Algérie

Descente aux enfers (III)



Descente aux enfers (III)
Des deux côtés, impératifs primordiaux et crainte du lendemain dominent, favorisant la montée des tensions, la multiplication des incidents et un climat anxiogène. Contenue dans des limites reconnues durant la guerre froide, la conflictualité a prend le dessus à partir de 2014.L'affrontement n'est plus un tabou. Aussi, et sans doute aucun, la page est-elle tournée sur les guerres à l'image de celles de 1914 et de 1939. Actuellement, le volet militaire est un complément à un conflit politico-économique. Le plus frappant dans la campagne en cours contre la Russie est son caractère familier. Comme par réflexe, les Etats-Unis recourent au répertoire de méthodes constitué durant les deux décennies d'unilatéralisme qui ont suivi la fin de la guerre froide. La voie traditionnelle de l'attaque militaire-invasion-occupation ayant échoué en Irak, la boîte à outils privilégie les changements de régime par la déstabilisation, les «révolutions colorées», les ONG à multiples emplois, les guerres irrégulières sous-traitées à des milices (djihadistes, néonazis...), le déchaînement médiatique, les sanctions-embargos, la «promotion de la démocratie et des droits de la personne», l'«ingérence humanitaire», la «responsabilité de protéger»... Cet arsenal s'étoffe depuis un quart de siècle. Il s'étend aux opérations militaires avec ou sans coalition ou aval du Conseil de sécurité (Kosovo, Irak...). On y retrouve aussi des conflits par procuration et des guerres combinant bombardements aériens et combats au sol par des supplétifs locaux ou importés (Kosovo, Libye, presque lancée en Syrie en septembre 2013). Le fait nouveau de 2014 était la soumission de la Russie à un traitement jusque-là conçu pour de petits pays récalcitrants. Comme d'habitude, les auteurs des sanctions antirusses disent leur espoir de voir la population à laquelle ils comptent infliger des privations se retourner contre son gouvernement. Il n'empêche que les opérations de mainmise, de reprise en main ou de mise au pas ont une tout autre portée lorsqu'elles visent une grande puissance capable de riposter. Un scénario similaire se dessine à l'égard de la Chine. Autant pour la Russie que pour la Chine, l'intention est de les neutraliser de l'intérieur. L'encerclement militaire, les démonstrations de force et le discours martial sont des moyens de pression au service de l'objectif poursuivi : la soumission par la désarticulation interne. Si cette stratégie fait long feu, la voie militaire serait empruntée sans détour. Si, au contraire, le but est atteint, effondrements étatiques, désordres à grande échelle et démembrements de pays s'ensuivront. Déjà, la guerre économique sous forme de sanctions et de plongeon des cours du pétrole fait des dommages «collatéraux» à des économies tierces. Les perturbations induites et les troubles provoqués sont entrés dans la panoplie des instruments de guerre. Dans tous les cas de figure, de fortes turbulences sont prévisibles dans cette guerre mondiale nouveau genre entamée en 2014. (Suite et fin)




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