La terre était hier la planète des «In- dignés».
Dans des centaines des villes, ils étaient au rendez-vous pour exprimer leur
rejet du «système».
Au début, il y a eu un fascicule de Stéphane Hessel,
résistant et rédacteur de la
Déclaration des droits de l'Homme, publié en 2010, intitulé
«Indignez-vous !». Sans «plan médias», sans battage, sans pub, le livre, publié
dans une petite maison d'édition bien nommée «Indigènes Editions», rencontre un
succès fulgurant.
Des indignés, il y en avait déjà dans ce monde occidental où les
inégalités et la précarité sont aussi des réalités. Il y a eu ensuite les
mouvements de contestation dans le monde arabe et l'image de la Place Tahrir
devenant l'épicentre d'un rassemblement qui ébranle le régime et fait tomber
son représentant officiel. Un mot et un mouvement et l'idée prend…
Les Indignados se montrent enfin, le 5 mai, en
Espagne, en campant, à la manière de Tahrir, sur la
place de la Puerta
del Sol à Madrid. Depuis, avec des fortunes diverses,
le mot «Indignados» se déclame dans toutes les
langues. Et il arrive même dans le saint des saints du capitalisme avec le
mouvement «Occupy Wall Street» (Occupons Wall Street). Avec les mêmes thèmes : critiques des partis
politiques qui fonctionnent dans la connivence des banques, des politiques de
gestion de la crise qui font payer aux sociétés les errements des banques… Il
en faudra bien davantage pour bousculer des ordres établis où les politiques
sont au service des capitaux et des marchés…
Mais l'entrée en scène des «Indignés» dans le champ politique occidental
est une contestation sans précédent depuis l'étiolement des mouvements
communistes ruinés par la faillite des systèmes bureaucratiques et autoritaires
des pays du «socialisme réel». Dans un Occident où le capitalisme semblait
avoir définitivement -ou du moins pour longtemps -étouffé
toute idée contestataire, le mouvement des Indignés est un évènement majeur. Il
n'est pas achevé, il se cherche, réfléchit aux alternatives… C'est un mouvement
qui est en train de se faire en marchant, dans un contexte de crise où, une
fois de plus, les sociétés doivent payer pour les nantis.
«SI VOUS NE NOUS LAISSEZ PAS REVER, NOUS NE VOUS LAISSERONS PAS DORMIR».
Hier, c'était la Journée
mondiale des Indignés contre le «Système» avec l'organisation de nombreux
défilés de protestation. Aux Etats-Unis où il semblait, au tout début, une
affaire d'étudiants et de rêveurs, le mouvement a contraint les médias à s'y
intéresser. L'agacement répressif du maire de New York a eu pour effet inverse
de créer un mouvement de sympathie remarquable.
Les Indignés américains ont fait un raccourci éloquent en se donnant le
nom «Occupons Wall Street»,
le symbole même d'un système économique qui devient fou et qui risque de se
chercher des solutions dans des guerres de plus en plus destructrices. Ces
indignés américains devaient se rassembler à Times Square à New York. Tout
comme les indignés des autres continents. En Afrique du Sud comme à Santiago, les
indignés ont également choisi de manifester devant la Bourse. Ils étaient
également présents à Rome, où des groupuscules, en marge, ont provoqué des
incidents en attaquant des banques. A Madrid, cinq colonnes sont montées des
banlieues en refaisant le chemin vers la Puerta del Sol, la place emblématique qu'ils avaient occupée
pendant un mois au printemps, où ils prévoient de passer la nuit de samedi à
dimanche.
Les slogans sont éloquents: «Le problème, c'est la crise, révolte-toi», «Si
vous ne nous laissez pas rêver, nous ne vous laisserons pas dormir». En tout, ce
mouvement d'indignation planétaire devait, selon le réseau 15october.net, toucher
951 villes et 82 pays. Il est difficile de trouver - si on ne mêle pas le football-des évènements aussi rassembleurs que cette
«Indignation» des jeunes qui ne se résignent pas à ce que le monde ne soit que
rapine et violences en tout genre. Un monde laid dont il ne faut pas
s'accommoder. «Peuples du monde, levez-vous!», «Descends dans la rue, crée un
nouveau monde». Tels sont les slogans suggérés pour cette journée symbole du 15
octobre avec, comme directions privilégiées, les hauts lieux de la finance.
Le «Manifeste» des indignés prend des accents révolutionnaires: «D'Amérique
jusqu'en Asie, d'Afrique à l'Europe, les peuples se lèvent pour revendiquer
leurs droits et réclamer une vraie démocratie. Les puissances travaillent pour
le bénéfice de quelques-uns, ignorant la volonté de la grande majorité. Cette
situation intolérable doit cesser».
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Posté Le : 16/10/2011
Posté par : sofiane
Ecrit par : Salem Ferdi
Source : www.lequotidien-oran.com