nos thèmes touchent à tous les problèmes sociaux auxquels sont confrontés les jeunes et les habitant du Sud. On appelle aussi à la paix et à l'unité», continue-t-il.Dans tout leur parcours, les six artistes ont dû faire face à plusieurs problèmes : à commencer par le manque de matériel professionnel adéquat, de studio d'enregistrement et d'espace de répétition. «Nous répétons en général dans la rue, les bois ou de temps de temps chez un des amis dont la maison n'est pas habitée», poursuit Adel.Peu à peu, c'est avec leurs propres économies qu'ils se procurent un home studio et quelques équipements musicaux qu'ils utilisent pour enregistrer les tubes, filmer les clips et monter les sonores et images par eux-mêmes. Pour les bandes sonores, les Desert Boys ne jouent pas d'instrument mais téléchargent des rythmes gratuitement sur Internet ou utilisent des rythmes spéciaux envoyés par certains de leurs amis. «On ne reçoit aucune aide, financière ou matérielle, de la part de l'Etat.La maison de jeunes et la maison de la culture ne nous soutiennent pas non plus», souligne le fondateur du groupe. Sur ce chemin de combat, le groupe de rap Desert Boys envisage de continuer de marcher afin de «changer la perception de la société en général et les habitants du Sud en particulier, à l'art du rap», espère Adel. Et de conclure : «Nous travaillons aussi à la création d'un studio professionnel qui permettrait aux autres rappeurs de la région sans matériel d'enregistrer leurs chansons et de réaliser leurs clips.»




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